Chapitre 15 : La Cité-Mère de Paris-la-Nouvelle

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Hors de son immeuble, derrière le portail de la cour, Evan monta dans sa petite jeep garée à cheval sur le trottoir. Il aurait pu prendre le bus aéronef, l'arrêt était à une dizaine de minutes à pied mais il espérait que conduire l'empêcherait de trop penser. De toutes les manières, Il préférait la solitude que lui procurait l'habitacle de son vieux 4x4. Le thermomètre annonçait moins dix degrés. Le froid mordait, mais il s'y habituait déjà. Il n'alluma pas le chauffage. Cela n'aurait aucun sens. Dans la rue, les trottoirs comptaient quelques piétons matinaux emmitouflés dans leurs vêtements d'hiver.

La circulation fluide lui permit de traverser rapidement l'arrondissement du Moulin qui défila avec constance autour de lui et le 9e arrondissement lui succéda. Au total, onze anneaux administratifs entouraient le centre de la cité. Ils n'avaient plus rien à voir avec les arrondissements d'antan. Il passa par le quartier du Coq du 9e, célèbre pour ses bars et ses restaurants. Il dépassa un tram aéronef qui venait de s'arrêter. Le véhicule, sans conducteur, était long et fusiforme. Il flottait à plusieurs centimètres du sol.

À mesure qu'il traversait les arrondissements et se rapprochait du centre de Paris-la-Nouvelle, les routes et les trottoirs sales et ébréchés laissaient place à d'autres dans un état impeccable et luisants de propreté. Ces derniers étant accessoirement plus bondés. La circulation se fit plus lente. Son R-Tatoo vibra dans sa veste. Il vit sur l'écran un message de son meilleur ami, Keiji, au milieu de divers notifications. Une sur l'actualité sportive aiguisa sa curiosité. Il regarda les résultats des huitièmes de finale du championnat international de garoway. La Fédération des Indes et du Bengale en était cette fois l'organisateur. Les Deux-Frances avait remporté le match contre Oulan-Bator comme attendu.

Evan sourit satisfait. Il n'avait pas pu suivre la rencontre mais ce n'était pas une surprise. Les Deux-Frances devrait au moins parvenir en demi-finale. Le jeune homme nota que comme chaque mois, parmi les notifications, il y en avait toujours au moins une sur un reportage exclusif sur une des Familles Anciennes. Les non-initiés, n'appartenant pas au cercle restreint de cette noblesse d'épée, ne pouvaient s'empêcher d'être fascinés par elle. Ainsi, ces reportages étaient très plébiscités. Cette fois-ci, c'était un portrait élogieux des Endo, la famille de Keiji, justement. Evan ne savait même plus combien de fois ils avaient eu droit à ce genre de chronique. Le système de propagande établi et bien huilé tirait parti des jeunes Sangs d'Acier et de leur popularité. Ils étaient issus de riches familles. Ils étaient jeunes, beaux et très populaires car dans la grande majorité dotés d'un talent certain. Ils remportaient assez régulièrement les tournois internationaux de l'art ancien du neshirinshi. Plus largement, tous les aspirants noguemis talentueux se retrouvait sous le feu des projecteurs à un moment où à un autre de leur parcours.

Et le Noguem qui dirigeait les Trois-Monde depuis près d'un millénaire, ne se gênait pas pour les mettre en avant. Ce qui leur permettait d'idéaliser et de sublimer l'image des noguemis et donc du Noguem, dans les consciences réceptives de la jeunesse et finalement de toute la population. Les deux activités culturelles les plus populaires depuis plusieurs centaines d'années étaient les tournois de neshirinshi, et les championnats de garoway, un sport qui était pratiqué en grande majorité par les jeunes ignemshirs aspirants avant leur entrée permanente au sein du Noguem. Ces deux catégories d'événements culturels étaient capables de remplir des stades de plusieurs centaines de milliers de personnes.

Tu viens ou tu vas jouer au fantôme de Michel-Ange et nous peindre encore une de tes horreurs ? Lui demandait Keiji.

Evan sourit et répondit par l'intermédiaire de son neshir qui, en se connectant à son R-Tatoo écrivit ce qu'il pensait et l'envoya sans qu'il n'ait rien à faire d'autre que de le vouloir. Keiji était un abruti mais il l'aimait comme un frère.

Ignemshirs - Tome 1 :  Fils des Cendres (ANCIENNE VERSION)Where stories live. Discover now