✨~[I/6]~✨

Depuis le début
                                        

Elle en resta un instant figée sur place, stupéfaite ; à ses pieds, une sorte de serpent d'un profond noir d'encre, de la taille d'un python, à la tête triangulaire au front orné d'une unique écaille rouge, la regardait d'un air mauvais de ses yeux jaunes, dardant sa langue fourchue entre ses longs crocs recourbés.

- On fait moins la maligne ? sourit Orion.

- Vous avez brûlé ma porte ! s'écria la jeune fille, offusquée par cet acte. C'est extrêmement impoli, vous savez...

Il sembla un peu déboussolé par le reproche dans sa voix et le manque de peur qui émanait d'elle ; il ne pouvait pas connaitre l'immense panique qui l'animait mais qu'elle cachait habilement.

- Rends-toi, maintenant, ou j'ordonne à cet apophis de t'attaquer.

Apophis ? Était-ce le nom du serpent noir ? On aurait plutôt dit le nom d'un médicament dégoûtant.

Finalement, Lym songea que la chaise n'était pas une si mauvaise idée que ça et attrapa le banc pour le lancer à sa tête. Il fut tellement surpris par sa réaction qu'il eut seulement le temps de lever son fouet, qui brûla et trancha le meuble en deux aussi facilement que s'il s'était agi de beurre ; sa stupéfaction, en revanche, ne lui laissa pas le temps de prévoir que les braises fumantes de la chaise retomberaient sur ses pieds en le brûlant à travers ses bottes.

Il sursauta en arrière et essaya de se défaire des copeaux grésillant sur ses chaussures, et Lym, surprise par ses propres reflexes, s'élança pour donner un coup à sa main avec son épée de collection. Il lâcha le cylindre de fer, qu'elle fit rouler à l'autre bout de la salle d'un coup de pied, et le laissant avec une seule arme ; mais elle ne vit pas qu'il s'était déjà défait des braises et qu'il brandissait son fouet. Il claqua contre son dos et elle poussa un hurlement de douleur lorsqu'il déchira le dos de son T-shirt, y laissant probablement une entaille. Elle se tourna vers Orion, de la peur pleins les yeux, et le vit brandir à nouveau son fouet enflammé ; un court instant, elle crut qu'elle allait mourir et ferma les yeux dans sa terreur.

Elle les entrouvrit en ne sentant aucune brûlure et vit qu'il avait enroulé la lanière de son fouet autour de l'épée du Hobbit, qui était entrain de fondre sous ses yeux ébahis. Dire qu'elle avait dépensé tout son argent de poche du mois dernier pour s'offrir pareil objet. Elle s'empressa d'en lâcher les restes fumants, effrayée, et vit du coin de l'œil le serpent noir qu'Orion avait appelé un apophis bondir vers elle, la mâchoire grande ouverte et ses crocs incroyablement longs bien visibles dans sa gueule. Elle poussa un cri et se précipita vers la cuisine, se laissant tomber derrière le buffet dans l'espoir d'y trouver un abri, s'asseyant, accroupie, contre la table, le souffle court. Elle entendit le rire moqueur d'Orion et essaya vainement de reprendre sa respiration.

« Tout va bien. Tout va bien. NON TOUT NE VA PAS BIEN JE ME FAIS ATTAQUER PAR UN SERPENT ET UN PSY PAS PSY MAIS PSYCHOPATHE !!! »

Alors qu'elle maîtrisait sa respiration avec difficultés, son regard tomba sur la lame torsadée qu'elle avait envoyée voler au loin. Entendant un léger sifflement, elle l'attrapa sans hésiter puis se tourna vers le bruit.

Le serpent noir à l'écaille rouge sur le front se glissait vers elle sur le carrelage encore intact, ses petits yeux mauvais plissés avec méchanceté, dardant sa langue fourchue entre ses dents pointues. Il se dressa pour être à peu près à sa hauteur, puis se recula légèrement et s'élança d'un bond vers elle, crocs en avant. Même s'il n'était pas vénéneux, une morsure infligée par de pareils crocs suffirait à la tuer. Dans un élan de panique, elle brandit le cylindre de pierre noire torsadée, et sentit plus qu'elle ne vit le serpent se faire transpercer de part en part par la lame ; son sang froid, d'une teinte rouge proche du noir, tacha le carrelage blanc abondamment et son corps glacial retomba comme un tuyau d'arrosage percé par terre, roulant mollement sur le sol et détrempant la cuisine. L'arme avait transpercé son palais pour surgir à l'arrière de sa tête.

Lym sentit la peur se noyer sous l'adrénaline lorsqu'elle vit son exploit, mais immédiatement après, ses bras retombèrent ; l'épée d'Orion était beaucoup trop lourde pour elle. Si son geste désespéré l'avait sauvée, elle savait qu'elle ne pourrait pas s'en servir sans être pataude et lente. Elle lâcha l'épée, la laissant plantée dans le corps sans vie du reptile. Elle entendit les pas d'Orion qui s'approchait lentement, les talons de ses bottes claquant contre le sol, et son cri de surprise et de colère lorsqu'il découvrit les flots de sang noirâtre qui baignaient le sol.

- Tu as tué mon apophis ! rugit-il.

- Sortez de ma maison ! hurla en retour Lym.

- Si tu savais comme ces reptiles sont difficiles à élever ! Pauvre gamine stupide, tu vas payer pour ce que tu as fait !

Il apparut juste devant elle, le visage déformé par une profonde colère, son fouet à la lanière enflammée enroulée autour de son poignet, ne le brûlant miraculeusement pas. Elle se redressa d'un bond et recula jusqu'à se retrouver dos au mur, mais il avança, le regard empli de fureur...

Elle constata la couleur de ses yeux. Rouges. Brillants comme deux braises dans l'obscurité.

Est-ce que ses yeux deviennent rouges lorsqu'il utilise ses pouvoirs étranges ? C'est le cas de Larrow. Lorsqu'il brûlait la barrière, ses pupilles changeaient de couleur.

Elle eut soudain une illumination ; peut-être que le fouet ne le brûlait pas car il avait chauffé ses mains à blanc, comme tout à l'heure, pour détruire la porte de sa maison. Cette conclusion ne l'avançait pas vraiment, cependant.

Il leva le fouet bien haut. Elle se sentit frissonner.

L'adrénaline reflua et elle sentit une peur sans nom la submerger, noyer toute trace de raison. Elle allait mourir. Elle allait mourir !

- Tu vas payer, sale peste ! cria Orion en abattant son arme.

Lym leva les mains pour s'en protéger et ferma les yeux. Une sorte de force immense et surpuissante éclata dans sa poitrine, là où se trouvait son cœur, et elle sentit cette étrange puissance fourmiller jusque dans ses doigts. Elle n'avait ressenti pareille chose qu'une fois dans sa vie. Et ça s'était mal terminé.

Elle sentit le fouet s'enrouler autour de ses doigts, mais aucune brûlure ne la lacéra ; elle regarda ses mains. Brillantes et rouges, comme si du feu consumait ses paumes. Elle avait les mêmes mains qu'Orion quand il avait détruit sa porte, et que Larrow lorsqu'il avait fait fondre le grillage du lycée.

Le fouet ne lui faisait pas de mal car ses mains étaient déjà auréolées d'un feu ardent. Un feu qu'elle se sentait parfaitement capable de contrôler, car c'était elle qui l'avait créé.

(chapitre corrigé ✔)

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DRAGOMIR 🍀 PART1Où les histoires vivent. Découvrez maintenant