Lym regarda encore un instant l'image, passant un doigt sur les visages qui avaient formé le sien, puis elle sentit son cœur se serrer, et eut l'impression affreuse que les sourires de ses parents étaient faux, qu'ils la narguaient, se moquaient de sa solitude. Avec fureur, elle crispa ses doigts autour du papier photo, qui se chiffonna, et le jeta derrière elle. Sans vérifier où il était tombé, elle alla fermer sa valise et descendit les escaliers avec, allant la poser dans le salon, avant de remonter dans sa chambre et enfiler un vieux pyjama violet et argenté bien trop grand pour elle, qui était en fait à sa sœur. Assise sur son lit, elle regarda fixement son coussin avant de donner un brusque coup de poing dedans, hargneuse. Elle n'avait pas besoin de ses parents ! Les Alley s'étaient débrouillées seules, et Zach et Cléa étaient loin derrière elle. Ils les avaient abandonnées. Méritaient-ils leur amour ? Non, et de toute façon, elles étaient heureuses sans eux, elles s'étaient trouvé une vie malgré leur famille d'accueil dédaigneuse qui oubliait leur existence, elles avaient surmonté la pauvreté, la solitude, l'abandon.
Lym s'allongea sous ses draps et ferma les yeux, mais elle n'arrivait pas à dormir. Elle attrapa par reflexe son téléphone sur sa table chevet – horrible reflexe, puisque d'habitude elle restait alors une éternité sur les réseaux sociaux – et ouvrit Instagram. Une demi-heure plus tard, elle trouva enfin le courage de brancher son téléphone et de se retourner sur son matelas couinant sous son poids. Finalement, elle commença à se repasser comme une sorte de comptine ou de litanie incessante les instructions de Cave, qui lui avait précisément expliqué les différentes étapes qu'elle devrait prendre pour se rendre à l'Académie depuis la maison des Alley. Elle ferma les yeux, enfin, bercée par la répétition des mots complexes qu'il lui avait épelés.
Son réveil sonna, strident et toujours insupportable ; peu importait la sonnerie qu'elle y mettait, elle finissait par l'énerver au bout de quelques jours. Elle aurait bien aimé écraser son poing dessus comme dans les films, pour se défouler, mais ce qui lui servait de réveil était tout simplement son téléphone et elle préférait ne pas le réduire en compote de plastique et de verre.
Elle allait appuyer sur le bouton pour repousser l'heure de son réveil (et après elle s'étonnait d'arriver toujours en retard et d'être finalement réveillée par Mar) lorsqu'elle se souvint de l'endroit où elle se rendait. Dans son sommeil, elle avait totalement oublié l'Académie et les évènements des derniers jours.
En moins d'une seconde, elle fut sur ses pieds, glissa sur un tube de gouache, se rattrapa à un chevalet qui fut entraîné dans sa chute et tomba finalement par terre, écrasée sous ses affaires de peinture et des taches colorées dans ses cheveux roux. Elle pesta contre ses réveils toujours aussi mouvementés, écarta le chevalet, courut vers la porte et trébucha sur un tas de livres entreposés juste à côté, s'étalant par terre, dans le couloir.
Lym se redressa avec difficulté puis courut vers la salle de bain, où elle se doucha, se changea et brossa énergiquement l'énorme masse rousse qui lui servait de crinière : Mar se réveilla quand elle dévala les escaliers pour arriver dans la cuisine.
- Tu vas tomber, la prévint sa sœur, l'air ensommeillé.
- Mais non !
BAM !
- Je te l'avais dit.
La cadette de la famille Alley se redressa avec empressement avec un soupir – être gauche et maladroite faisait partie des capacités innées qu'elle n'avait jamais souhaitées mais avait quand même – et alla se servir des céréales, qu'elle ne put avaler, l'appétit coupé par l'appréhension.
Abandonnant son petit-déjeuner qu'elle n'avait même pas touché sur le buffet qu'avaient miraculeusement réparé les Dragomirs de Cave après la bataille avec Orion, elle remonta dans sa chambre pour en sortir sa valise qui pesait des tonnes et alla la poser devant la porte. Mar, déjà maquillée et apprêtée, la regardait faire, sa tasse de café noir à la main. Ses yeux chocolat soulignés par de l'eye-liner et du mascara, les pommettes roses, ses cheveux roux sombre au carré soigneusement coiffés autour de son joli visage, elle portait un jean totalement déchiré au-dessus de collants noirs et un haut beige : tout en elle était délicatesse et beauté. Et à côté, il y avait sa ratée de sœur habillée d'un vieux jean élimé et d'un sweat vert bien trop grand, avec ses longs cheveux en bataille décoiffés et son visage piqueté de taches de rousseur qui trébuchait sur tout et n'importe quoi.
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DRAGOMIR 🍀 PART1
ParanormalLymerya Alley. Rien que le nom était déjà des plus anormaux. Alors si, en plus, elle voyait des évènements inexplicables et surnaturels autour d'elle depuis son enfance, on pouvait déjà s'imaginer que sa vie ne serait pas des plus communes. Pourta...
✨~[I/10]~✨
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