Livre II : Chapitre 39
Lym regarda aux alentours, Prysm, toujours tachée de sang, à sa main.
La cohue était incroyable autour d'elle ; elle n'entendait que les lames s'entrechoquant, parfois un coup de feu lointain, les cris de ceux qui tombaient. Des corps étaient étendus au sol. Elle les plaignait, tous – ennemis comme alliés. Personne, surtout étant donné que beaucoup était particulièrement jeunes, ne devait mourir ainsi.
Dans cette foule, elle n'arrivait pas à voir Shay ou Kosh, qu'elle avait perdus. Au-dessus d'elle, en revanche, elle distinguait clairement les ailes rougeoyantes de Flamme, qui cracha un long jet de feu sur un Vandor ennemi. Plus loin, Glass, qui était sans conteste la dragonne la plus rapide et puissante de toute la nuée de créatures, parvint à faucher deux dragons de deux grands coups d'ailes tout en crachant une gigantesque flamme bleue qui envoya au sol un autre Glacyés. Lym était occupée à admirer le spectacle lorsqu'elle entendit une flèche siffler en se précipitant vers elle, et elle se retourna d'un bond. Effectivement, le projectile volait dans sa direction, mais elle n'eut même pas le temps de lever son épée pour l'arrêter ; il explosa dans les airs sous ses yeux, et les copeaux qui résultèrent de l'explosion se fichèrent à ses pieds. Elle regarda autour d'elle, perplexe, mais en portant une main à son visage, elle vit une lueur rouge qui recouvrait ses doigts, brillant également dans ses yeux. C'était elle qui avait détruit la flèche, sans même s'en apercevoir. Ses propres pouvoirs la fascinaient et la dépassaient.
Cherchant des yeux l'archer, qui armait déjà son arc pour tirer une nouvelle flèche, elle vit qu'il était beaucoup trop loin d'elle, juché sur une motte de terre particulièrement haute. Il n'était pas seul, de surcroît. Un deuxième soldat, une fille aux cheveux courts, prenait elle aussi un projectile pour la viser. Elle ne parviendrait pas à les atteindre avant de se prendre une volée de flèches en plein cœur, et son plastron ne l'arrêterait pas aussi aisément qu'il avait stoppé le petit couteau. Elle ferma les yeux, essayant de se concentrer ; ses pouvoirs avaient toujours été incroyablement, et inexplicablement, puissants. Autant en profiter, non ?
Elle invoqua les pires moments de sa vie, très vite car elle entendait déjà les arcs craquer en s'armant. Elle revit les yeux éteints de Sofy, ses cauchemars sur la mort de Mar ; elle se revit face à Orion, ses mains poissées de sang lorsqu'elle avait tué un homme pour la première fois. Toute cette colère s'accumula, s'agglutinant comme un nœud d'émotions qui rugissaient comme un orage. Ses muscles étaient tendus et son front plissé. Soudain, avec brusquerie, elle les relâcha, et revit dans sa tête l'archère aux cheveux courts...
Elle entendit un craquement sourd, suivi d'un hurlement et rouvrit les yeux. La flèche qu'on lui avait tirée dessus avait raté sa cible, mais la fille, elle, s'était effondrée au sol, les bras et jambes tordus en formant des angles qui étaient loin d'être naturels. Sans la toucher, elle venait de casser tous les os de son corps, alors qu'elle était presque à l'autre bout du champ de bataille. Lym se demanda à nouveau comment ses pouvoirs avaient pu l'atteindre de pareille façon alors que beaucoup de Dragomirs surentraînés avaient du mal à faire flotter un rocher à plus d'un mètre du sol.
Mais déjà, interrompant le cours de ses pensées, le deuxième soldat la visait de sa flèche, et elle était beaucoup trop fatiguée pour réitérer son attaque ou même arrêter le projectile. Après avoir utilisé autant ses pouvoirs volontairement, elle avait toujours besoin de quelques secondes pour se reprendre en main. Or, elle n'avait plus un seul instant de repos. Alors qu'elle voyait la flèche sur le point de filer, une autre flèche se ficha dans le dos de l'archer, qui s'effondra lourdement. Se retournant, elle découvrit Shay, Chrysolux, son arc-machette, à la main, qui lui faisait un petit signe.
