Lymerya Alley.
Rien que le nom était déjà des plus anormaux.
Alors si, en plus, elle voyait des évènements inexplicables et surnaturels autour d'elle depuis son enfance, on pouvait déjà s'imaginer que sa vie ne serait pas des plus communes.
Pourta...
Il ferma les yeux, comme s'il s'y était attendu mais avait tout de même du mal à digérer sa colère. Lym avait cédé sous les mots de Cave plus tôt, avait fini par lui donner raison et avait attendu son sort, brisé. Mais elle n'avait plus rien de brisé à présent. Ses poings étaient serrés, et sa colère si évidente que si l'enchantement ne l'avait pas privée de ses capacités, ses yeux et ses mains brilleraient de rouge.
- Je... Je sais, murmura Larrow en rouvrant les yeux. Je comprends. Mais tu peux m'en vouloir autant que tu le veux, je ne reviendrai pas sur ma décision. Je...
Il s'interrompit un long moment, et la regarda avec un mélange douloureux de tendresse et de souffrance, avant d'avouer dans ce qui était presque un chuchotement ;
- Je préfère encore que tu me détestes de tout ton cœur, mais que tu sois en vie, plutôt que de savoir que tu es morte par ma faute. Même si tu es morte en étant toujours mon amie.
Puis il fit signe aux bulles de lumière de retourner à l'intérieur du bureau, l'illuminant de mille feux.
- Larrow, gronda Lym. Libère-moi. Tu te comportes comme un enfant. Tu te comportes comme Drake ! M'empêcher de me battre, c'est comme lorsqu'il a forcé Abel à combattre pour lui ! Lui aussi veut me contrôler – ne fais pas la même chose !
Larrow sembla frappé par ces mots comme par une rafale de balles, et regarda Lym avec des yeux écarquillés, mais il finit par secouer la tête et reculer dans le couloir. Les pas de l'Irisa refusaient de la porter plus loin qu'à quelques mètres de la porte. Elle commençait sérieusement à s'énerver, à présent, et sa voix était loin d'être maîtrisée lorsqu'elle lui cria après.
- Ne me laisse pas ici ! Tu n'as pas le droit de m'empêcher de me battre ! Tu n'as pas le droit !
- Je suis désolé, balbutia-t-il en commençant à refermer la porte.
Il semblait frémir à chaque mot qu'elle lui criait, lui montrant qu'il n'était pas insensible à ses reproches. Pourtant il continuait imperturbablement de refermer la porte. Comment pouvait-il assez l'aimer pour ne pas vouloir la voir combattre alors qu'elle était le meilleur atout de leur camp, et pourtant lui refuser de faire son propre choix ?
- LARROW ! Relâche-moi ! C'est mon dernier avertissement ! Sinon, je te jure, je te jure, Larrow, que...
Il referma la porte, et Lym poussa un rugissement de rage qui aurait retenti dans toute l'Académie si elle n'avait pas été enfermée.
Elle se débattit contre l'emprise des mots de Larrow, essayant d'atteindre la poignée et de partir, mais son corps refusait tout simplement d'aller jusqu'à la porte. Dès qu'elle s'en approchait, elle faisait, comme par instinct, un ou plusieurs pas en arrière. Elle cria, lança des objets contre le battant de toutes ses forces, mais elle ne pouvait ni briser la porte ni l'ouvrir.
Si seulement elle avait ses pouvoirs... Mais non, même avec eux, elle serait incapable d'agir. Si seulement Larrow avait pu avoir un peu plus de bon sens. N'était-ce pas lui qui était toujours le plus froid et déterminé ? Mettant ses sentiments de côté en toute situation ? Voilà qu'il tuait Cave au lieu de mettre fin à sa vie d'Irisa, et qu'il l'empêchait de sauver l'Ordre avec ses immenses pouvoirs. Il se montrait irrationnel, et c'était effrayant, chez lui. Elle aurait compris chez Kosh ou Mar, par exemple, qui voulaient toujours la garder en sécurité envers et contre tout. Mais Larrow ? Qui voulait plus que tout gagner cette guerre ? Qui savait qu'elle était leur meilleure chance pour gagner cette guerre ?
