Lymerya Alley.
Rien que le nom était déjà des plus anormaux.
Alors si, en plus, elle voyait des évènements inexplicables et surnaturels autour d'elle depuis son enfance, on pouvait déjà s'imaginer que sa vie ne serait pas des plus communes.
Pourta...
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Livre II : Chapitre 5
« Lym, je t'en supplie, à l'aide ! »
Lym avança désespérément dans la pénombre, les bras tendus devant elle, cherchant en vain à trouver l'origine de cette voix sifflante et suppliante. Elle trébucha sur plusieurs corps dans l'obscurité, des cadavres dont elle ne pouvait pas voir le visage, seulement les yeux. Des yeux bleus ici, d'autres, caramel, là, une teinte noire par ici, un iris chocolat autre part. C'était un véritable cimetière. L'horreur l'étreignait et elle continuait de tâtonner dans le noir, incapable de retenir un flot de larmes salées qui roulaient sur ses joues.
Elle trébucha soudain sur l'un des corps et tomba à genoux par terre ; c'était le cadavre de Sofy, avec ses grands yeux bruns écarquillés d'une terreur éternelle, qui la fixait sans la voir. Sa bouche pleine de sang était entrouverte, et sa main blanche et glaciale s'était refermée sur un pan de l'uniforme Dragomir de Lym. Celle-ci tira sur le pli de sa combinaison en pleurant, essayant de se défaire de la main morte et pâle de son amie. Lorsqu'elle réussit à lui faire lâcher prise, elle était couverte de sang et recula, pantelante, mais elle trébucha sur un énième corps. Une autre main cadavérique se referma sur son poignet, et un visage apparut dans l'obscurité. L'air paniqué, effrayé, perdu, Mar apparut devant elle, ses grands yeux bruns vitreux et larmoyants. Elle tapait inlassablement, désespérément, sur un mur de verre, essayant de parvenir jusqu'à elle.
« Lym, à l'aide ! »
Elle poussa un hurlement de terreur.
Lym se réveilla en sursauts, hurlant d'une voix rauque et portant une main à son cou pour en arracher sa larme de cristal. Prysm apparut entre ses doigts, longue épée scintillante, et elle la pointa dans un geste de défense devant elle, mais il n'y avait personne.
Elle relâcha l'épée qui tomba avec un petit bruit sec sur le sol de sa chambre, et elle fourra son visage dans ses mains en étouffant un sanglot. Elle essayait d'être forte devant ses amis, mais dans ses rêves, elle perdait tous ses moyens... Elle essuya rageusement les larmes sur ses joues : elle détestait tellement pleurer !
Elle revoyait encore le corps de Sofy qui flottait dans une flaque de sang et l'épée noire d'Orion lui transperçant la poitrine. Les mots qu'avait utilisés Shay pour décrire la mort de sa mère lui revinrent en mémoire ; « Cet Orion qui t'a envoyé la lettre... Il est venu la voir à son travail, un jour. On a retrouvé son corps empalé sur une xiphoskia, nageant dans une marre de sang. »
Lym, à l'aide !
- Dégage ! grogna-t-elle en se tapant le front dans l'espoir d'en chasser la voix suppliante et désespérée de sa grande sœur. Stupide cerveau...
Elle se roula en boule sous sa couette, mais le sommeil ne vint pas, et, avec son impulsivité habituelle, elle savait qu'elle ne pourrait pas attendre qu'il l'emporte enfin. De toute façon, ce ne serait que pour retomber dans des cauchemars poissés de sang et pleins de fantômes. Lym repoussa ses draps pour se redresser d'un bond et marcher au passage sur l'un de ses cahiers de notes, dont les spirales s'enfoncèrent dans son pied. Elle grimaça et se dirigea vers l'armoire clopin-clopant pour en tirer de quoi se vêtir.
