Chapitre 74 : Mort-vivant

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Charlaine marchait rapidement dans la ruelle quasi déserte du quartier du Coq. Elle n'arrivait toujours pas à en croire ses yeux. Une silhouette la précédait dans la brume. Celle de l'homme qu'elle suivait. Elle trottina jusqu'à l'angle de la rue, craignant de le perdre. Elle ne pouvait pas s'être trompé. Au bout de quelques secondes, Charlaine se rendit compte qu'on la suivait également. Un groupe de trois individus. Ils prenaient systématiquement les mêmes ruelles qu'elle. Elle accéléra le pas puis prit d'une peur soudaine, elle se mit à courir. Le groupe l'imita. Ayant une avance certaine sur eux, après un virage à droite, elle s'accroupit derrière une benne à ordure, retenant sa respiration. Ses poursuivants passèrent devant la benne en s'invectivant les uns les autres. :

— Elle est passée où la poulette des beaux quartiers ?!

— J'en sais rien, elle ne doit pas être loin.

— Magnez-vous avant que le gang des Sauvages ne la chope ! Elle est à nous, c'est compris ?

Evan ne plaisantait pas quand il disait que les gens du quartier allaient la repérer immédiatement. Pourtant, elle ne trouvait pas que ses vêtements détonnaient particulièrement. Elle n'avait jamais eu de problèmes quand elle allait dans le Moulin... Charlaine sortit de sa cachette et courut dans la direction d'où elle était venue. Elle devait retrouver l'homme qu'elle pistait. Elle avait besoin d'en avoir le cœur net. Alors qu'elle inspectait du mieux qu'elle pouvait toutes les ruelles adjacentes qu'il aurait pu prendre, dans l'une d'entre elles, une forme disparût dans la brume. Charlaine s'engagea dans cette dernière en courant d'abords puis en marchant, le pas rapide, alors que la forme venait de réapparaître puis de se dessiner en une silhouette qu'elle reconnût comme étant celle de l'homme qu'elle cherchait.

Tout d'un coup, il s'arrêta et après s'être retourné, il se tint immobile au milieu de la ruelle. Une attitude que Charlaine trouva assez inquiétante mais prenant son courage à deux mains, elle continua de s'avancer d'un pas mesuré. Jusqu'à ce que, malgré l'épaisseur du brouillard, le visage de l'homme pût être clairement identifié à la lueur des lampadaires sphériques flottants de la ruelle.

C'était bien lui. Sans le moindre doute.

— Je me disais bien que l'on me suivait, dit-il. Je n'aurais jamais cru que ce serait toi.

— Comment est-ce possible, balbutia-t-elle.

— Il y a donc encore des gens qui se souviennent de moi ? Ah non, j'oubliais. Toi, ça ne compte pas vraiment. Tu es une physionomiste de premier ordre. Tu n'oublies jamais un visage.

— Franz Parker... Tu es censé être mort. Ton visage... Comment cela se fait-il qu'il n'ait pas changé du tout ? Tu as exactement la même tête. Exactement...

— Nous ne nous sommes vus qu'une seule fois. Lors de...

— La soirée en l'honneur des nouveaux aspirants confirmés de Nosce. Tu étais classé quatrième parmi les Épées de Savoir. Je n'étais encore qu'une enfant. J'accompagnais mes parents.

— Exactement. Alors ?

— Alors ?

— Pourquoi me suis-tu ?

— Je t'ai vu sortir du bar Le Roi, Le Moine et la Tour.

Il sourit.

— Tu es... celui qui a déposé les cartes dans son casier, n'est-ce pas ? Pourquoi ? Que lui veux-tu ?

Par-dessus ses lunettes en demi-lune, il l'observa de son regard froid et calculateur. Étonnamment, elle ne lisait pas plus d'informations que cela sur son visage alors que d'habitude, les gens débordaient de légères expressions qui permettaient de deviner leur état d'esprit avec une certaine précision. Quand elle se concentrait, elle arrivait à les lire sans trop d'efforts mais chez son interlocuteur, elle ne percevait rien. Comme si son visage n'était qu'un masque. Peut-être savait-il de quoi elle était capable et agissait-il en conséquence. Malgré tout, c'était quasiment impossible pour la plupart des gens mais Franz Parker n'était pas n'importe qui...

— Savais-tu que les pathochromes n'étaient pas vraiment des eretsins ? techniquement parlant, ils diffèrent des gens normaux sur de nombreux points... Ils sont par exemple capables de...

— Franz Parker ! cria-t-elle malgré elle, déstabilisée par la mention de sa pathochromie. Ma pathochromie... n'a rien avoir avec la situation actuelle... réponds-moi tout simplement.

— Je me demande si ce que tu affirmes est vrai, dit-il calmement. Cela dit, toi et Evan, vous formez un joli couple. Enfin, comme un papillon et la source de lumière autour de laquelle il virevolte forment une belle image.

— Mais qu'est-ce que tu...

Franz la regarda et laissa brièvement entrevoir comme un vif intérêt, avant que le masque ne revînt tout dissimuler. Elle qui s'apprêtait à finir sa phrase changea d'avis en considérant plus attentivement les mots qu'il venait de lui dire. Elle déglutit et demanda :

— Qui est le papillon ? Lui ou moi ?

— Lequel d'entre vous deux a le plus besoin de la lumière de l'autre ? 

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Ignemshirs - Tome 1 :  Fils des Cendres (ANCIENNE VERSION)Where stories live. Discover now