Lymerya Alley.
Rien que le nom était déjà des plus anormaux.
Alors si, en plus, elle voyait des évènements inexplicables et surnaturels autour d'elle depuis son enfance, on pouvait déjà s'imaginer que sa vie ne serait pas des plus communes.
Pourta...
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Livre III : Chapitre 3
Dès que Lym sentit ses pieds heurter l'herbe familière des prairies d'Eleuth, elle put sentir son cœur se mettre à battre la chamade. Se redressant sans oser ouvrir les yeux, elle prit une profonde inspiration pour sentir le parfum tout aussi familier de fleurs, de poudre à canon et de sel. Lorsqu'elle ouvrit enfin les yeux, des flots de lumière s'engouffrèrent sous ses paupières et il lui fallut un moment pour s'y accoutumer.
L'île n'avait pas réellement changé ; à sa droite, la mer continuait de fouetter inlassablement les plages blanches, les coquillages nacrés étincelaient au soleil, les goélands exprimaient leur mécontentement à grands cris. À gauche se dressaient la forêt épaisse et foisonnante et la petite colline sous laquelle se trouvait l'infirmerie. Et enfin, devant elle, se dressait l'immense Académie, le chêne géant aux nids ronds et aux branchages parcourus de lucioles magiques. Les petites ampoules colorées qu'une élève avait eu l'idée d'accrocher à la ramure avant son départ étaient toujours là, et elle était même persuadée d'en voir plus. Il y avait à présent des boules de Noël, de longues guirlandes de toutes les couleurs, des étoiles en papier et autres origamis, des banderoles et des flocons de neige pailletés, le tout accroché aux branches couvertes de feuilles vertes.
Derrière l'arbre et la forêt, elle pouvait apercevoir les landes aux lacs miroitants, au sud, et aussi le terrain de Combat, le promontoire pour les Soins, et les Galeries immenses à l'autre extrémité de l'île. De nombreux dragons survolaient à tire-d'aile les environs, faisant frémir l'herbe foisonnante. Des élèves étaient occupés à se balader dans la grande pelouse, armes à feu, arcs et épées à la taille et repas en mains, à s'entraîner un peu plus loin ou bien à galoper à dos de chevaux au milieu des étendues herbeuses. Le soleil couchant envoyait des reflets magnifiques sur l'immensité de la mer et faisait resplendir davantage l'arbre géant. Lym sentit son cœur se gonfler d'allégresse face à ce spectacle familier. Ces deux mois à parcourir le monde des caecus lui avaient suffi pour oublier à quel point l'Académie était magnifique. Même si l'on sentait la lourdeur de la guerre et l'anxiété de la plupart des élèves, elle arrivait à se sentir chez elle ici.
Avec un énorme sourire, sentant le regard attendri de Larrow dans son dos, elle avança en sentant les herbes hautes s'enrouler autour de ses jambes. Il faudrait décidément penser à tondre le gazon. Mais personne ne voulait se dévouer pour couper une telle quantité de mauvaises herbes.
Apercevant trois personnes assises sur les racines mousseuses de l'arbre, elle se sentit sur le point de crier de joie. Elle se tourna vers Larrow, éberluée, en lui montrant d'un geste les trois Dragomirs, et il sourit avec un air amusé.
- Tu as vu ? balbutia-t-elle.
- Vas les rejoindre, répondit-il doucement.
- Quoi ? Tu viens avec moi. Ils seront contents de te voir !
Il semblait assez sceptique, et elle ne pouvait pas l'en blâmer. Il n'avait jamais eu très confiance en lui, enfin, pas en matière de relations humaines, en tout cas. Et elle savait qu'il était à chaque fois surpris de voir que certaines personnes tenaient à lui. Il avait encore cet air surpris et fier de lui à chaque fois qu'elle le désignait comme étant son ami, comme s'il n'en croyait pas ses oreilles.
