Amel fit un pas vers le mur blanc, sensé être celui des Anges. La plus grande photo de toutes était impressionnante ; loin de représenter un chérubin grassouillet affublé de petites ailes, on y voyait un adolescent aux cheveux dorés et au visage parfait, vêtu d'un sweat à capuche et d'un jean. Il aurait pu ressembler à un simple ado particulièrement beau s'il n'y avait pas eu les ailes. Elles étaient blanches et duveteuses, avec de longues plumes immaculées, comme celles de cygnes, mais, surtout, elles étaient absolument immenses. Même un peu repliées, elles faisaient bien quatre mètres d'envergure. Une aura d'or semblait émaner de cet Être, le nimbant d'un éclat irréel et solaire. Le léger sourire qui courbait ses lèvres et son air décontracté ne lui retiraient pas la braise de ses yeux qui lui donnait un air redoutable.

- Ici, les Anges, commença Amel, sans remarquer l'air émerveillé des nouveaux élèves. Ange a demandé au Conseil de pouvoir voler, et il a donc eu droit à deux ailes qui lui permettent de s'élever à des altitudes inimaginables. Mais, comme je l'ai dit, rien de positif n'arrive sans être précédé par quelque chose de négatif ; ainsi, les Anges sont des Êtres de lumière. Ils y sont rattachés de manière irréfutable ; la lueur de la lune et des étoiles les tue, la nuit les dématérialise, le noir est leur plus grande peur, le moindre froid les congèle et l'ombre fait d'eux poussière. Ils doivent donc vivre de jour, et il leur arrive d'hiberner pour éviter les jours trop courts et trop frais. Ils ont d'autres capacités, comme les valeurs prophétiques et le transport par lumière, mais ce sont des pouvoirs moins importants, bien que passionnants également, que nous étudierons un autre jour.

Lym était toujours obnubilée par la magnificence et la majesté de l'Ange, et elle commençait à comprendre ce qu'avaient voulu dire les professeurs en disant que rien ne pouvait s'acquérir sans payer. Les Anges avaient voulu être des créatures de lumière, et ils avaient eu ce qu'ils souhaitaient, mais la lumière leur était alors devenue vitale et l'ombre mortelle.

Amel pointa du doigt un deuxième pan de mur, orange, cette fois. La photo, ou bien le dessin au réalisme saisissant, elle n'aurait su le dire, représentait un homme et une femme. Tous deux avaient le visage fin et délicat, de grands yeux irisés dénués blanc, seulement constitué de la pupille fendue comme celle des chats, entourée d'un immense iris opalin parcouru de vagues colorées : leurs cheveux étaient longs et semblaient presque faits de feuilles tressées tant on les aurait crus végétaux ; vêtus d'une simple robe blanche pour la femme et un jean ainsi qu'un haut immaculé pour l'homme, ils avaient, dans le dos, des ailes irisées, comme leurs yeux, semblables à celles des papillons. Loin d'être aussi énormes que celles des Anges, elles étaient tout de même impressionnantes par leur coloris varié à la palette de couleurs débordante, qu'elle aurait adoré peindre. Dès que le soir serait venu, elle décida qu'elle dessinerait chacune de ces incroyables créatures. Lym remarqua qu'entre leurs doigts écartés se trouvait une membrane translucide de la même couleur que leurs ailes et leurs yeux : ils avaient les mains palmées.

- Voici, commença le professeur, un Fé et une Fée. Le souhait de Fé était de pouvoir voler comme les papillons – on remarque que le rêve de pouvoir voler est très répandu, car, comme on le verra, quatre des sept Êtres originels nourrissaient cet espoir. Bref, Fé s'est donc vu accorder les ailes qu'il souhaitait tant, mais, puisqu'il voulait ressembler à un papillon, comme eux, il a une vue plus développée mais il ne peut se nourrir que du suc des fleurs. Toute autre nourriture lui est toxique. Là aussi, ils ont d'autres pouvoirs. Vitesse et métamorphose, par exemple, sujets complexes qu'il nous faudra aborder. Oh, les Fés sont également atteints d'une claustrophobie frappante et peuvent se faner s'ils sont maintenus dans des espaces restreints aux murs opaques. Nous verrons ces précautions plus en avant un autre jour, mais n'attraper jamais un Fé autre part que dans un bocal en verre transparent ! (Elle passa devant le Fé et sa compagne et pointa du doigt le mur jaune.) Voici, chers élèves, un Neuri.

DRAGOMIR 🍀 PART1Where stories live. Discover now