- J'allais le faire ! hurla-t-elle pour couvrir les bruits de combat autour d'elle.
- Mais tu l'as pas fait ! rétorqua-t-il avec un grand sourire. De rien, hein !
Elle vit alors un soldat se hisser sur la motte de terre au sommet de laquelle se trouvait Shay, brandissant un long couteau.
- Derrière toi ! hurla-t-elle, paniquée.
Il se retourna, mais n'eut même pas le temps d'amorcer un mouvement ; le couteau, entre les mains de l'homme, venait de voler d'entre ses doigts et fila jusqu'à Lym. Il se ficha à ses pieds, inoffensif. Shay, grâce à cet atout, parvint sans problème à neutraliser le soldat, qu'il jeta au bas de la butte.
- De rien ! lui cria Lym. On est quittes, Lake !
- Dans tes rêves, Alley !
Comme elle entendait déjà un adversaire courir vers elle, elle se tourna vers lui d'un geste et brandit Prysm. Tout en le combattant d'une suite de gestes machinaux, elle resongea à ce qui venait de se passer. Alors qu'elle était épuisée par l'effort qu'elle venait de fournir, elle était parvenue à désarmer un homme qui se trouvait très loin d'elle, et sans même y penser. C'était... inhabituel. Anormal. Voire même inquiétant. Pour protéger ceux qu'elle aimait, elle pouvait de toute évidence faire preuve de capacités accrues, et c'en était presque effrayant.
Son opposant lui donna soudain un coup d'épée à la jambe qui y ouvrit une grosse entaille, la ramenant à la réalité. Elle jeta son adversaire au sol, mais alors qu'elle allait se retourner pour en combattre un nouveau, un long couteau vint se ficher dans son épaule, soudain et inattendu. Elle écarquilla les yeux en regardant le manche de l'arme profondément enfoncée dans la chair de son bras, et une tache de sang commença à se répandre sur sa combinaison de Dragomire. Elle leva les yeux pour croiser le regard de celle qui avait lancé l'arme, une femme au nez aquilin, une longue entaille striant son cou, qui la regardait méchamment avec un grand sourire triomphal. Lym grimaça.
- Avec un couteau à beurre ? Sérieusement ?
Sur ce, elle leva son pistolet et le mit sur le front de la fille, qui loucha pour regarder le canon de l'arme. Elle tira un coup sec et se détourna pour ne pas avoir à regarder le corps, sentant le coup de feu qui lui vibrait encore dans les oreilles, l'assourdissant momentanément. Vacillante, elle fit quelques pas pour s'éloigner du cadavre, et pour échapper à la flaque de sang qui s'élargissait au sol.
Autour d'elle, tout n'était qu'une mêlée de cris et de corps, de fracas d'armes entrecroisées et d'odeur métallique de sang. Incapable de bouger l'épaule tant la douleur était fulgurante, elle essaya de quitter la bataille en titubant, et réussit à se faufiler entre les combats qui avaient lieu, distribuant quelques coups d'épée au passage pour s'éclaircir la voie. Heureusement que, contrairement à Elyra, elle était droitière, car c'était son bras gauche qui avait été touché par le couteau. Elle se demanda fugacement si elle devrait arracher ce dernier, car chaque geste ne faisait que la meurtrir davantage, mais il bloquait l'afflux de sang, ce qui devait être une bonne chose.
Elle arriva devant la forêt épaisse et broussailleuse, qui étouffait les sons de la bataille, et se laissa tomber au pied d'un arbre. Ses oreilles ne vrombissaient presque plus, et elle retrouva lentement une ouïe convenable. Les tactiques de Larrow pour éviter la surdité étaient efficaces, au moins. Lorsqu'elle fut sûre de ne pas être sourde, ce qui aurait tout de même été dommage, elle retourna à ses plaies.
