- Sdrasvouitié, grogna l'homme, ou quelque chose dans ce goût-là, en roulant les r, avant de dire quelques phrases d'une voix très rapide.

Apparemment, il trouvait cela amusant de leur parler en sachant qu'ils n'en comprenaient pas un mot.

- Priviet, lança Shay en russe avant d'enchaîner d'un ton tout naturel.

Il répondit à l'homme en parlant dans sa langue comme si c'était sa langue natale et l'autre sembla perdre son sourire de manière quasi-instantanée.

Il les conduisit dans l'usine, où une forte odeur de poisson poissait les couloirs, jusqu'à une porte d'officine close en fer, dont il tourna la poignée en leur faisant signe d'entrer.

Maximilien Ozerov était occupé à remplir des formulaires sur son bureau, l'air préoccupé, et leva la tête avec surprise en les voyant arriver. Il avait de jolis yeux noisette, mais une moue sévère lui tordait les lèvres. Toutes les personnes qu'elle avait croisées jusque-là lui ayant paru des plus amicales et enjouées, Lym se demanda si vivre en permanence dans une odeur putride de poisson en décomposition ne rendait pas les gens un peu antipathiques.

Ozerov aboya quelque chose à son employé, qui lui répondit sur le même ton avant de sortir en fermant la porte. Shay, qui semblait suivre tant bien que mal la conversation, intervint en lâchant quelques mots en russe à Ozerov, qui lâcha un grognement agacé.

- Ah oui, marmonna-t-il en anglais avec un accent assez prononcé. Les petits britanniques.

- Je viens de Floride, lâcha Larrow.

- Californie, ajouta au passage Elyra, tandis que les Bishop lançaient d'une même voix ;

- Tibet.

- C'est ça, soupira Ozerov en agitant la main avec désinvolture. Allons, dépêchez, je n'ai pas beaucoup de temps.

- Pour un poissonnier, vous êtes quand même très occupé, bougonna Lym, ce qui lui valut un coup de coude réprobateur de la part de Kosh. Oh, ça va ! Sérieux, comment un homme à la tête d'une conserverie peut-il être aussi occupé ? On pêche des poissons, on les met dans des boîtes et bam, poisson en boîte. Non ?

- Lym, tu as raté le mémo où on disait qu'il fallait faire bonne impression ? siffla Joy le plus bas possible.

Ozerov semblait de plus en plus ennuyé, tapotant du bout des ongles la surface vernie de son bureau.

- Allez, allez, ça suffit. Je n'ai pas toute la journée. Votre principal m'a parlé d'un projet dont vous voudriez me faire part, non ?

- Oui, euh, commença Larrow. C'est pas vraiment un projet. Voyez-vous, monsieur Ozerov, nous sommes au courant pour le dragon de diamants que vous gardez dans les caves de votre entrepôt. Ne nous demandez pas comment. Et nous sommes disposés à parler de cette bête gardée secrète à la police si vous refusez de coopérer auprès de nous.

Immédiatement, l'homme sembla se durcir encore d'avantage et les scruta froidement, l'air d'hésiter entre la perplexité et la fureur. Il finit apparemment par opter pour la deuxième option, car il se leva d'un bond et indiqua la porte d'un geste.

- Sortez d'ici.

- Nous en parlerons à la police, dans ce cas, menaça Lukas.

- Je ne veux pas savoir comment vous êtes au courant, ni ce que vous avez l'intention de faire de cette bête. Ce n'est pas un dragon, d'abord, protesta Ozerov. C'est juste... Un gros lézard. Une espèce déviée du dragon de Komodo...

DRAGOMIR 🍀 PART1Donde viven las historias. Descúbrelo ahora