Comme tout ce qu'elle faisait était inutile, qu'elle n'avait plus aucun objet à jeter et qu'elle était trop fatiguée pour s'époumoner davantage, elle se laissa tomber dans un coin du bureau et ferma les yeux. Il devait forcément y avoir une solution. Il y avait toujours une solution. Elle devait juste y réfléchir assez, et elle trouverait. Lorsqu'elle se fut assez calmée pour enfin y penser, elle tira son téléphone de sa poche et essaya d'appeler Shay. Mais ses mains refusaient tout net d'appuyer sur le bouton « appeler ». Jusqu'où allaient donc les pouvoirs d'un Stryge ? Avec un rugissement de colère et d'impuissance, elle lança le téléphone contre la porte à son tour, et le regarda s'écraser contre le panneau de bois. Juste à ce moment, elle sentit l'enchantement de Cave se dissiper, et ses pouvoirs revinrent à elle. Une brûlure étrange et délicieuse, comme si l'on avait fait couler de la lave en fusion dans ses veines, la fit frémir. Elle se sentait enfin complète ; comme si elle venait de retrouver une main ou un œil que l'on lui aurait retiré. Mais même avec ses capacités, les paroles de Larrow, telles des menottes faites de mots, l'empêchaient de faire quoi que ce soit pour s'enfuir. Si elle avait pu se transformer en Nyx, puisque les Nyx avaient aussi certains pouvoirs de persuasion, elle pourrait peut-être briser le sort. Mais les lumières qui virevoltaient au plafond l'empêchaient de prendre sa forme élémentaire sans se changer en cendres. Et elle n'était même pas sûre de pouvoir se servir de ses propres mots pour se libérer.
Elle resta donc immobile, contrainte à conjurer des lambeaux de brume et de les regarder s'enrouler autour de ses doigts, impuissante.
Larrow était-il déjà parti vers Arcem ? Les forces d'Eleuth avaient-elles déjà atteint le Temple Sphinx ? Ses amis et camarades étaient-ils en train de se faire massacrer quelque part sur le champ de bataille ? Et si Larrow était déjà mort ?
Elle avait beau lui en vouloir, elle ne pouvait pas l'imaginer transpercé par une xiphoskia sans avoir envie de hurler à s'en brûler les poumons. Et Shay, était-il parti vers le Temple en se disant qu'elle devait déjà y être ? Était-il en train d'affronter les plus puissants soldats de Drake, sans elle à ses côtés pour l'épauler et l'aider ? Pour intercepter les flèches qu'il ne pouvait pas arrêter, l'avertir des dangers qu'il ne voyait pas, et échanger avec lui des plaisanteries et défis ? Elle ne s'inquiétait pas vraiment pour Elyra et Kosh. Ils seraient toujours là l'un pour l'autre, à se soutenir et se compléter au cœur du combat. Mais Shay et Larrow, eux, qui étaient probablement partis dans deux directions complètement différentes et prenaient des risques complètement différents, eux... Elle pouvait beaucoup trop facilement les imaginer morts parce qu'elle n'était pas là.
Et si... Et si la bataille tournait mal ? Et si quelque chose de terrible arrivait ? Et si tous ceux qu'elle aimait – Elyra, Kosh, Ash, Lukas, Joy, Larrow, Shay – mourraient alors qu'elle aurait pu les protéger si elle avait été là ? Et s'ils étaient déjà morts ? Et si – elle avait du mal à réfléchir, du mal à respirer.
Elle se souvint des paroles de Cave qui lui disait que ses amis risquaient de mourir à cause d'elle. Son souffle se fit plus court, une étreinte se resserrant autour de son cœur comme s'il était entouré de chaînes.
Et si Shay se faisait tuer sur le champ de bataille à cause du stupide sort de Larrow ?
Si Shay mourait... Lym ferma les yeux. Non.
Aidez-moi... aidez-les.
Elle ne pouvait plus respirer. Elle faisait une crise de panique, et tous ses efforts pour reprendre son souffle étaient vains. Elle ne pouvait plus respirer...
Elle avait envie d'étrangler Larrow pour l'avoir enfermée, mais aussi de voler à son secours. Elle voulait être auprès de Shay pour qu'ils puissent s'aider l'un l'autre comme ils le faisaient toujours. Elle voulait s'assurer qu'Ash et Lukas iraient bien après tout ce qu'ils avaient vécu. Elle voulait s'assurer que Kosh et Elyra étaient ensemble pour prendre soin l'un de l'autre. Elle voulait être n'importe où sauf dans ce stupide bureau, inutile et impuissante, privée de ses pouvoirs. Perdue, furieuse, et faisant une crise de panique seule dans le bureau du directeur qui l'avait traitée de monstre. Et elle était tellement énervée qu'elle n'avait même pas le sang-froid de profiter de l'endroit où elle se trouvait pour fouiller les archives de Cave. De toute façon, qu'y trouverait-elle d'utile ? Probablement rien. Elle fourra son visage dans ses mains, le cœur battant à cent à l'heure, son souffle toujours irrégulier. Être impuissante était un véritable cauchemar. Elle aurait préféré endurer toute la douleur du monde plutôt que d'avoir à rester ici, incapable de venir en aide à ses amis, condamnée à ressasser ses noires pensées.
Elle se leva d'un bond et, avec un cri furieux, lança une table contre la porte, qui ne broncha pas. Puis elle retomba à terre, vaincue, et essaya de respirer.
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Ok alors je crois que je dois m'excuser auprès d'à peu près tout le monde, mais en particulier :
- Les shippeurs de Lymarrow
- Ceux qui pensaient que tout se passerait bien si Larrow ne tuait pas Lym
- Ceux qui pensaient que ce chapitre parlerait de Koshyra ou de Lukash