Il avait déjà mis une main sur la poignée de la porte lorsque Lym lui cria, énervée ;

- Je ne vais pas te laisser faire, Larrow ! Je vais me battre quoi que tu dises, tu ne peux pas me faire changer d'avis.

Il se figea, debout dans l'entrebâillement de la porte ouverte, et se tourna vers elle, l'air peiné. Elle n'avait jamais vu autant de souffrance sur le visage de quelqu'un d'aussi jeune lorsqu'il prononça les mots suivants.

- Je ne voulais pas en arriver là, mais... si. Je peux.

Le videntis tapa dans ses mains, et toutes les lumières flottantes sortirent à toute vitesse de la salle par la porte ouverte, comme une nuée de lucioles effrayées. Lym les regarda sortir, confuse. Larrow allait-il l'enfermer dans le bureau, dans le noir ? Elle se souvint alors qu'elle n'avait pas encore retrouvé ses pouvoirs, et que c'était lui qui avait l'enchanteur et le pistolet. Le combattre serait donc parfaitement inutile. Mais elle pourrait tout de même s'enfuir – ces enchantements ne duraient pas si longtemps lorsque l'on ne les renouvelait pas souvent, et ils finiraient par se dissiper.

Au moment où cette pensée terminait de se former dans son esprit, elle remarqua que Larrow n'avait toujours pas quitté la salle et se tenait sur l'entrebâillement, comme s'il réfléchissait.

- Larrow, je sais que tu essaies de me protéger, mais tu es aussi en train de faire une erreur monumentale. Je vais bien finir par m'échapper.

- Non, répondit-il d'une voix étrange qu'elle ne lui reconnut pas. Tu vas rester ici, en sécurité, et tu ne vas pas essayer de t'enfuir.

Elle laissa échapper un rire et s'avança vers lui, déterminée à lui montrer qu'elle ne le laisserait pas l'enfermer docilement.

- Tu plaisantes, j'espère ? Tu crois vraiment que je ne vais pas...

Elle se figea à un mètre de la porte et fronça les sourcils, confuse. Ses jambes refusaient catégoriquement de la porter plus loin. Larrow se servait-il se Télékinésie ? Mais dans ce cas, elle fuirait dès qu'il serait parti, il devait bien s'y attendre.

Lym leva les yeux pour voir si ses iris étaient colorés de rouge et resta bouche bée lorsque la réalisation la frappa. Ses yeux n'étaient pas rouges, mais d'un argent bleuté étrange et brillant dans l'obscurité qu'avaient laissé les bulles brillantes. Deux crocs blancs luisaient entre ses lèvres. Il avait profité des ténèbres pour prendre sa forme de Stryge. Le sang de Lym sembla se glacer dans ses veines lorsqu'elle comprit que, les paroles des Stryges ayant des pouvoirs d'hypnose, elle serait incapable d'aller contre la volonté de Larrow ; et, dans cette situation, il lui avait ordonné de rester dans le bureau de Cave et de ne pas se mêler au combat.

Le visage de Lym se durcit et devint froid comme celui d'une statue. Son regard se fit acéré. Elle pardonnait beaucoup de choses, mais que l'on essaie de la contrôler, que l'on l'empêche de faire ce qu'elle voulait et d'aller où bon lui semblait, cela lui était insupportable.

Et par Larrow, en plus. Larrow. En qui elle avait toujours eu une confiance aveugle jusqu'à ce jour-ci. Par qui elle ne pensait pas pouvoir être trahie davantage. Elle regarda le garçon un long moment de son regard de fer et de glace, perçant et implacable. Il frissonna. Elle savait qu'elle pouvait faire peur, lorsqu'elle le voulait vraiment.

- Larrow. Retire ce que tu as dit.

- Non, répondit-il, buté.

- Larrow. Je t'ai pardonné ce qui s'est passé un peu plus tôt, parce que c'était la volonté de Cave et pas la tienne. Ce que tu fais maintenant, c'est ta décision et ta décision seule. C'est la première fois que tu prends une décision par toi-même, sans les avis de Cave pour t'influencer, et tu t'apprêtes à choisir de m'enfermer. Je ne vais pas l'oublier aussi facilement.

DRAGOMIR 🍀 PART1Donde viven las historias. Descúbrelo ahora