Avant même d'ouvrir les yeux, Lym sortit des frissons incontrôlables courir sur sa peau ; ses pieds atterrirent sur un sol instable, car recouvert d'une mince couche de givre glissante. Sentant la chair de poule recouvrir ses bras, elle songea qu'elle aurait peut-être dû apporter des habits un peu plus chauds. Elle entrouvrit les yeux, et resta un instant abasourdie face au spectacle qui s'offrait à elle. Elle qui avait pensé croiser quelques caecus aux environs oublia immédiatement toute trace de cette idée. Dans un décor pareil, tout cerveau caecus ferait instantanément un court-circuit.
Les ruelles étaient pavées de blocs qui semblaient avoir été taillés dans le cristal pur, étincelants et transparents, foulés par les passants et les chevaux qui faisaient cliqueter d'un son clair leurs sabots contre le sol à chaque pas. Des calèches blanches tendues de teintures immaculées qui rendaient leurs passagers invisibles passaient dans les rues, tirés par des chevaux ; ceux-ci, d'un blanc de neige, avaient des crinières incroyablement longues d'un bleu glacier qui venaient parfois s'emmêler à leurs pattes pour entraver leur avancée. Ce détail rendait leur cavalcade des plus compliquées mais leur donnait une grâce assez stupéfiante. Les maisonnettes que l'on trouvait entre les rues, faites de ce qui ressemblait à de la neige tassée comme celle des igloos mais qui pouvait aussi être une pierre blanche et polie, avaient un toit rond et lisse, des portes et fenêtres également rondes cachée par des volets et des portes de bois peintes en bleu, et de jolis assemblages de cristaux et de verres qui semblaient avoir poli dans le sel tremblotaient dans le vent faible en laissant échapper de temps à autres un son cristallin en s'entrechoquant. On remarquait les tavernes grâce à leurs enseignes colorées et aux grappes de passants qui se réunissaient devant les vitrines pour s'extasier de tel ou tel objet qu'ils n'auraient sans doute jamais la chance de posséder. Cet ensemble de coloris dans les teintes bleues et blanches donnait à Pruinae un air éblouissant, comme la neige fraîche juste après une tombée de poudreuse qui agressait les yeux de par sa blancheur immaculée.
Mais ce qui la choqua le plus, c'étaient les passants eux-mêmes, et non pas les maisons ou les rues ; elle remarqua un grand nombre de Dragomirs, vêtus de leurs combinaisons sombres – bleu marine, vert émeraude, violet prune ou bien noir d'encre – et emmitouflés sous de gros manteaux, des armes à leur ceinture. Lym, qui n'avait vu comme Dragomirs que les membres de l'Académie et le père de Shay, ainsi que deux ou trois passants venus se réapprovisionner sur l'île, était impressionnée par cette quantité de videntis qui n'étaient pas si différents d'elle. Ils marchaient tous avec le menton relevé, avec une fierté palpable, leurs talons claquant contre les dallages de cristal clair, d'un pas militaire et assuré. Ils étaient tous armés, plus ou moins discrètement. Certains portaient à la vue de tous des armes à leur taille, d'autre avaient des dagues cachées dans leurs manches, bijoux ou même coiffures.
Au milieu de ces Dragomirs, elle voyait des femmes et des hommes, qui auraient peut-être été parfaitement normaux, s'ils n'étaient pas vêtus avec une légèreté déconcertante ; des femmes à l'air gracieux, leurs longues chevelures contrastées – presque blanches ou bien noires – ne portaient que des robes estivales aux couleurs claires malgré l'air glacial, les joues à peine rougies par le froid mordant. Des hommes en t-shirts sans manches et pantalons gris riaient en groupe, leurs traits fins rehaussés par leurs sourires. Ils avaient des mains aux longs doigts fins, et un visage d'une beauté irréelle ; attachés autour de leurs cous ou de leur taille, ils portaient tous de longs manteaux de peau, de couleurs variées dans des tons sombres ou tachetés. Des manteaux en peau de phoque.
Lym regarda autour d'elle avec stupéfaction, en oubliant ses bras couverts de chair de poule.
- Ce sont... des Selkies ? balbutia Kosh, l'air émerveillé.
- Oui, répondit Larrow en adressant un léger sourire à une femme aux longs cheveux blonds, presque blancs, qui lui adressait un regard appuyé, adossée à une calèche arrêtée. Il y en a énormément par ici, cette cité est connue pour être leur capitale.
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DRAGOMIR 🍀 PART1
ParanormalLymerya Alley. Rien que le nom était déjà des plus anormaux. Alors si, en plus, elle voyait des évènements inexplicables et surnaturels autour d'elle depuis son enfance, on pouvait déjà s'imaginer que sa vie ne serait pas des plus communes. Pourta...
✨~[II/19]~✨
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