Chapitre 97 : Le Quai

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      — La colère... Ne te laisse pas dévorer par la colère, Evan. Tu serais alors comme un navire sans gouvernail au milieu des flots déchaînés, Une cité sans muraille, vulnérable face à un ennemi, un chalet en flamme consumé et condamné à être réduit en cendres. Ne laisse jamais ta colère te submerger, compris Evan ? C'est de la faiblesse.

Evan avait douze ans et il était dans le locus du penthouse, recouvert de sueur et l'arcade sourcilière tuméfiée. Ses joues étaient maculées de larmes de colère.

Princeton se tenait en face de lui, Il avait le teint cuivré et les cheveux lisses noir jais courts sur les côtés et plus long sur le sommet du crâne, brillant à la lumière blanche du plafond pyramidal. Il avait toujours un sourire narquois sur son visage aux pommette saillante et aux traits anguleux pourvus des yeux noirs d'un prédateur. C'était un bel homme mais depuis Malia, il était resté seul car il ne l'avait toujours pas oublié. Il ne l'oublierait jamais. Princeton, le Fils de la Foudre, l'Amérindien, le Tueur de Dragon Noir, le Cavalier foudroyant de ces nombreux tituli, était un des Haut-Centurions les plus craints sur les cinq continents, sa renommée avait même atteint le Fauve et le Cendré. Et il était également son tuteur et son magister primigenius. Princeton avait toujours eu un comportement bourru à son égard mais Evan avait toujours su qu'il le portait dans son cœur et qu'il était pour lui l'un des êtres les plus précieux qui soient.

— C'est ce que me disait toujours ton père, et je te le redis parce que c'est vrai. Alors arrête de te comporter comme une fillette. Maîtrise-toi. Domine le feu qui est en toi, garde la tête froide et réfléchis toujours. Regarde s'il n'y a pas une autre alternative que de te jeter rageusement sur ton adversaire. On te donne un coup, redonnes-en un. Ça c'est moi qui le dis. Ton père aurait sûrement dit que la violence engendre la violence mais qu'un homme sage est capable de calmer même la fureur de son ennemi. Mais bon, je ne suis pas sage alors... Allez petite panthère. Essuie-moi ces larmes. Des brutes comme les fils Harrow, Lechatel ou Livingstone ne te laisseront tranquille que si tu leur montres que tu es meilleur qu'eux dans un locus et plus tard dans une arène. Les Sha'Daigan ne pourront rien contre toi si tu deviens meilleur qu'eux. Alors devient meilleur. Suis l'exemple de ce petit rigolo de Jahandar. Ne voulais-tu pas devenir le plus puissant ignemshir que la terre ait connu ? Tu as promis à ta sœur de vivre, n'est-ce pas ? C'est un moyen de tenir cette promesse. Je peux t'assurer que tu en as le potentiel. OK ?

— D'accords Prince, balbutia-t-il en essuyant ses joues, le regard soudain déterminé. Je suis prêt.

Un large sourire illumina le visage de Princeton Jones et il s'exclama ses yeux noirs brillant de fierté et de satisfaction.

— Je retrouve enfin ma petite panthère déchaîné ! aller, on recommence ! Fais-moi un Blue Panther digne de ce nom !

Evan, mélancolique, observait les Barques. Elles semblaient flotter dans le ciel, embarcation mortuaire sur une mer sombre. Les grands couffins de BoisFer recouverts d'arabesques rouge-sang paraissaient flotter au-dessus de masses sombres et cotonneuses, et le ciel sombre, qui les surplombait, se tâchait progressivement de nuances de plus en plus claires.

Il était sur le Quai.

À plusieurs centaines de mètres du sol.

Le lieu où avait lieu les funérailles noguemiens.

Presque tous les ignemshirs qui étaient mort depuis l'époque des Précurseurs jusqu'à présent avaient été incinérés dans l'une de ces Barques.

Un Quai était constitué d'une grande plateforme circulaire en métal et polymère de carbone de trois cents mètres de diamètre en moyenne, dotée d'un toit sphérique couvrant en verre et reliée à un large disque de ver-miroir entouré de grande rambarde appelé le Lac. C'était au-dessus du Lac momentanément transparent que les Barques flottaient.

Ignemshirs - Tome 1 :  Fils des Cendres (ANCIENNE VERSION)Where stories live. Discover now