Chapitre 63 : Réponses ?

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Evan se rassit sur le divan d'examen en passant ses mains lasses sur son visage, penché en avant et remonta, les doigts glissant sur sa crinière désordonnée, jusqu'à sa nuque. Il fallait qu'il chasse toutes ces images de sa tête, tout ce qu'il avait ressenti. Ses paroles résonnaient encore à ses oreilles. Comme des poignards, il lui transperçait le cœur.

— Saleté ! jura-t-il.

Elle savait bien qu'en disant ces paroles, elle lui ferait plus mal maintenant qu'avant. Tessa s'était bien jouée de lui. Comme un abruti, il s'était fait avoir. Il n'aurait jamais dû accepter de venir ici. Cette souffrance... Pourquoi devait-il se trainer une telle malédiction ? Déjà que pour un être humain normal, ce genre de situation engendrait une douleur émotionnelle intense. Lui devait la subir en dix fois pire, à cause de ce qu'il était. De sa nature. Il eut brusquement du mal à respirer. Il essaya de se calmer. Il mit plusieurs secondes avant de reprendre le contrôle de lui-même. Quelle idée de l'avoir choisi, elle ? Une pareille vipère. Et pourtant il l'avait aimé si fort. C'était comme s'il devait de nouveau s'amputer d'un membre. La souffrance qui lui vrillait la poitrine se tassait. Il allait y arriver. Il avait travaillé sur lui-même. Il allait y arriver. C'était déjà terminé depuis trois mois. Il n'y avait plus de retour en arrière... Le regard vide, il murmura d'une voix monotone, des vers lût quelques années plus tôt, qui lui revinrent en tête à cette instant :

- Il est un feu dans ce monde, ces mornes ténèbres

Dont la nature volatile mais mortelle

Dont les éclats fuyant, ombres frêles, vils et funèbres

Nous condamnent, pauvres mortels à une fin triste mais belle.

Il se fit la réflexion qu'elle serait surtout triste. Pitoyable même.

Le moment de vérité était sur le point d'arriver. Le rendez-vous écrit à l'encre invisible sur l'une des cartes était prévu dans la soirée. Il aurait au moins le sentiment d'avoir un peu avancer lorsqu'il mettrait un nom et un visage sur le poseur de carte.

Il mit ses mains dans ses poches et sortit dans le couloir en boitillant légèrement. Il lui restait environ deux heures avant l'entrevue, suffisamment de temps pour se changer les idées parce qu'il en avait vraiment besoin. Il allait se reposer tranquillement chez lui après avoir accompagné Keiji chez un énième scientis qui ne saurait probablement pas quoi faire pour lui et il prendrait quelques photos avant de rencontrer le mystérieux poseur de carte.

Quand Evan et Keiji sortirent de l'immense gymnase au toit bosselé qui abritait les locus, et la Fourmilière en son sous-sol, ils tombèrent sur Charlaine, emmitouflée dans une grosse écharpe blanche en laine, un bonnet à pompon sur la tête et chaudement couverte par un élégant manteau marron doublé de fourrure. Il neigeait et le temps avait été particulièrement humide et glacial au cours des deux derniers jours. Un épais brouillard s'était levé sur Paris-la-Nouvelle et persistait. Il y avait eu plusieurs alertes aux Karans à la périphérie de la cité, non loin de son quartier.

— Vous avez trainé, leur dit-elle avant de serrer Evan contre elle. Tessa m'a prévenu pour l'incident. Ça va ?

— Ouais, ne t'en fait pas. Une petite égratignure.

— Mais bien sûr, fit Keiji sarcastique. Cet abruti avait les viscères à l'air. Je crois avoir aperçu son foie...

Evan sourit sombrement. Alors qu'ils se mettaient en marche vers le Bois aux Lunes, apercevant par-dessus la cime des arbres, le toit en coupole du corps de logis de la schola, Charlaine proposa :

— Je n'ai rien de prévu après alors si jamais ça vous tente, on pourrait faire quelque chose ? Je crois qu'il y a le spectacle d'acrobatie aéro-aquatique du Cirque de Quin diffusé en prime time dans le début soirée. Ça peut être sympa.

Ignemshirs - Tome 1 :  Fils des Cendres (ANCIENNE VERSION)Where stories live. Discover now