Chapitre 119 : le Sang d'Asano

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Keiji traversa le grand jardin japonais de la demeure familiale des Endo. Il avait reçu un appel urgent de sa mère lui indiquant que sa présence était requise immédiatement à la maison. C'était au moment même où Evan était sorti de la salle de réunion. Comme, il s'agissait de son troisième appel en moins de dix minutes, il avait immédiatement répondu. Il avait dû à contrecœur laisser Evan à son amertume et Charlaine à son anxiété et sa morosité. En arrivant sur le parking, il avait croisé Yun-Mei qui paraissaient perturbée et vu la jeep d'Evan disparaître sur la grande avenue bordée des résidences de Sha'Daigan du 1er arrondissement. Il espérait que son ami ne ferait rien de stupide mais il avait besoin d'être seul pour digérer tout ce qui venait de lui arriver. C'est pourquoi, il avait dit à Charlaine de le laisser partir.

Un large bassin d'eau limpide entourée de rocher commençait près de l'entrée où nageaient paisiblement quelques carassins tête-de-lions orange vif, des carpes koïs rouge et blanche, et quelques poissons dorés. Plusieurs nénuphars flottaient à sa surface. Un pont de pierre blanche aux balustrades en bois, peintes de rouge et de blanc, permettait de le traverser. Des kanjis et des symboles soloméniques noirs stylisés étaient dessinés dessus.

Plusieurs autres petits bassins étaient disséminés dans le jardin, souvent cachés par des roseaux, des bambous vert clair et des érables aux nombreux tons d'orange, de marron et de rouge. Certain étaient dotés de pas en pierre blanche qui semblaient flotter à leur surface. Le bâton de bambou d'une auge de pierre se levait puis se rabaissait à un rythme régulier déversant de l'eau dans la cuve minérale. Il émettait un bruit creux et apaisant qui se mêlait au chantonnement de la cascade du bassin principal entouré de petits arbustes, des cryptomerias arborant plusieurs teintes de couleurs, du marron, du vert foncé, du violet sombre. Un ginko se dressait fièrement, ses branches pratiquement nues, auxquelles quelques feuilles dorées triangulaires aux coins arrondis s'accrochaient, tenaces. Des genévriers parfaitement taillés se dressaient dans une parfaite harmonie le long des chemins de pierre bordés d'herbes vertes et vigoureuses parsemés de rochers gris de taille variable surmontés d'un cône neigeux.

Une aire de combat en plein air, une circa, faite de pierres pentagonales, était aménagée plus loin, comme une île de pierre dans un océan de verdure. Son magister primigenius Daisuke Akamatsu, un des Généraux sous les ordres de son père, préférait, selon son expression, avoir « plutôt le ciel pour limite que le toit d'un locus. »

Une clochette dorée était suspendue au bout d'une étoffe rouge près de la porte en bois. La porte coulissa devant lui révélant Caleigh, sa sœur, sur le pas de la porte.

— Elles sont où ? Demanda-t-elle en regardant dans son dos.

— Qui ? Répondit-il en entrant dans le vaste vestibule.

La demeure des Endo était un mélange d'architecture japonaise et de style noguemien. De l'extérieur, elle ressemblait avec son toit au pignon incliné et recouverts de tuiles en céramique au modèle ancestral, avec le chemin qui en faisait le tour derrière les colonnes. A l'intérieur, le plafond très haut de l'entrée avec les deux escaliers en marbres incurvés menant aux étages supérieurs, et le vestibule débouchant directement sur le grand salon avec un mobilier somptueux en BoisFer évoquait plus le style post-noguémien avec sa grande baie vitrée aux contours ondulés.

— Tes futures épouses potentielles, Kei. Je pensais que tu reviendrais avec au moins l'une d'entre elle, au doigt de laquelle tu aurais enfin mit ton anneau de bois, pour tranquilliser grand-père...

— Hum, fit Keiji avec un sourire malicieux. Ce n'est pas pour demain. Elles étaient mignonnes mais pas plus intéressantes que cela.

Sa sœur secoua la tête avec un sourire, le même que le sien, hérité de leur mère. A part ce sourire irrésistible, il ne se ressemblait pas beaucoup. Elle avait plus pris de leur père. Charmante plus que belle, sa peau ivoire, son corps menu, sa grâce de danseuse, ses longs cheveux noirs et ses yeux bridés sombres, doux et magnétiques en faisait une fille très attrayante.

Ignemshirs - Tome 1 :  Fils des Cendres (ANCIENNE VERSION)Where stories live. Discover now