- Un vrai papa poule.

- Je dirais plutôt une maman surprotectrice, commenta Lym, très amusée.

Shay éclata de rire ; elle avait touché dans le mille, c'était son exacte définition.

- À demain maman, lui lança-t-il. Bonne nuit chérie.

- Va t'acheter un peigne, Lake.

Elle avait répliqué avec le plus grand calme et remercia mentalement les lourds nuages de cacher la lune, les empêchant de voir qu'elle était rouge tomate.

Shay la foudroya du regard.

- Ma vengeance sera terrible !

- Essaie toujours.

- Fais gaffe, tu le connais pas, soupira Kosh.

- Il ne me connait pas non plus, répliqua Lym.

Shay eut un ricanement puis lui adressa un clin d'œil aussi charmeur que sarcastique qui la fit de nouveau rougir et sourire en même temps, puis il entra dans sa chambre par la petite trappe ronde et tira les rideaux qui voilèrent le large hublot qui leur servait de fenêtre. Lym sourit à Kosh mais, sentant la fatigue alourdir ses paupières et étouffant difficilement un bâillement d'ours, elle finit par aller se coucher aussi après l'avoir salué. Son ami, l'air encore impressionné par la hauteur vertigineuse, alla à son tour dans sa chambre.

Celle de Shay était entre les leurs, et, à la droite de Lym, elle put entrevoir que son autre voisin était la fille à la peau sombre et aux cheveux frisés qui s'était interposée entre Cléandra et elle, plus tôt dans la journée. Elle aurait bien aimé lui parler pour la remercier, mais avant qu'elle n'ait eu le temps de lui adresser la parole, elle avait déjà tiré les rideaux sans la voir et Lym finit par suivre son exemple après avoir admiré la splendeur de l'île d'Eleuth et avoir longuement écouté la douce mélodie des vagues léchant le sable et les falaises de craie blanche. Elle jeta un regard autour d'elle, sceptique. L'endroit était joli, simple, plus grand qu'elle ne l'aurait pensé vu de l'extérieur mais tout de même étroit. Les meubles étaient basiques et peu nombreux. Quelques étagères aux murs, un lit aux draps blanc, un petit bureau coincé devant la fenêtre et contenant des tiroirs qui grinçait lorsque l'on les ouvrait, de petits bancs à trois pieds. Pas de toilettes – les salles de bain communes se trouvaient dans le tronc de l'arbre.

Elle défit sa valise et en tira ses affaires par poignées. Ses quelques vêtements atterrirent dans les tiroirs, qui étaient déjà à moitié remplis. On y avait mis plusieurs combinaisons de combats semblables à celles que portaient les professeurs. Puis elle posa ses pinceaux et ses toiles sur le bureau, et après avoir défait sa valise et accroché ses posters aux murs un peu trop circulaires à son goût, elle se tourna avec joie vers les étagères assez volumineuses pour contenir ses livres et passa une éternité à les classer soigneusement sur les rayonnages. Elle enfila ensuite un pyjama, jetant ses vêtements dans un coin avec dédain, puis s'assit pour peindre un peu sur ses affaires qui s'éparpillaient déjà de manière totalement désordonnée dans la salle. N'ayant pas grand-chose à peindre, elle feuilleta son livre, mais le sommeil finit par l'emporter et elle se laissa tomber sur son lit confortable, épuisée par tous les évènements de la journée. Elle n'eut qu'à claquer des doigts pour que toutes les orbes de lumière s'éteignent et tombent comme des lucioles mortes sur le sol, parsemant le parquet de bulles sombres.

Elle fut réveillée par la sonnerie grinçante de son réveil – comme chaque matin, à vrai dire – et eut la profonde envie de le saisir pour l'éclater contre un mur comme dans les films – comme chaque matin –, mais elle se retint pour ne pas réduire son téléphone en éclats de verre et de plastique – comme chaque matin. Pourtant, quelque chose n'était pas comme tous les autres jours et elle pouvait le sentir ; le soleil doré filtrait au travers des rideaux qui cachaient à l'extérieur sa chambre circulaire. Elle se serait bien rendormie pour attendre que les cris de sa sœur lui rappellent son retard, mais elle ne vivait plus avec elle et avait prit la résolution de ne plus se lever deux heures plus tard que la sonnerie de son réveil.

DRAGOMIR 🍀 PART1Donde viven las historias. Descúbrelo ahora