DRAGOMIR 🍀 PART1

✨~[I/16]~✨

En gros, ce qu'elle comprit principalement fut que tous les videntis du monde avaient pour arrière-arrière-arrière-(et encore plusieurs « arrière »)-grands-parents des Êtres dotés de pouvoirs immenses.

Ce qui signifiait également qu'elle, comme tous les autres de cette Académie, descendait de l'une de ces créatures. Étant donné que les seuls de ces noms qui lui disaient quelque chose étaient l'Ange et la Selkie, elle espérait qu'elle fût la descendante de l'une des deux, mais comment savoir ? Apparemment, si un videntis était assez puissant, il pouvait fugacement laisser entrevoir sa véritable apparence, et démontrer son essence originelle. En résumé, elle put conclure des dires de Riks que les videntis avaient du sang d'Êtres magiques, qu'ils avaient pour tâche éternelle de protéger les dragons pour faire pardonner les atrocités commises par leur espèce, et qu'ils entretenaient un lien très complexe avec le dragon qu'ils parvenaient à dresser. Enfin, elle savait donc qu'il existait des Anges. Des Selkies. Et toutes sortes d'autres choses, avec qui elle partageait probablement du sang. Peut-être qu'un jour, elle deviendrait assez puissante pour découvrir duquel des sept videntis d'origine elle était la descendante, mais de toute façon, leur ancêtre n'était pas des plus importants du moment qu'ils devenaient Dragomirs.

Le cours était immensément intéressant, mais Riks se comportait comme s'ils savaient tous ce qu'étaient les créatures étranges qu'il citait. Finalement, Lym n'y tint plus.

- C'est quoi, un Stryge ? demanda-t-elle à voix bass à Larrow, qui s'apprêtait à lui répondre lorsque le professeur s'approcha.

- Vous avez une question, Miss Alley ?

- Oui, en fait, lâcha-t-elle. Je voulais savoir ce qu'était un Stryge.

Riks, qui avait l'air agacé, s'adoucit quelque peu et un sourire passa sur son visage en ridant le coin de ses yeux bruns, agrandis par les lunettes posées sur son nez aquilin.

- Oui, je ne peux pas vous en vouloir pour ça, mais je préfère laisser à votre professeur d'Étude l'honneur de vous expliquer les caractéristiques de chaque Être. Je m'excuse par avance des confusions que vous pourrez avoir, mais toutes les réponses à ce sujet vous seront données avant la fin de la journée. En revanche, ayez l'obligeance de me poser vos questions directement, et pas au travers de Larrow.

Elle hocha la tête, et il se remit à parler du Traité des Êtres avec animation.

- Ne t'inquiète pas, dit doucement Larrow. Le professeur te donnera toutes les réponses dès ce soir.

Elle lui adressa un sourire pour le remercier, puis se concentra à nouveau sur le cours ; jamais une classe ne lui avait parue aussi intéressante et instructive. En règle générale, elle détestait avoir à l'avouer lorsqu'elle aimait un cours, parce qu'il y avait toujours des idiots pour traiter le premier venu d'intello ; mais dans pareille situation, elle devait avouer qu'elle était captivée. Riks leur avait fait un résumé de tout ce qu'ils avaient manqué ; la Paix, le Traité des Êtres, l'aveuglement des humains pour les transformer en caecus, et un élément qu'il laissa échapper à un moment titilla la curiosité de la jeune fille rousse.

- Comme vous les savez, les hommes ne peuvent pas voir les vérités du monde, sauf, bien sûr, s'ils descendent de l'un des sept videntis d'origine. Cependant, certains caecus peuvent momentanément briser le sort s'ils font preuve d'une immense imagination – poètes, écrivains et autres artistes ont donc parfois fugacement saisi les vérités qui les entouraient à leur insu.

Si certains caecus pouvaient voir l'univers tel qu'il était vraiment malgré le charme du Conseil, alors peut-être que Sofy et Mar en auraient un jour la capacité. Peut-être qu'un jour, elles sauraient et elles comprendraient qu'elle ne les avait pas quittées par plaisir mais par nécessité irrationnelle, qu'elle n'était pas partie par égoïsme et recherche de considération, mais car elle était appelée par son propre monde, celui auquel elle appartenait vraiment, car elle avait besoin de côtoyer des gens comme elle et pas des humains aveuglés par un antique sortilège qui la prenaient pour une pauvre folle.