Chapitre 92 : Discussions

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Georges renifla avant de dire en fronçant ses gros sourcils broussailleux :

— C'est moi ou ça sent le fleuve ?

— Ouais, c'est nous, répondit Evan en haussant les épaules. Une petite mésaventure.

— Bon, ça sent toujours mieux que ce vieil ivrogne de Napoléon.

— Je confirme. Alors je prendrai un New Boston, Georgie, fit Evan en retenant un bâillement. Tu as choisi ?

La jeune fille jeta un œil au menu. Elle constata surprise que la viande était garanti d'élevage en plein air. Elle était surprise qu'il parvienne à s'en procurer et faire des hamburgers à un prix si abordable... Mais elle était dans le 9ème. Il avait sûrement un moyen d'approvisionnement qui n'était pas des plus légal. Où peut-être était-ce un mensonge.

— Pareil, répondit Nora.

— Très bien, alors deux New Boston, des boissons ?

— Un mourch ce sera bien pour moi.

— Un mourch aussi, répéta Nora.

— Bien, fit Georges. Je vous amène ça tout de suite.

— Merci Georgie, lui dit Evan.

Dès que Georges s'en fut allé après avoir récupéré les deux menus qui se trouvaient sur la table, Nora se pencha vers lui avec curiosité :

— Je me demandais, es-tu déjà allé près des Cités Australes ?

Elle l'observa avec une grande attention, à la recherche d'une expression qui trahirait un mensonge ou une gêne mais tout ce qu'elle perçut fut une franche interrogation et autre chose. Du doute ?

— Non, du tout. Pourquoi ? Demanda-t-il.

— Parce qu'ils ont réussi à créer une licorne, là-bas.

— Très drôle.

— Non c'est vrai.

— Pour quoi faire ? Quel est l'intérêt d'une licorne ?

— Pour le cinquième anniversaire de la fille du gouverneur, je crois.

— Rassure-toi, ce n'est pas la licorne de la fille du gouverneur qui m'a blessée.

Ils échangèrent un sourire.

— Mais sinon, en réalité, c'est quoi tout ce sang ?

— C'est une longue histoire, en fait non. Elle n'est pas si longue que ça mais je n'ai pas envie de la raconter.

Nora acquiesça, un peu surprise par son ton qui avait perdu de sa chaleur. Elle se mordit l'intérieur des joues, pensive. Elle avait peut-être posé la question un peu trop tôt. Elle s'était bien rattrapée avec l'histoire de la fille du gouverneur, qui par ailleurs était vrai mais elle avait quand même été moins vigilante que d'habitude. Quel était ce sentiment qu'elle éprouvait. Cette gêne qui faisait qu'elle avait envie de s'en aller. Non parce que la présence de l'ignemshir l'insupportait mais parce qu'elle lui faisait l'effet contraire. Elle se rendit compte qu'elle fixait un point à travers la fenêtre depuis un moment quand elle l'entendit lui demander :

— Au fait, les Sha'Daigan ne viennent jamais aussi loin du Centre. Qu'est-ce qui t'amène chez les miséreux ? Je veux dire, le Moulin, d'accords. Il y a pas mal de truc sympa. Il y a même ta super copine, mais le Cimetière...

— Une envie d'exotisme, rétorqua-t-elle malicieuse.

— La station Lockwood, ce n'est pas plutôt ça votre définition de l'exotisme ?

Ignemshirs - Tome 1 :  Fils des Cendres (ANCIENNE VERSION)Où les histoires vivent. Découvrez maintenant