La douleur dans son épaule arrivait presque à atténuer la souffrance qui émanait de sa plaie au genou. Prenant une profonde inspiration, elle prit son courage à deux mains et se saisit du couteau, qu'elle arracha de son bras. Tout d'abord, elle ne ressentit rien, puis un assaut de douleur lui déchira le bras, soudain et frappant, la faisant crier, autant de surprise que de souffrance. Avec des gestes empressés, elle arracha un long morceau de tissu à l'un des pans de sa combinaison, et enroula la bande noirâtre autour de son bras. Ce n'était pas réellement une avancée considérable, mais avec des gestes précautionneux, elle parvint plus ou moins à arrêter les saignements, faisant un garrot assez solide. Elle remercia mentalement Markus qui avait tenu à leur enseigner les règles de premiers secours. Elle parvenait presque à bouger son bras, et, en utilisant surtout l'autre, elle pourrait sans doute continuer à se battre sans trop être handicapée par la plaie.
Car elle n'avait pas l'intention de rester à l'écart du combat, loin de là.
D'un pas ralenti par des douleurs sourdes de temps à autres et des flots de sang dévalant son bras, elle commençait à sortir de la forêt lorsqu'elle vit quelqu'un s'enfoncer dans les bois un peu plus loin. Elle fronça les sourcils. S'agissait-il d'un allié ? D'un ennemi ? En proie au doute, elle finit par courir dans la même direction, emboîtant le pas à l'inconnu, et elle eut tôt fait de le rattraper dans une petite clairière. D'ici, elle ne pouvait cependant pas voir son visage, car il lui tournait le dos.
- Eh ! lui cria-t-elle. Arrête-toi !
Il se retourna, surpris, et elle put voir tout à la fois son visage juvénile, la xiphoskia dans sa main et l'emblème de Drake, le faucon aux ailes déployées en couronne, brodé sur l'épaule de son armure. Dès qu'il la vit, il sembla paniquer et s'éloigna en titubant entre les arbres. Elle hésita ; il n'avait pas l'air bien menaçant, c'était seulement un adolescent effrayé. Dans le doute, elle le suivit d'un pas énergique malgré sa blessure.
- Reviens ! lui lança-t-elle. J'ai pas l'intention de te blesser. Et puis, t'es moins rapide que moi.
Comme il ne faisait pas mine de s'arrêter, elle leva les yeux au ciel.
- Je t'aurai prévenu.
Elle s'élança à sa suite, donnant le maximum malgré ses plaies, et elle eut tôt fait de se retrouver juste derrière lui. D'un grand coup du plat de son épée, pour ne pas le blesser, elle le fit basculer par terre, et il roula dans l'herbe clairsemée. Si elle n'avait pas l'intention de le tuer, il pourrait servir de prisonnier, ou bien leur révéler les plans de Drake...
Il se retourna, le dos contre un arbre, et la regarda avec un air terrifié. Elle n'avait pas vu quand, mais il avait de toute évidence perdu son arme dans sa course, car il avait les mains vides. Il avait de grands yeux sombres, des cheveux noirs et de longs cils. Son visage lui disait quelque chose. Peut-être l'avait-elle combattu dans la lande où avaient lieu les affrontements ? Soudain, elle se souvint de l'endroit où elle l'avait vu ; il s'agissait de l'un des Internautes dont elle avait surpris la conversation et grâce auxquels ils avaient pu prévoir l'attaque. Le fameux Loki73. Elle avait dû voir sa photo de profil. Elle lui aurait bien demandé confirmation quant à son identité, mais elle risquerait ainsi de lui révéler le piratage de son compte. Et puis, savoir qui elle affrontait ne lui serait pas d'une grande utilité. En tout cas, il avait l'air beaucoup plus petit et inoffensif que le soldat solide et intelligent qu'elle s'était figuré.
- Salut, lança-t-elle en levant son épée pour la poser contre son cou en essayant de ne pas l'entailler. J'vais pas te blesser. Mais ce serait cool de ta part si tu me suivais sans essayer de me tuer.
- Tu es l'une des leurs, balbutia-t-il. Une Dragomire.
- Ouais. Debout, on se tire d'ici.
