DRAGOMIR 🍀 PART1

✨~[II/49]~✨

Elle regarda par-dessus la rambarde et fit un bond en arrière. Saisie de vertige, elle risqua un autre coup d'œil par-dessus le rebord, et même si les hauteurs n'avaient jamais été sa plus grande peur, elle sentit des fourmis dans ses doigts et une sorte de malaise lui monter à la tête. Ils étaient au sommet d'une tour incroyablement haute, et la vue plongeante qui lui était offerte était effrayante. D'autres balcons étaient visibles plus bas, mais trop bas pour qu'elle puisse sauter du sien pour en atteindre un autre... Elle leva le nez, mais le balcon le plus proche était à près de trois mètres. Elle était piégée.

Mais, là encore, ce n'était pas réellement une surprise, bien qu'elle sentît une déception amère au fond d'elle, témoignant du petit espoir qu'elle avait conservé. Sortant le morceau de papier, elle l'enroula solidement autour de l'un des copeaux de bois qui restaient de la destruction du banc, puis laissa tomber sa missive par-dessus la balustrade. Elle tomba lourdement sur le balcon du dessous, et elle pria pour que ses calculs soient bons et qu'il s'agisse bien de celui adjacent à la cellule de Larrow. Elle se pencha pour essayer de trouver malgré tout une solution pour s'enfuir, mais sa prison avait été bien faite, de façon à ce qu'elle ne puisse ni descendre, ni monter à cause de l'écart entre les balcons. Pourtant, elle continuait à chercher quelque chose. Il y avait des soldats qui faisaient des rondes autour de la forteresse, et elle se surprit à guetter parmi eux une touffe de cheveux roux. Elle sentit son cœur se serrer. Pourquoi Mar n'était-elle pas dans le bloc d'expérimentation ? Pourquoi ne figurait-elle pas dans les fiches qui se trouvaient dans les classeurs et qui catégorisaient les Irisas ?

Elle entendit la porte de sa cellule s'ouvrir avec fracas, et un garde entra, muni uniquement d'un plastron de fer et de vieux jeans déchirés, sans casque ou arme. Il jeta un coup d'œil aux gravats qui recouvraient le sol et à la poignée de la fenêtre cassée, et leva les yeux au ciel.

- Tes tentatives d'évasions étaient parfaitement inutile, et... C'était un magnifique banc.

- Oh, je suis tellement navrée, rétorqua Lym sur un ton de défi. Votre mobilier à toujours été ma priorité.

- Drake veut te parler.

Elle prit une profonde inspiration et hocha la tête, enjambant les morceaux de bois pour lui emboîter le pas.

Le garde en rejoignit trois autres qui l'encadrèrent, puis ils la conduisirent jusqu'aux escaliers, puis le long de couloirs sinueux à l'intérieur de la forteresse. Ils passèrent devant de nombreuses portes, et croisèrent toutes sortes de créatures et d'être humains qui vaquaient à leurs occupations, mais l'endroit restait particulièrement vide. Bien sûr – la plupart des habitants d'Arcem étaient actuellement en guerre contre ceux d'Eleuth. Les deux armées continuaient de s'affronter quelque part, à moins qu'ils n'aient déjà remporté la victoire et saisi l'Académie entre leurs griffes. Et elle était ici, incapable d'apporter la moindre aide... Vivement, elle se demanda combien de temps durerait l'enchantement qui la maintenait dénuée de tous pouvoirs. Juste lorsqu'elle se posait cette question, l'un des gardes la poussa dans un enchantement qu'un autre avait tracé, et elle sentit avec un soupir l'enchantement la traverser pour lui dérober toute chance de récupérer ses pouvoirs. Puis les soldats se remirent à marcher, l'entraînant avec eux.

Lym crut tout d'abord qu'on la menait jusqu'à la salle du trône, mais les soldats finirent par s'arrêter devant une porte très différente, qu'ils ouvrirent avec un petit trousseau de clefs rouillées. La poussant à l'intérieur, ils restèrent pour la plupart devant la porte, mais l'un des gardes l'accompagna dans la salle. C'était une fille, très belle avec ses cheveux bouclés, qui portait un casque par-dessus.

Drake était debout dans un coin de la pièce, les yeux fermés ; un mètre devant lui, de petits morceaux de métal noir flottaient et virevoltaient dans les airs, s'assemblant parfois pour former des éclats plus gros. Sans même les regarder, les yeux toujours clos, il fit un geste vers le garde pour qu'il sorte, mais elle sembla hésiter.