Chapitre 67 : Le rendez-vous

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- T'es encore là ? Lança Keiji après voir ouvert la portière de sa Jeep encore garé sur la place de parking devant l'immeuble Eusofia. Je t'imaginais enfermé dans ton atelier à peindre une de tes horribles fresques dantesques.

Il s'assit à côté de lui et observa son ami qui fixait un point devant lui, d'un air lugubre.

- J'allais partir... J'en meurs d'envie mais... Je n'ai pas non plus envie d'être seul. Si je suis vraiment condamné, je préfère passer le plus de temps possible en votre compagnie. Après tout, je n'ai plus que vous. Et Princeton. Mais Princeton...

La portière arrière s'ouvrit et Charlaine s'assit. Elle posa une main sur son bras et murmurant :

- On est là pour toi, Evan.

Evan réprima les larmes qui lui montaient en hochant simplement la tête. Il n'allait pas pleurer comme mauviette. Même si cela faisait parfois du bien d'être une mauviette.

De temps en temps.

- Non issu d'un même sang mais partageant une même âme, lui dit Keiji avec un sourire encourageant.

- Car les liens qui nous lient dureront éternellement, conclut Charlaine avec en serrant plus fort son bras.

Il hocha la tête.

- Sinon, le magister Sarou aimerait t'étudier. Il dit qu'il pourrait peut-être faire quelque chose.

- Tu penses qu'il pourrait trouver une solution ? Demanda Evan en posant sa main sur celle de Charlaine.

- Je t'avoue qu'il est un peu farfelu. C'est sûrement le magister scientis le plus déjanté que je connaisse mais il est aussi l'un des meilleurs. Son unique problème c'est qu'il s'attaque toujours à des sujets, comment dire, un peu absurde ou décalé.

- Hum...

- Mais pour répondre à ta question. C'est une possibilité. Si jamais tu veux qu'il essaye dis-le-moi, je te donnerai son numéro.

- Tu ne vas pas insister pour que j'accepte ?

- Non, je vais essayer moi-même de trouver une solution, dit-elle d'une voix déterminée. Tu l'ignores peut-être mais je suis l'une des meilleures apprenties en Mécanique Arkarienne depuis plusieurs générations. Je suis pleine de ressource.

Evan sourit.

Non, il ne l'ignorait pas. Il le savait :

- Merci Charlie. Merci à vous deux.

- C'est normal, lui répondit Keiji en s'adossant au siège avec un léger sourire.

Le jeune orphelin se souvint du rendez-vous avec le poseur d'énigme. Il regarda sa montre.

- Kei, tu te souviens des deux cartes ?

- Celle de ton casier ?

- Oui. Eh bien, c'était plus que des simples cartes.

- Je t'écoute.

***

- Très sincèrement, on aurait dû prendre ma Morinetti.

Ils attendaient dans la jeep d'Evan garée dans le quartier du Coq du 9ème arrondissement de Paris-la-Nouvelle, près d'un trottoir en face d'un restaurant tokyoïte. Sur le trottoir d'en face se trouvait un petit bar exigu qui paraissait petit et tassé sur lui-même à cause des deux hôtels qui s'élevaient de part et d'autre du petit établissement. Il paraissait étouffé par les deux colosses de béton et de verre qui se dressaient sur sept étages. Son enseigne clignotait d'une lueur rouge foncé et annonçait : « Le Roi, le Moine et la Tour ».

- Il n'y a que deux places dans ta voiture d'égoïste, rétorqua Evan.

- Au moins ça permet de faire un tri et de lâcher les poids morts.

Charlaine assise à l'arrière, lui donna une tape sur la tête alors qu'il souriait narquoisement.

- Je ne suis pas un poids mort.

- Je parlais en général Charlie, mais si tu t'es senti visée...

- Ouais bien sûr, je me serais assise où alors ?

- Sur les cuisses d'Evan.

Evan retint un ricanement tandis que la jeune fille frappait une nouvelle fois Keiji.

- Je n'ai plus huit ans, pauvre barjot.

- Physiquement ouais mais...

- Mentalement, c'est une autre histoire compléta Evan avant de se prendre une tape vengeresse sur la nuque.

- Ce n'est pas du jeu avec ta touffe, tu ne sens rien.

- Toujours être bien préparé, répondit-il.

Evan ricana et regarda sa montre avant d'ouvrir la portière. Il retira sa veste et sa cravate bleu roi et or. Il valait mieux que l'on ignore qu'il venait de Kiona Paine. Déjà que les noguemis n'étaient pas bien vu dans le coin auprès d'une partie de la population comme dans la plupart des trois arrondissements extérieurs, il n'avait pas besoin d'attirer l'attention plus que nécessaire vu qu'il ignorait dans quoi il était en train de s'embarquer. D'autant que les clients de l'établissement où il devait se rendre, appartenait probablement aux hostiles à tout ce que représentait le Noguem dans son hégémonie.

- Kei, surveille-là. Je ne veux pas que toute cette affaire tourne au vinaigre. D'autant que le quartier du Coq n'est pas très sûr pour une fille du centre de la cité. Ils sauront qu'elle n'est pas d'ici. Ça se voit à des kilomètres.

- T'inquiète pas, Evan. Je veille sur notre impertinente et turbulente petite sœur.

- Eh ! arrêtez de parler entre vous comme si j'étais une gamine ! En plus, je suis plus grande que vous deux. Et toi non plus, t'es pas d'ici, Kei, conclut-elle en s'adossant vivement au siège et croisant les bras avec une mimique boudeuse. Alors tu devrais aussi faire attention...

- Mais lui, c'est un Fils des Cendres, Charlie. Pas toi.

Le jeune orphelin, referma la portière, l'air badin alors que Charlaine le fixait avec un regard furieux. Il devina sans mal ce qu'elle lui disait en voyant ses lèvres bouger. Et ce n'était pas des paroles seyaient aux lèvres d'une demoiselle. C'est en riant, son neshir au côté, dans sa chemise blanche, les mains dans les poches, qu'il traversa la grande route plongée dans le brouillard. Des halos entouraient les lampadaires sphériques flottants qui éclairaient les trottoirs bondés.

De sa démarche tranquille, il se fraya un chemin entre les passant et rejoignit le bar.

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Merci encore pour votre temps, cher(e)s wattpadien(ne)s !

Ignemshirs - Tome 1 :  Fils des Cendres (ANCIENNE VERSION)Where stories live. Discover now