Lymerya Alley.
Rien que le nom était déjà des plus anormaux.
Alors si, en plus, elle voyait des évènements inexplicables et surnaturels autour d'elle depuis son enfance, on pouvait déjà s'imaginer que sa vie ne serait pas des plus communes.
Pourta...
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Livre I : Chapitre 35
Cléandra continuait de la viser de son arbalète, la moitié de son visage furieux plongé dans l'obscurité. Lym chercha à nouveau du regard son pistolet dans le noir des sous-bois, mais il avait mollement atterri plus loin, au milieu d'un tas de feuilles tombées. L'éclat vacillant d'un soleil presque éteint venait piqueter de lueurs d'un argent doré la crosse noire de l'arme.
Elle soupira encore. Si elle criait, est-ce que quelqu'un viendrait ? Sans doute pas. Les bagarres qui échouaient parfois en graves blessures étaient assez coutumières dans un collège empli d'élèves souvent énervés et toujours armés. Si elle n'avait jamais vu de morts, les blessures étaient des plus communes.
De toute façon, crier lui paraissait être la solution la plus ridicule du monde. Si quelqu'un avait été à portée de voix, il aurait entendu les coups de feu, déjà. Mais il se faisait tard ; les élèves devaient être rentrés à Eleuth.
Bien sûr, son ennemie ne savait pas que le pendentif à son cou, qui semblait être une marque de coquetterie, dissimulait en réalité une longue arme qui aurait tôt fait de lui trancher la tête dans un éclat de cristal et sans le moindre bruit. Elle avait fait exprès de ne pas répandre la rumeur de l'enchantement appliqué à Prysm. Elle préférait garder un atout dans sa manche.
- Tu es encore remontée contre moi ? devina un peu insolemment Lym en essayant d'amorcer un imperceptible pas vers la gauche pour rejoindre son arme, mais elle abandonna quand le colosse qui portait le fusil poussa un grondement menaçant de molosse en colère. Tu ne veux pas tourner la page ?
- Si, bien sûr, répondit calmement Cléandra sans relâcher sa poigne de fer autour de son arbalète. Et je le ferai. Aujourd'hui même. Quand tu seras morte.
Lym se sentit frissonner ; aurait-elle vraiment le courage de la tuer ? Pourquoi donc la haïssait-elle autant ? Pouvait-on vraiment détester, jusqu'à le tuer, quelqu'un pour une embrouille de collégiennes ?
Soudain elle se souvint des regards atterrés de ses camarades de classe lorsque Cléandra entrait dans la cafétéria, des hoquets de terreur quand elle menaçait quelqu'un. Si elle n'avait sans doute jamais encore tué qui que ce soit, elle devait avoir déjà menacé certains élèves de le faire.
Comme d'habitude, la jeune fille rousse utilisa sa tactique pour se donner du courage ; se refermer, cacher la peur et prendre un air insolent.
Une moue ennuyée se forma sur son visage et elle leva les yeux au ciel.
- Oh, par Ladon, j'ai tellement hâte que tu aies fini de pleurnicher et de me débarrasser de toi. Pourquoi tu me colles aux basques, comme ça ?
Comme elle l'avait espéré, Cléandra sembla troublée par son manque apparent de peur.
- Tu es au courant que je pourrais te tuer sans aucune difficulté ?
