Chapitre 69 : Jeux d'esprit

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Evan fixa le jeune scientis avec perplexité.

A quoi jouait-il ? Pourquoi lui parlait-il encore en devinettes ? Parce qu'il voulait encore le tester ? mais pour quoi faire ?

Ou bien ne pouvait-il pas en dire plus.

Peut-être était-il nécessaire qu'il le découvre par lui-même. Et même là, cela n'avait pas plus de sens... Et qu'entendait-il par plus intéressantes ? enfin, il valait peut-être mieux jouer le jeu... Après tout, il était déjà là.

Alors... Il lui avait envoyé deux cartes. Une clé et un ciel. Première signification. La solution se trouvait dans le ciel. Le soleil qui aurait dû y être n'y était pas. Quelque chose qui n'était pas à sa place, donc. Il venait lui parler d'une chose qui aurait dû être là mais qui ne l'était pas. Le soleil, La source de la vie. La source de lumière. S'agissait-il d'une source d'énergie ?

Peut-être du côté de l'Histoire. Après tout, il avait tout son palais mémoriel pour lui venir en aide... Soleil... soleil... La Guerre des Deux Soleils ? Une guerre terrible qui s'était déroulée à la fin de l'Âge Sombre et qui avait connu une fin funeste... Elle avait été provoquée par la folie vengeresse et la volonté impérialiste du Soleil Ardent, Don Sol Veloso, Aurarque de l'Union de Janeiro. L'Union de Janeiro... l'icare de ses parents s'y était crashé dans le désert à proximité de Dos Rios. D'ailleurs quelques jours plutôt, Princeton l'avait contacté par holoCom pour prendre de ses nouvelles et lui donner des siennes. Il lui avait expliqué brièvement sa situation car ses hommes et lui étaient retenus dans l'Union de Janeiro à cause d'un soupçon de dissidence à l'égard certains Shedims. A cause de lois et principes liés au Code des Cendres, il était de son devoir de rester jusqu'à ce que certaines choses fussent éclaircies. Ce qui voulait dire qu'il n'était pas près de revenir...

Ses parents auraient dû être là mais ils ne l'étaient pas, Princeton également. Et ce parce que ce territoire les avait retenus d'une façon ou d'une autre. L'Union de Janeiro... Était-il même possible que ce fut cela... Cela n'avait aucun sens. Cet aspirant scientis ne le connaissait pas. Pas plus que l'identité de ses parents. Quant aux circonstances de leur mort, elles étaient connues de tous et il était de notoriété commune que Princeton était son tuteur... Et Princeton avait été élevé par ses parents...

Peut-être cela expliquait pourquoi lui, mais en même temps cela amenait d'autres questions sans réponses évidentes. Il ne savait pas trop... C'était trop floue. Ce qui aurait dû être là mais qui ne l'était pas... Il ne pouvait comprendre cela qu'à l'aune de sa propre histoire. Des expériences qu'il avait vécues...

Dos Rios... La cité de Dos Rios... Deux rivières... Dans le Mirkh'anduri, parmi tous les écrits rassemblant les prophéties et paroles de sagesse héritées des Sentinelles, le Livre du Temps faisait figure d'exception. Seul cet ouvrage contenait une description précise du Ciel de Lumière où résidait l'Existant. Dans les premiers versets de l'ouvrage, la Sentinelle Ursha Maldereïn mentionnait deux fleuves qui coulaient du trône ardent de l'Existant, Raman qui signifiait ordre et Shuel, lumière... deux rivières... Dos Rios...

Non, ce ne pouvait pas être cela. Ou bien une partie du sens global.

Le chiffre deux était redondant. Il représentait à la fois l'altérité et la stabilité, la guerre ou une alliance permettant de maintenir l'équilibre mais il n'y avait qu'un seul soleil dans le ciel, pas deux. Donc, il optait pour l'altérité, l'opposition, la guerre... Un soleil absent. En solominon le soleil absent était une autre façon de parler de la mort mais pas de celle qui donnait suite à une renaissance mais à une mort stérile. La destruction engendrée par l'amertume, un poison ou les ténèbres...

