Lymerya Alley.
Rien que le nom était déjà des plus anormaux.
Alors si, en plus, elle voyait des évènements inexplicables et surnaturels autour d'elle depuis son enfance, on pouvait déjà s'imaginer que sa vie ne serait pas des plus communes.
Pourta...
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Livre II : Chapitre 29
Le temps passait de manière horriblement lente.
Hyther Lorn et Myria Grave, le frère et la mère de Drake, n'étaient pas sortis de chez eux le premier jour, ce qui était compréhensible avec le temps glacial qu'il faisait. Lym, Meg et Larrow tournaient leurs rôles toutes les huit heures ; l'un surveillait attentivement la maison pour repérer le moindre mouvement, tandis qu'un autre dormait et que le troisième faisait ce qu'il voulait – dormir, lire, appeler par téléphone des amis pour échanger des nouvelles... Malgré tout, ils faisaient des efforts pour résister à l'envie d'appeler Kosh, Shay ou Elyra. Ils savaient que contacter des personnes se trouvant sur Eleuth n'était pas très sage. Tracer un appel vers l'île était difficile, voire impossible, surtout avec les enchantements de protection qui l'entouraient, mais ils préféraient se montrer prudents. Le secret de la position d'Eleuth était miraculeusement resté caché jusqu'à présent, malgré la présence évidente d'un espion parmi eux. Pas question de dévoiler leurs coordonnées en ayant la bêtise de vouloir appeler ses amis parce qu'elle ne pouvait pas rester trois jours loin d'eux.
Meg prenait leur tâche très au sérieux et, lorsqu'il était de garde, il ne lâchait pas la maison du regard ; de toute évidence, il s'entraînait à ne plus cligner des yeux.
- Tu savais que ceux qui passent beaucoup de temps devant des écrans clignent moins des yeux que les autres ? lui demanda Lym en le voyant fixer la maison avec un air déterminé.
- Vraiment ?
- Lyyym, ne lui mets pas d'idée bizarres dans le crâne.
Elle offrit un sourire à Larrow, qui essayait vainement de dormir. C'était presque impossible, à vrai dire ; il faisait horriblement froid, et le sol était tout le temps tapissé de poudreuse qu'ils n'avaient pas la patience de balayer à chaque tombée de neige. Et à chaque fois qu'ils entraient dans la tente, ils en remplissaient le sol de poudreuse aussi.
Ils avaient en effet installé une petite tente, cachée derrière un massif de fougères épineuses, et allaient s'y reposer à tour de rôle tandis que les autres gelaient sur place, assis sur une souche fendue ou un tronc renversé. Lym, qui essayait de se concentrer sur son livre, tourna une nouvelle page de ses doigts fins que le froid mordant engourdissait. Comme elle ne parvenait pas à se réchauffer, elle referma jusqu'en haut la fermeture éclair de son vieux blouson puis elle enfonça sur sa tête un vieux bonnet en laine noire, essayant de coincer ses mèches rousses dessous.
Meg se leva et s'étira avant d'aller remplacer Larrow dans la tente ; c'était à son tour de dormir un peu. Lym alla s'asseoir sur la vieille souche mangée par une colonie de fourmis et fixa la maison des Lorn, avec son toit tordu et ses fenêtres aux petits carreaux de verre fumé. Larrow sortit de la tente après avoir laissé sa place au garçon blond et s'adossa au tronc couché où il feuilleta un manuel d'Histoire d'un air somnolent.
