DRAGOMIR 🍀 PART1

✨~[II/44]~✨

Ils avaient leurs armes à la taille, leur combinaison salie par le combat, et leurs pièces d'armure sur eux. Ils étaient, enfin, autant qu'ils le pouvaient, prêts à partir. Larrow sortit sa baguette torsadée de sa poche et traça un enchantement sur le sol terreux mêlé de sable ; ils restèrent tendus jusqu'au dernier moment, s'attendant à voir surgir un professeur pour les empêcher de partir, mais ils parvinrent à se téléporter sans être importunés. Dans un éclat d'or, ils se retrouvèrent les pieds dans l'herbe grasse d'Eleuth à laquelle ils s'étaient habitués, et ouvrirent les yeux avec soulagement.

Autour d'eux, l'île était particulièrement déserte. Lym ne l'avait jamais vue aussi délaissée ; quelques guerriers devraient être postés à l'intérieur de l'Académie, en principe, pour la protéger d'une éventuelle attaque. Mais, de toute évidence, Cave avait décidé que les boucliers qu'ils avaient créés autour de l'île pourraient servir de protection suffisante, car il n'y avait personne alentours. La vallée avait pour tout habitant un grillon qui chantonnait, solitaire, et mêmes les oiseaux se faisaient rares dans le ciel. On n'y voyait d'ailleurs pas un seul dragon, puisque ceux-ci étaient consignés à terre à cause du bouclier magique qui entravait leur envol. L'île, habituellement animée, remplie d'élèves, d'animaux multiples et d'activités variées semblait presque triste sans eux. Vide, incomplète, même. La carcasse du Pterok tué la veille avait brûlé de longues stries dans le gazon, près de la forêt, et une odeur de sang et de cendres s'échappait de cette zone.

Pour couronner le tout, de gros nuages gris s'amoncelaient au-dessus de l'Académie, ne faisant que renforcer l'impression morne qui émanait de l'endroit. Le soleil avait presque disparu à l'horizon, à présent, et envoyait des lueurs rosées sur les nuages sombres.

Kosh, Shay, Elyra et Larrow se pressèrent à la suite de Lym, qui les conduisait vers l'endroit où elle avait vu le Glacyés. Ils traversèrent les bois épais, leurs pas étouffés par la mousse brunie, jusqu'à arriver dans l'aile sud ; les grands lacs d'habitude clairs et miroitants semblaient aussi gris que le ciel couvert, même si l'herbe ondulait tranquillement sous les coups de vent. Ils arrivèrent au pas de course devant les falaises de craie blanche, et s'arrêtèrent juste au bord tandis qu'elle leur indiquait d'un geste la grande faille qui s'étirait sur la roche, battue par les vagues et l'écume. Un vent sifflait en s'engouffrant dans la caverne, et quelques gouttes de pluie commencèrent à marteler le sol, détrempant l'herbe qui claquait à cause des rafales.

Des embruns lui picotant les yeux et ses cheveux lui fouettant le visage, Lym se tourna vers eux en s'efforçant de chasser les mèches rousses qui lui obstruaient la vue. Elle ne devait pas avoir fière allure, avec le sang incrusté sous ses ongles et ses vêtements déchirés.

- Et maintenant ? demanda-t-elle.

- On avait un plan, non ? grimaça Shay.

- Eh bien, on devrait s'envoler pour le poursuivre. Mais on va utiliser quel dragon, au juste ?

D'instinct, ils se tournèrent vers Larrow, avant de se souvenir de la blessure de Glass qui l'empêchait de voler.

- On peut utiliser Flamme, non ? tenta Kosh.

- Premièrement, commença Elyra, il attirerait bien trop l'attention – un dragon rouge vif censé passer inaperçu ? Et en plus, il a été blessé aussi durant la bataille.

- Aval est aussi vert pétant, impossible de se faufiler en douce sur l'île. Et Miroir ? Tu as déjà volé sur son dos, Shay, et il a des écailles assez passe-partout...

- Il boude, il refuse que je le laisse voler sur son dos. Mais on peut essayer. On sait jamais.

Shay les conduisit jusqu'à l'escalier en craie, qu'ils dévalèrent en glissant sur les marches devenues pâteuses à cause du crachin. Mais lorsqu'ils arrivèrent devant la grotte où séjournait Miroir, l'Ekaon de Shay, ils comprirent immédiatement que quelque chose clochait. De grosses planches entravaient la sortie, et elles n'auraient pas causé trop de problème si des plaques de métal et de solides verrous ne se trouvaient pas tout autour. Miroir poussait des rugissements de fureur, apparemment mécontent d'être emprisonné, et donnait des coups de museau au mur fortifié, sans parvenir à le briser.