— Je ne comprends pas, finit-il par dire, confus.

— Tu l'as dit toi-même, ce monde n'est que littérature Evan. Réfléchi. D'ailleurs, cette phrase, elle est de toi ? J'ai comme l'impression de l'avoir déjà entendu quelque part...

Elle était de son père. Il avait déjà entendu son père la prononcer, mais il ne savait plus à quelle occasion. Le projet Odiani sur lequel... Odiani... la perle qui luit comme un soleil...

Evan se figea et fixa Franz en essayant de comprendre ce qui se passait.

Son père adorait les Royaumes Oubliés d'Ishar, tout comme les contes des Contrées Incolores. Il voyait l'Histoire et les évènements majeurs qui la composaient comme les chapitres d'une histoire qui avait déjà été raconté. Comme si tout avait déjà été écrit dans les contes et légendes. Il affirmait que tout n'était qu'un recommencement permanent. Qu'en regardant dans le passé, parfois, on pouvait voir l'avenir...

Et il y avait ce poème que son père aimait et qui abordait justement de ce sujet. Il était de la célèbre autodidacte Kiona Paine. Comment commençait-il encore ? il le retrouva dans son palais mémoriel. Dans le grand salon du manoir de Bristol, au-dessus de l'âtre de la cheminée...

Être fait de chair, être de réalité qui retourne à la poussière

Dont la réalité éphémère se dissipe et devient une histoire,

Des contes, des fables qui au fils des siècles renaissent en légendes...

Légendes et mythes qui au fil des vies redonnent naissance aux mêmes réalités... Murmura Evan.

— Excuse-moi ? demanda l'aspirant scientis en se penchant légèrement.

— Il est question de quelque chose...

La perle...

— Un artéfact perdu ? un artéfact ancien, très ancien ? Plus que cela. Légendaire. Et sa découverte risque de mettre en péril la stabilité des Trois-Mondes. Il n'y aura plus ni ordre ni lumière car le soleil sera... Absent.

Ce qu'il venait de dire n'avait aucun sens.

— Et que fais-je ici ? Pourquoi sommes-nous ici ?

La clé, hum, la solution... pour éviter ce chaos ? Tu es venu... me la donner ?

Et franchement, pourquoi lui ? il n'avait rien d'exceptionnel. Sans parler du fait qu'il était mourant. Mais il ne voyait pas d'autre sens à ces cartes. Ne venait-il pas de se faire manipuler justement pour en arriver à ces conclusions ? Lui avait-il parlé volontairement de littérature pour le pousser à se remémorer tout cela ? Comment aurait-il pu en savoir autant sur son père ? Peut-être était-ce à cause de ses parents qu'il l'avait choisi lui, Princeton étant absent... mais ses parents n'étaient jamais venu à Paris-la-Nouvelle... Comment pouvait-il savoir qu'il avait été en contact avec eux. Les voyages à Bristol se faisaient toujours dans la plus absolue discrétion.

Peut-être bien que le projet Odiani avait pour principale objectif la découverte de cette artéfact ancien et visiblement dangereux ou empêcher sa découverte. La fameuse perle dont l'importance semblait équivaloir à celle du soleil. La cause de leur assassinat était probablement celle-là. Donc ce scientis avait forcément connu ses parents... mais il avait son âge... Il aurait fallu qu'il les eut rencontrés à dix, douze ans... C'était du grand n'importe quoi...

— Excellent, dit l'aspirant scientis à la surprise d'Evan, en frappant des mains avec entrain après un court silence. Je suis... impressionné Evan.

— Qui es-tu ? Demanda brusquement Evan. Comment sais-tu qui je...

Il posa son index sur ses lèvres, lui signifiant de se taire. Il regarda autour de lui et dit simplement :

— Franz Parker. Et je ne vois pas de quoi tu parles. Je n'ai rien dit après tout.

— Qui ?

Je t'ai déjà tout donné, Evan

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Ignemshirs - Tome 1 :  Fils des Cendres (ANCIENNE VERSION)Where stories live. Discover now