✨~[II/47]~✨

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Livre II : Chapitre 47


Ash sentit l'écorce rugueuse d'un arbre heurter son dos, et serra les poings à s'en faire mal, ses doigts toujours crispés autour de son fouet. Ils étaient acculés dans un coin de la plage, près des premiers arbres de la forêt ; les ennemis étaient incroyablement nombreux. De nouveaux soldats sortaient des bois sans arrêt, un flux ininterrompu de chair à canon. En tuer un était des plus inutiles ; pour chaque perte, deux venaient remplacer le défunt. Pourtant, il ne s'arrêtait pas. Pas question de faire une chose pareille – s'il lui fallait mourir, il mourrait en se battant, comme tous ses frères Dragomirs qui se défendaient et périssaient aussi sur cette île.

L'un de ses opposants lui donna un coup d'épée qui traça une estafilade dans son bras. D'un grand geste, il enroula le fouet autour de son bras, l'obligeant à lâcher son arme, et il le poussa pour le déséquilibrer. Mais aucun de ses gestes ne lui était d'un grand secours ; il ployait sous leurs attaques, et des sillons de sang coulaient dans le sable détrempé. Des dizaines de blessures, plus ou moins graves, couraient sur sa peau brune. Si la morsure du Stryge, quelques minutes – ou heures ? Il ne savait même plus – plus tôt, l'avait déjà affaibli, il se demandait comment son sang pouvait continuer à couler sans s'épuiser. Il sentit ses genoux fléchir, mais s'efforça de rester solidement campé devant les soldats qui grouillaient devant lui. Pas question de mourir à genoux.

Le visage de Sofy passa devant ses yeux. Il ne l'avait pas connue longtemps, pourtant sa mort l'avait blessé autant que s'il s'était agit de sa propre sœur, il n'osait donc pas imaginer ce qu'avait dû subir Lym, qui la côtoyait depuis si longtemps. Le visage juvénile et innocent de son amie décédée lui redonna un élan de force et de rage. Des balles claquaient autour de lui, se fichant parfois dans des arbres, mais, heureusement pour lui, la mêlée de ses adversaires était trop compacte pour qu'une balle puisse l'atteindre au milieu de la cohue. Il enchaînait les coups, essayant de ne pas se concentrer sur les visages de ses opposants. Leurs yeux étaient entièrement noirs, vides comme des puits sombres, et il savait pourquoi : Lym lui avait expliqué l'usage qu'avait trouvé Drake à la Toxine. Toutes ces personnes qu'il tuait, ou en tout cas la plupart d'entre elles, agissaient contre leur gré. Mais il chassa immédiatement ces pensées, sachant qu'elles ne feraient que l'affaiblir, lui faire remettre en doute cette bataille tout entière. Il était acculé contre un arbre, et ses attaques commençaient à faiblir de nouveau, son élan d'énergie s'épuisant trop tôt, comme une petite flamme que la pluie venait éteindre...

- Lukas ! hurla quelqu'un plus loin.

Il reconnut la voix de Joy. Parant d'un geste l'attaque d'un garçon caparaçonné de fer, il chercha autour de lui le Dragomir aux cheveux noirs, mais il ne voyait que des soldats qui l'acculaient. Où était-il ?

- Tiens bon, Lukas ! hurla-t-il par-dessus la mêlée.

Il ne pouvait pas être mort. Il ne pouvait pas être mort, si ? Ses grands yeux pétillants de malice, ses pommettes hautes et ses cheveux en bataille réapparurent devant ses yeux. Ses talents d'archer, son arc avec lequel il décochait des flèches plus vite que des balles, ses plaisanteries stupides, rien de tout cela ne pouvait être mort. Un vide immense se creusa en lui à cette idée. Il baissa soudain les yeux, et vit, dans la main crispée d'un mort, une petite arme semi automatique, à moitié enfoncée dans la boue sanglante. D'un grand coup de fouet horizontal, il envoya valdinguer une bonne dizaine de soldats, et tâtonna au sol pour essayer de se saisir du pistolet. Sa main, dont les jointures des doigts avaient blanchi tant elle était crispée, se referma autour de la crosse, et il l'arracha des mains du mort sans faire attention au visage blafard du cadavre. Levant le pistolet devant lui, il pressa la détente une, deux, trois fois, encore et encore, impitoyablement, sans regarder ceux qu'il abattait. Une balle effleura son épaule, et il s'accroupit pour éviter de donner trop de lieux où viser à l'ennemi. Les genoux dans les mélanges de sable, de boue et de sang, le dos contre l'arbre, il continua à tirer jusqu'à pouvoir regarder autour de lui en voyant autre chose que des ennemis de toutes parts. Autant pour « pas question de mourir à genoux »... Bien qu'à terre, il savait que c'était préférable pour être une cible moins exposée, et il continua à tirer, inlassablement.

DRAGOMIR 🍀 PART1Où les histoires vivent. Découvrez maintenant