Avec ses grands yeux effrayés, il lui faisait un peu pitié. Elle espérait que Cave ne serait pas trop sévère avec lui une fois qu'ils l'auraient capturé. D'autant plus qu'il avait l'air terrifié à la simple notion d'un Dragomir. Que racontait-on comme horreurs sur eux aux nouvelles recrues d'Arcem ?
Il se leva lentement, s'appuyant contre le tronc moussu de l'arbre. L'épée toujours contre la peau de son cou, elle le fit avancer dans la forêt, et il resta silencieux jusqu'à lui demander, un peu plus assuré ;
- Pourquoi tu ne m'as pas tué ?
- Tu aurais préféré ? rétorqua-t-elle.
- Hum... Pas vraiment, merci bien. Mais, à ta place, je t'aurai tué, moi.
- Eh bien, je pense que tout le monde mérite une seconde chance.
Sur ces mots, il se tut, et ils continuèrent de cheminer au travers des arbres. La marche était particulièrement longue, car Lym voulait qu'ils atteignent le sommet de la colline où se trouvaient Cave et les blessés, et c'était presque à l'autre bout de l'île.
Ils entrèrent dans une section particulièrement sombre de la forêt, dans laquelle on n'y voyait presque rien.
Celui qu'elle supposait être Loki ne se débattait pas, et il levait les mains avec un air exagérément effrayé. C'en était presque ridicule. Elle fronça légèrement les sourcils. Pour avoir côtoyé Larrow pendant des mois, elle savait reconnaitre lorsqu'une personne jouait un rôle. Larrow était particulièrement doué dans ce domaine-là. Et, de toute évidence, celui-ci aussi. Soudain, elle se souvint de l'épée noire que portait Loki lorsqu'ils couraient dans la forêt, et comprit soudain qu'il n'avait pas pu la perdre ; elle l'aurait vue en courant à sa suite... Quelque chose clochait. Ses sens se remirent immédiatement en alerte.
- Une seconde. Arrête-toi. Tu...
Avant d'avoir pu esquisser un geste, elle vit une nuée de brume noire s'accumuler autour des mains levées de Loki. Le brouillard sombre sembla soudain se compacter, et une xiphoskia se forma entre ses mains.
Avec dextérité, il brandit son arme et donna un grand coup dans sa direction, mais elle était prête. Elle répliqua d'un geste habile avec Prsym et parvint à le désarmer ; elle l'attrapa par les cheveux et le maintint contre un arbre, tenant fermement son arme hors de sa portée, mais alors qu'il n'aurait pas dû être capable de bouger, elle sentit sa peau pâle devenir soudain fumeuse sous ses doigts. Il lui échappa alors comme une nappe de brouillard, la traversant et la glaçant jusqu'aux os, et se reforma derrière elle. Alors qu'elle se retournait, il lui donna un coup de pied sec, et ce fut à son tour de rouler au sol, rouvrant la plaie qui répandit un flot rouge par terre.
Loki s'était déjà redressé. Lorsqu'il se tourna vers elle, elle put voir ses grands yeux galaxie et les plaques couleur de nuit qui couraient sur son visage. « Un Nyx », devina-t-elle. Elle avait été stupide. Il l'avait leurrée en se faisant passer pour inoffensif, pour qu'elle le conduise dans un endroit assez sombre pour pouvoir prendre sa forme élémentaire de Nyx. Avec les pouvoirs de ses créatures, il l'avait traversée comme une ombre et avait fait disparaître sa xiphoskia dans cette espèce de brume noirâtre dont ils avaient le secret.
Et à présent, il allait la tuer.
« J'aurais dû faire plus attention », songea-t-elle, déçue par sa propre faiblesse.
La pointe de l'épée noire lui piquait la peau du cou, et elle sentit du sang perler à cet endroit. Elle serra les poings. Elle avait perdu Prysm dans sa bataille, et, de surcroît, elle avait trop mal à l'épaule pour se servir de ses pouvoirs correctement – la douleur l'aveuglait et retirait toute bribe de concentration qu'elle aurait pu obtenir. En plus, la pierre noire dans laquelle étaient taillées les xiphoskias avait le don d'atténuer les dons télékinésiques de tous ceux qui n'étaient pas leurs propriétaires. Elle était donc totalement incapable de se défendre, alors que Loki était en pleine possession de ses moyens.
