- Eh ! Dégage ! s'écria Shay.

- Tu vas quand même pas te battre contre elle ? protesta Kosh en s'interposant à son tour, sur la défensive.

Lym ne savait pas comment elle était censée répliquer ; devait-elle approuver et chasser Larrow, surtout maintenant qu'elle savait qu'il faisait partie des adorateurs de Cléandra, ou bien devait-elle lui faire confiance ? Il lui adressa un regard suppliant et elle décida de lui accorder sa confiance une dernière fois.

Elle se tourna vers ses deux amis et leur sourit en espérant paraître convaincante.

- Ne vous inquiétez pas. Je gère. Je... Je le connais.

Ils les laissèrent partir avec méfiance, et Larrow eut l'air soulagé, mais, alors qu'ils allaient s'éloigner, Lym entendit clairement Shay glisser quelques mots à l'oreille du lieutenant de Cléandra.

- Si tu la blesses, je te jure que je te réduis en miettes.

- Tu pourras toujours essayer, rétorqua Larrow avec défi.

Tous deux s'éloignèrent et entrèrent dans l'un des couloirs sinueux qui semblaient être les veines habituellement emplies de sève de l'arbre où se trouvait l'Académie. Ils marchèrent un moment jusqu'à arriver devant une échelle, qu'ils escaladèrent, et arrivèrent finalement à ce qui devait être le premier étage. La nuit étant tombée et le soleil n'éclairant plus les couloirs grâce aux fenêtres, des petites bulles de lumière voletaient à présent aussi dans les couloirs par myriades.

Lym fit un rapide résumé de ce qu'elle savait sur le chêne géant qui abritait l'Académie sur Eleuth, histoire de se repérer et d'éviter de se perdre à la première occasion comme elle en avait autrefois l'habitude. Au rez-de-chaussée, il y avait la cafétéria, qui servait aussi de salle de devoirs, de bureau et d'à-peu-près tout en dehors des heures de repas. Au deuxième, il y avait les bureaux et les salles des professeurs, les salles de bain et une bibliothèque : au-dessus, il n'y avait plus que des branches qui formaient des couloirs menant aux petits nids qui servaient de chambres aux élèves. Ce qui ne laissait que le premier étage. Apparemment, c'était là que se trouvaient les salles de classe : il y avait celle d'Histoire et celle d'Étude des Êtres, qui ressemblaient à des salles de classe communes qu'ils auraient pu trouver au lycée St Expéry, et celles de Contrôle qui était fermée à clef et dont elle ne pouvait pas voir l'intérieur. Elle se demanda brièvement où se trouvaient les autres classes et l'infirmerie, mais elle avait, pour le moment, du moins, d'autres préoccupations. L'arbre avait beau être gigantesque, puisque chaque salle était immense et qu'une grande partie de sa stature était aussi issue de l'imposante ramure qu'il arborait, il n'y avait pas tant de salles que l'on aurait pu le croire dans le chêne.

Larrow ouvrit la porte de la salle d'Histoire, qui n'était pas fermée à clef contrairement à celle de Contrôle, et lui fit signe d'y entrer en lui tenant la porte ouverte. Elle entra et regarda l'endroit : des tables, un tableau, des frises chronologiques incroyablement longues, des affiches, une odeur de craie et de papier, des fenêtres rondes semblables à des hublots, un bureau de professeur. En fait, tout aurait été identique à ses salles de classe à St Exupéry s'il y avait eu des chaises et pas des poufs et autres fauteuils, et si les sièges en question avaient été répartis dans la classe en rangées et non pas de manière aléatoire. Également, les murs étaient quasiment invisibles derrière les milliers de cartes, d'étagères couvertes de livres et de posters, et, au lieu d'être éclairé par des néons sévères et clignotants, le lieu, comme tout le reste de l'arbre, était illuminé par les petites balles luminescentes. Elle remarqua que toutes les petites parcelles de parois qui n'avaient pas été recouvertes par les cartes et les manuels étaient cachées par des dessins divers qui formaient comme un papier peint à l'agréable et vif coloris. Des épées, des personnes vêtues de capes, des visages, des îles, des fées, des vampires et des dragons étaient dessinés avec une habileté déconcertante, avec du crayon, du pastel ou de l'aquarelle. L'ensemble des poufs, fauteuils, posters, livres et dessins formait une ambiance peu studieuse mais très allègre : si tout n'avait pas été aussi ordonné, il aurait pu s'agir de la chambre de Lym. Elle aussi avait la manie de couvrir chaque centimètre carré de mur avec des posters et des peintures.

DRAGOMIR 🍀 PART1Where stories live. Discover now