Lymerya Alley.
Rien que le nom était déjà des plus anormaux.
Alors si, en plus, elle voyait des évènements inexplicables et surnaturels autour d'elle depuis son enfance, on pouvait déjà s'imaginer que sa vie ne serait pas des plus communes.
Pourta...
Elle aurait bien voulu nier et rester auprès de lui pour faire un peu plus connaissance avec Aval, mais, en effet, Laxy lui manquait. Elle hocha la tête.
- J'espère que tu pourras bientôt rencontrer Laxy.
- J'espère aussi, approuva Kosh.
Puis elle le salua, fit un geste d'au revoir à Aval et sortit de la grotte ; devant elle s'étalait l'immensité de la mer, qui était ce jour-là plus grise que bleue, parcourue d'acier et d'écume blanche. De nombreux dragons, dont ceux d'Elyra et de Larrow, Flamme et Glass, volaient au dessus de l'étendue immense et mouvante, piquant de temps à autres pour en tirer un poisson qui paraissait minuscule entre leurs griffes, une baleine ou encore une pieuvre. Apparemment, aujourd'hui était le premier jour de vol d'Elyra. À moins qu'elle n'ait commencé durant son absence à s'aventurer dans les airs sur le dos de son dragon. Dans tous les cas, elle volait comme si elle était née avec des ailes, avec un naturel surprenant. Lym se détourna de la forme couleur rubis de son dragon, sentant un pincement d'envie. Elle aurait aimé pouvoir voler comme son amie.
Elle descendit de nouveau les marches de craie, car l'étage des Galeries où séjournait Laxy était en-dessous de celui qu'occupait Aval. Arrivant enfin devant la grotte de son Equitem, elle découvrit que l'endroit était vide, mais elle ne s'en attrista pas plus que ça ; elle s'y attendait. Son dragon passait rarement beaucoup de temps à voler, surtout en pleine journée. Il préférait survoler la mer et Eleuth pendant la nuit, étant donné qu'il s'agissait d'un dragon principalement nocturne. Il reviendrait donc probablement très vite.
Elle se dirigea vers la grosse mangeoire qu'elle avait bâtie dans un coin avec l'aide précieuse de Larrow, et y déversa le contenu de son sac en toile avant de jeter celui-ci dans un coin. Puis elle se dirigea vers le tapis de paille qui servait de lit à Galaxie et commença, laborieusement, à changer les touffes de chaume sale, qu'elle jeta sur le côté pour s'en débarrasser plus tard. Alors qu'elle s'attelait à mettre en place les photographies affichées sur les murs que le vent avait balayées, Laxy s'engouffra dans sa tanière en repliant ses grandes ailes de toutes les couleurs du crépuscule.
Lym ! lui transmit-il tout en rugissant de contentement. Tu es rentrée !
- Évite de m'écraser, ou tu pourras pas profiter de ma présence bien longtemps ! le sermonna-t-elle.
Elle courut sur le côté, se plaquant contre le mur, pour lui laisser la place de se poser. Il vint se nicher dans son tas de paille, ses grands yeux lavande étincelants. Malgré son faux air bougon, Lym ne put s'empêcher de lui sourire.
Où étais-tu ?
- En mission, répondit-elle en redressant fièrement le menton.
Tu sens la neige, les sapins et le thé, remarqua-t-il en dilatant les narines et en fronçant le museau.
Lym avait toujours trouvé cette manie de froncer le museau très amusante, étant donné qu'elle faisait exactement la même chose en fronçant son petit nez retroussé piqueté de taches de rousseur. De même, elle avait remarqué qu'elle-même secouait rageusement la tête lorsqu'elle était contrariée, comme lui qui agitait sa grosse tête écailleuse si elle se trompait en lui apportant la mauvaise variété de poisson. Comme quoi ils s'empruntaient parfois des gestes ou des tics, inconsciemment. Peut-être était-ce à cause du fort lien mental qu'ils partageaient. C'était courant de voir des Equitem et leurs cavaliers s'imiter l'un l'autre inconsciemment. Après tout, leurs esprits étaient connectés.
- Peut-être parce que je suis allée dans une forêt de sapins enneigée, proposa Lym.
Et il y avait du thé ?
- Bien sûr, j'étais dans une région où il pleut du thé.
Il cligna des yeux, ne comprenant pas, de toute évidence, qu'il s'agissait d'humour. Malgré tout, il hocha la tête avec ce qui était l'équivalent dragon d'un sourire.
Tu m'as manqué.
- Vraiment ? Je t'ai tellement manqué que tu pourrais peut-être m'emmener en ballade sur ton dos, non ? proposa-t-elle, pleine d'espoir.
Dans tes rêves !
Malgré sa déception, elle étouffa un rire. Il était aussi têtu qu'elle, décidemment.
- Toujours insupportable. Mais tu sais quoi ? Toi aussi tu m'as manqué, sac d'écailles.
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