Chapitre 140 : Malicieux

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Keiji mit un moment à se rendre compte que tout le monde à table le regardait. Autour de la longue et large table à manger, sa famille et les Karlfeldt dînaient. Les murs de la salle à manger étaient recouverts de dorure et de boiserie, et le magnifique plafonnier en argent répandaient une chaude et agréable lumière dans la vaste pièce. Deux domestiques en livrée bleu et noir, se tenaient près de la porte, prêts à satisfaire la moindre demande. Keiji n'était pas plus impressionné par l'argenterie dispendieuse et que par les mets réalisés par les chefs que sa mère avait engagés pour l'occasion. Tout cela était devenu une routine, en quelque sorte. S'il avait pu, il aurait bien filé dans le Moulin pour s'acheter un de leur délicieux corn-cheese avant de débarqué chez Evan à l'improviste.

— Keiji ? Fit la voix douce mais autoritaire de sa mère. Robert t'a posé une question.

Keiji regarda le Haut Centurion Karlfeldt, un homme de taille moyenne, athlétique, aux cheveux dorés qui brillaient à la lumière du plafonnier et des lampes murales. Il avait un visage rond et juvénile, laissant penser qu'il avait trente ans, mais il n'en était rien. Il avait pratiquement cinquante ans, comme sa mère, mais son regard bleu était intimidant et froid, plus qu'aucun des alumni qu'il côtoyait.

— Excusez-moi, Haut Centurion. Pourriez-vous répétez la question ?

— Je voulais savoir quels étaient tes sentiments vis-à-vis des Olympeons qui approchent, dit le Haut Centurion avec un air supérieur de sa voix monocorde et nasonné. J'ai entendu dire que cette année serait encore plus difficile que les années précédentes. Es-tu confiant, mon garçon ?

Keiji trouva la voix du noguemi haut-gradé plutôt déplaisante à écouter. Il réfléchit brièvement et répondit :

— Je n'éprouve aucune appréhension vis à vis de quoi que ce soit. Quel que soit l'épreuve, je la surmonterai avec succès afin d'élever jusqu'aux cimes, le nom glorieux des Endo, en digne héritier du Sang d'Asano qui coule dans mes veines.

Sa réponse lui attira un hochement de tête favorable du Haut Centurion et sa mère eut un sourire satisfait avant de relancer un autre sujet de discussion.

Léonie Karlfeldt n'était pas vraiment une belle fille. Il n'aurait pas non plus utilisé l'adjectif joli. Bon, elle avait un certain charme avec ses yeux joliment dessinés et sa magnifique crinière blond vénitien dont quelques mèches tressées se rejoignaient sur le côté gauche pour former le symbole de sa famille mais elle avait une manière de s'exprimer, fière et un tantinet condescendant, et un ton étrangement haut-perché qui gâchaient un peu tout.

Il avait tenté de discuter avec elle, pour la forme mais c'était comme si ses manières poussaient son esprit à se cloîtrer dans son cerveau et à couper tout contact avec la réalité laissant tout juste ce qu'il fallait pour qu'il hoche la tête au bon moment avec un sourire préparé à l'avance et mainte fois utilisé à cet effet.

Visiblement, cela suffisait à la jeune Latente Sha'Daigan puisqu'elle aimait s'écouter parler et raconter ses vacances, les endroits magnifiques mais dangereux – Oui, dangereux avait-elle cru bon de rajouter – qu'elle avait visité lorsqu'elle avait été à bord de la palpitante – Oui, palpitante – l'île flottante Lockwood. Imaginant le regard moqueur qu'aurait esquissé Evan, qui disait souvent que la station Lockwood était l'endroit le plus dangereux où se risquait à aller les Sha'Daigan non ignemshirs, il eut toutes les peines du monde à ne pas éclater de rire. Et pour ne rien arranger, quand, il lui arrivait de revenir pour de bon de sa retraite mentale, il essayait de ne pas croiser le regard de Caleigh qui le connaissait bien et savait deviner lorsqu'il écoutait réellement ou lorsqu'il faisait mine d'être intéressé par ce que lui disait son interlocutrice. S'il croisait son regard, son air espiègle et son sourire contenu, il ne pourrait pas s'empêcher de rire. Il ne voulait pas blesser Léonie mais surtout, valait mieux éviter de s'attirer la colère d'une famille de Sha'Daigan. Se moquer ouvertement de leur enfant chéri était la meilleure stratégie pour se retrouver avec des problèmes. Même si les Karlfeldt n'étaient pas aussi puissants que les Endo, donc ne pourrait pas leur faire du tort de toutes les manières, il n'avait pas envie de se faire passer un savon par sa mère.

Ignemshirs - Tome 1 :  Fils des Cendres (ANCIENNE VERSION)Onde as histórias ganham vida. Descobre agora