Chapitre 133 : Cul-de-sac

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Un beau jour, Phobos explosa. L'une des lunes de Mars fut réduite en un nuage de poussière qui désormais formait un anneau autour l'astre écarlate. Transformation, mutation, destruction. Quel phénomène avait bien pu provoquer sa destruction ? Pourquoi pensait-il à cela maintenant ? Faisait-il inconsciemment une analogie entre son sort et celui de ce satellite ? Pourquoi sa destruction ? Pourquoi lui ? Son Kar'Cirkaem... Son père lui avait déjà dit que toute chose arrivait pour une raison. Il y avait les conséquences de nos actions et la main souveraine de l'Existant. Néanmoins, ce qui déterminait la direction de son existence étaient principalement nos agissements. Ils l'avaient mis dans la même cellule que la dernière fois. La grande tâche brune sur le sol en béton nu était son sang. Les souvenir du châtiment lui revinrent comme un éclair dans la nuit et la chair de poule se propagea sur sa peau comme le grondement d'un tonnerre dans le ciel.

Evan entendit des bruits de pas dans le couloir sombre et glacé où une odeur de moisi flottait. Il redressa lentement la tête alors que les pas s'arrêtaient devant la grille de sa cellule. Charlaine, les yeux gonflés par les larmes. Ses yeux brillaient d'un triste bleu profond.

— Ça va ?

— Non pas vraiment.

— Je suis désolé...

— Je le savais, Charlaine. Je suis venu de mon plein gré, tu ne m'as pas forcé.

— Si je n'étais pas venu, tu...

Elle étouffa un sanglot, une main sur la bouche et se laissa glisser le long des barreaux jusqu'à s'asseoir les jambes repliées sous elle, une main serrant les barreaux si fort qu'elle tremblait. Evan se leva et vint s'asseoir, contre la grille. Il posa sa main sur la sienne et elle cessa de trembler.

— Je ne veux pas que tu partes, sanglota-t-elle. Je suis responsable de ce qui t'arrive, Evan.

— Si tu n'étais venu, je serais sûrement parti on ne sait où avec le Chuchoteur...

Dans son regard triste, une lueur de surprise scintilla.

— Le Chuchoteur ? Murmura-t-elle d'une voix un peu rauque en reniflant. C'est comme cela que tu l'appelles ?

— Oui.

— Comme dans le Roi-Pion...

— Exactement...

Il eut un silence et elle serra ses doigts fins autour de sa main large en murmurant :

— Tu sais que je t'aime, Evan.

Il sourit en pressant doucement sa petite main.

— Je sais, Charlie. Et moi aussi je t'aime. Probablement depuis le premier jour que je t'ai aperçu devant la demeure du Maître des Soupirs...

— Je m'en souviens, tu m'avais souri et tu avais même commencé à venir vers moi ?

— Oui, et je ne sais pas trop pourquoi. Ou peut-être si, tu me regardais avec beaucoup d'attention. Et attiré ton attention m'a plu je crois bien. Et je me suis dit que ce serait bien, si je pouvais devenir ton ami.

— J'avais ressenti la même chose.

— Un seul regard de ta part, et je ne me sentais plus seul.

Evan sourit en se revoyant dix ans plus tôt.

Il était debout près de Princeton, silencieux et tendu, observant les élèves autour de lui avec un regard qui se voulait brave. La cours du Manoir du Maître des Soupirs bourdonnait des petites voix aigües d'une centaine de futur Fils des Cendres. Ces enfants Compatibles n'étaient pour l'instant que de simples hommes mais d'ici la fin de la journée, ils seraient tous devenus plus que cela.

Ignemshirs - Tome 1 :  Fils des Cendres (ANCIENNE VERSION)Where stories live. Discover now