En levant les yeux, elle vit la petit trappe qui permettait de monter sur une branche pour parvenir jusqu'au tronc de l'arbre. Un sourire étira ses lèvres et elle se leva. Elle sursauta en sentant un frôlement sous ses pieds nus. Les lumières éteintes, comme des balles de poussière, avaient échoué un peu partout dans la salle, par terre, sur les meubles... Elle claqua des doigts et, reprenant vie, toutes les bulles luminescentes s'élevèrent dans les airs en diffusant leur douce lueur blanche. Elle saisit ses vêtements qu'elle glissa sous son bras puis ouvrit la trappe et grimpa sur une branche, inspirant l'air frais, vivifiant et pétillant du petit matin. La chaleur étouffante de l'été était chassée par le doux air qui parcourait la ramure du chêne, faisant s'agiter ses branchages et voleter des feuilles vert vif dans la bise.
Malgré l'heure matinale, un doux soleil recouvrait déjà l'herbe tendre et verte de la vallée d'Eleuth où était planté l'arbre géant, et les vaguelettes de la mer miroitaient sous les rayons qui jouaient avec l'écume et le cristal de l'eau ; elle ne put s'empêcher de sourire, revigorée par l'aura pétillante qui émanait de cette île. Elle descendit par l'échelle pour arriver jusqu'à l'étage qui contenait les salles de bain et fut soulagée de ne pas avoir à faire la queue à cause de l'heure ; après s'être douchée et avoir enfilé un jean et un haut blanc, elle enroula un foulard coloré autour de son cou et essaya de démêler ses cheveux mouillés avec un gros peigne dont les dents de cassaient pour rester dans son épaisse tignasse rousse. Raides ou pas, ils étaient totalement impossibles à coiffer : elle essaya vainement de se faire un chignon sophistiqué pour le premier jour de classes, mais elle n'obtenait un résultat correct qu'en coinçant deux crayons à l'intérieur du chignon, ce qu'elle finit par faire en désespoir de cause. Deux mèches soyeuses et plus courtes que les autres tombèrent de sa coiffure pour entourer son visage, et elle se regarda dans le miroir en se demandant comment faisait Mar pour être aussi apprêtée tous les matins. Elle lorgna un instant le maquillage qu'une fille avait laissé dans les tiroirs en dessous de l'évier, mais à peine l'eut-elle sorti qu'elle fut perdue dans les variétés de crèmes et de poudres, de crayons et de pinceaux qui remplissaient la petite trousse. Elle la reposa tristement, résignée, puis sortit de la salle de bain en remarquant que son jean était déchiré et couvert d'énormes taches de peinture verte, pourpre et bleue, comme d'habitude. En sortant, elle tomba nez-à-nez avec une fille aux cheveux bruns mi-longs, au regard empli de vivacité et de malice, vêtue d'un pyjama trop grand, l'air ensommeillé et avec un tas de vêtements dans les bras.
- Joy ! s'écria Lym avec allégresse.
- Salut, répondit Joy en lui offrant un sourire fatigué.
- Ça va ?
- Oui, ça peut aller, et toi ?
- Super !
- Dis... Tu as laissé de l'eau chaude, quand même ?
- T'inquiète, il y en a assez pour tous les pensionnaires... Eh, ça te dit de petit-déjeuner avec moi ? tenta-t-elle avec espoir.
- C'est sympa de ta part, mais je préfère passer mon temps seule, répondit-t-elle en baissant les yeux. Les amis et tout, c'est pas trop mon truc...
- Oh, fit Lym, un peu déçue mais compréhensive. D'accord, alors, mais si tu veux discuter, n'hésite pas à venir me voir !
- Merci, lui sourit-elle, l'air soulagée de son empathie.
Joy entra dans la salle de bain et verrouilla la porte derrière elle : Lym se serait étonnée si elle avait vu quiconque d'autre à une heure pareille, mais apparemment cette fille-là était des plus matinales.
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DRAGOMIR 🍀 PART1
ParanormalLymerya Alley. Rien que le nom était déjà des plus anormaux. Alors si, en plus, elle voyait des évènements inexplicables et surnaturels autour d'elle depuis son enfance, on pouvait déjà s'imaginer que sa vie ne serait pas des plus communes. Pourta...
✨~[I/14]~✨
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