Loki quitta sa parure de Nyx pour redevenir l'adolescent ordinaire qu'il avait vu plus tôt, mais cette fois, ses traits étaient détendus et il faisait preuve d'un calme olympien. Il n'y avait plus aucune trace du petit garçon effrayé qu'elle avait vu plus tôt. Décidemment, il savait jouer la comédie, presque aussi bien que Larrow, même.
- Tu te bats bien, observa-t-il d'une voix très calme, loin des balbutiements de garçon terrifié.
- Wow ! Sympa de me le faire remarquer ! Ce commentaire va révolutionner ma vie. C'est-à-dire les dix minutes qu'il me reste probablement. Youpi !
Il semblait osciller entre l'agacement et l'amusement.
- Ah, tu es l'une des sarcastiques.
- C'est bien moi. Enchantée.
Elle tendit la main vers lui, faisant mine de vouloir la lui serrer, mais il ne fit que réaffirmer sa prise sur son épée et elle dut la rebaisser.
Si Shay avait été là, il aurait protesté en s'autoproclamant le plus sarcastique de tous les Dragomirs. Mais il serait fier d'elle – elle faisait de l'humour aux portes de la mort, ce qui était un comportement purement à la Shay. Elle se demanda alors si elle le reverrait un jour.
- Comme je le disais, tu es douée pour te battre. Tu ne voudrais pas rejoindre l'Empire, par hasard ?
- C'est sûr que c'est mon rêve, répliqua-t-elle d'un ton moqueur. Surtout depuis que l'un d'entre eux me menace avec son épée.
Il leva les yeux au ciel sans retirer sa xiphoskia de sous son cou. Il indiqua d'un geste du menton son épaule meurtrie.
- Tu es blessée.
- L'œuvre de l'un de tes copains.
- Tu devrais aller chercher un médecin, ou ça risque de s'infecter.
- C'est sûr qu'un médecin me sera très utile quand je serais morte.
Loki semblait se retenir de la trancher en morceaux, et elle eut un petit rire ironique. Comme sa gorge se soulevait à cause de son rire, un filet de sang se mit à couler de son cou. Semblant en prendre conscience, l'autre retira son épée et recula d'un pas. Elle haussa les sourcils, surprise. Elle s'était déjà imaginé sa mort. Shay, Larrow, Kosh et Elyra qui retrouveraient son corps sans vie au milieu de la forêt, et qui se demanderaient ce qui lui était arrivé. Mais de toute évidence, Loki ne semblait pas partager ses scenarii dramatiques.
- Quoi, tu me tues pas ?
- Tu es tellement énervante que j'ai failli le faire, mais je suis fair-play. Tu ne m'as pas tué, je ne te tue pas.
- Oh, non, c'est terrible. Tu viens de gâcher tous mes plans d'avoir une mort tragique et douloureuse. Mince alors.
- Tu es insupportable.
- Oh, tu as remarqué ! répondit-elle en posant une main sur son cœur, feignant un air flatté. Je suis touchée, c'est un aspect de ma personnalité que j'essaie de faire ressortir...
Il lui adressa un regard glacial au fond duquel perçait une pointe d'amusement.
- Mais la prochaine fois, si on se retrouve sur le champ de bataille, je n'aurais pas de pitié.
- Et moi donc. Essaie de pas mourir d'ici-là.
Le Fauson ricana, puis s'éloigna d'un pas rapide et agile. Cependant, Lym attendit qu'il ait disparu au milieu des arbres pour se détendre, de peur qu'il ne se retourne au dernier moment pour lui lancer une balle dans la tête d'un pistolet qu'il aurait tiré de l'une de ses maudites cachettes de Nyx.
Reprenant enfin son souffle, elle se redressa difficilement et claudiqua jusqu'à Prysm, abandonnée sur une racine noueuse.
- Prysm, murmura-t-elle, et elle rattacha son pendentif à son cou.
Ses mains tremblaient. Mais elle était en vie, ce qui était déjà un petit miracle en soi.
(chapitre corrigé ✔)