Chapitre 150 : L'Appel

32 4 0
                                    

Le petit aérocar citadin s'engagea dans la pente menant au parking souterrain de leur immeuble où Ella gara sa voiture dans son garage. Alors qu'ils prenaient les escaliers, la jeune fille lui proposa de venir chez elle un moment, il accepta, n'ayant rien de prévu.

Le salon était propre et rangé. Un grand mur-écran diffusait des images de troupeaux de buffles, un petit vase représentant des chevaux ailés agrémenté d'un bouquet de roses et de tulipes trônait sur une petite table basse transparente. Des coussins multicolores aux couleurs fluctuantes recouvraient le canapé.

Elle partit dans la cuisine américaine et lui demanda s'il voulait boire quelque chose. Evan déclina et prit place dans un fauteuil recouvert d'un plaid bigarré. Elle disparut dans le couloir et revint après s'être délesté de sa veste en cuir et avoir chaussé des chaussons gris-rose en forme de lapin dont les grands yeux innocents clignaient des yeux à chacun de ses pas. Cela arracha un sourire à Evan. Elle ramassa la bouteille de mourch qu'elle avait sorti sur le comptoir et elle s'assit dans le canapé en tailleur, serrant contre elle un gros coussin rouge en forme d'éléphant.

— C'est sympa ta nouvelle déco, fit-il en regardant la décoration éclectique et colorée qui avaient beaucoup changé depuis la semaine dernière.

— Merci, répondit-elle avant de boire plusieurs gorgés de mourch. J'aime bien changer.

Ils restèrent silencieux quelques secondes et elle lui demanda brusquement :

— Pourquoi tu as eu cette réaction bizarre avant d'entrée dans le restaurant de Siegfried ?

— Les Chroniques des Héritiers de Kalahan étaient le récit préféré de ma sœur.

— Toi, c'était le Roi-Pion, c'est ça ?

— C'est ça. Le Roi-Pion. Sue admirait particulièrement Honnissa et s'identifiait à elle. C'est pour cela que ça m'a perturbé. Cela faisait longtemps que je n'y avais plus pensé.

— Honnissa avait un jumeau... Elle était aussi ta jumelle, n'est-ce pas ?

— Oui.

— Il se nommait... attends, Siegfried m'en avait parlé. Azushin, Wozushin...

Evan baissa les yeux presque sans le vouloir vers son neshir avant de dire :

Wazushendi, répondit-il doucement. Il s'appelait Wazushendi.

La sonnerie de son R-Tatoo sortit Evan d'un sommeil sans rêve. Il était dans sa chambre, allongé dans son lit. À travers sa grande fenêtre ovale le ciel flamboyait sous la chute du soleil. Il était resté près de deux heures chez Ella. Ils avaient principalement parlé des tableaux découverts dans le cabinet de Siegfried et fait des suppositions sur l'identité de leurs auteurs. Elle lui avait ensuite proposé de regarder un film devant lequel il n'avait pas cessé de somnoler tandis que la jeune fille, toujours aussi alerte, n'avait cessé de rire aux calembours et aux facéties des acteurs de la comédie. Voyant qu'il n'y tenait plus, il l'avait quitté malgré l'insistance de cette dernière qui lui assurait qu'il pouvait faire une sieste sur le canapé s'il lui plaisait. Evan préférait son lit, plus confortable et à une volée de marches à peine. Elle avait abdiqué, un peu déçue, puis lui avait dit qu'elle aimerait bien rencontrer ses amis. Elle avait croisé deux fois Charlaine. Il lui avait promis que s'ils faisaient quelque chose ce soir, il ne manquerait pas de l'inviter.

— Oui ? fit Evan d'une voix endormie.

— Félicitation. Je savais que j'avais raison de miser sur toi.

Reconnaissant la voix, Evan sortit de sa torpeur en se redressant.

— Franz...

— Tu as réussi la première épreuve. Ton acharnement m'a convaincu que tu as vraiment ce qu'il faut pour être mon okemui.

Ignemshirs - Tome 1 :  Fils des Cendres (ANCIENNE VERSION)Where stories live. Discover now