- Dégagez ! hurla-t-elle à cet Orion Elgar.
Elle sortit à toute vitesse de la salle, grimpa les escaliers puis s'enferma dans sa chambre en claquant la porte.
Je ne suis pas folle, Mar, quand vas-tu le comprendre ?
Jamais, sans doute. Elle eut un soupir. Il fallait qu'elle contrôle ces colères qu'elle piquait contre sa sœur lorsqu'elle commençait à parler des psys : après l'incident, c'était difficile de se retenir...
J'ai besoin de peindre. Ça me calmera.
Déterminée, elle posa son livre dans son énorme bibliothèque, à sa place pré-décidée, puis alla se changer. Elle jeta son jean et son T-shirt blanc dans un coin, au milieu des boîtes de pizza et des pinceaux clairsemés, et enfila prestement sa tenue de peinture ; sa salopette de jean tachée de couleurs diverses et bien trop grande pour elle. Elle attrapa gouache, aquarelle, toile, pinceaux et eau puis alla se mettre à côté de la fenêtre, laissant entrer un peu d'air, pour commencer à donner des coups de pinceau sur le chevalet. De temps à autres, elle avalait un peu de citron pressé, grimaçant à chaque gorgée à cause de son acidité.
Un visage commença à se former sous le pinceau, à petits traits, à petits coups ; il fallait qu'elle peigne sa préoccupation pour s'en défaire. Elle avait l'impression, alors, de la piéger, de la détenir sur ce papier. Vite se forma un portrait exact d'Orion Elgar, avec sa barbe et son air sévère ; elle jeta un coup d'œil au dessin, mais quelque chose manquait. Regardant les yeux noirs, elle s'aperçut d'où venait son impression. D'un coup de pinceau, elle ajouta un reflet rouge sang aux prunelles... Elle était sûre de ne pas avoir rêvé : il avait bien les yeux rougeoyants, mais qui l'aurait crue ? Comme d'habitude, il fallait qu'elle cache chaque élément surnaturel.
Avec un léger soupir, elle attrapa la toile et la jeta dans un coin, même si la peinture était encore fraîche. Ses préoccupations sur ce psy au nom bizarre s'étaient évaporées.
Bien. Orion Elgar n'est plus un problème. Mar n'a qu'à essayer de me comprendre au lieu de chercher à m'emmener à l'asile !
Elle se remit à peindre et un paysage commença à se former. Un étang avec un saule pleureur dont les longues branches caressaient la surface lisse de l'eau ; il lui fallut des heures pour venir à bout de cette image.
Vers sept heures et demie, Mar l'appela pour le dîner avec espérance de derrière sa porte verrouillée.
- Lym... ? Il est parti... Tu viens manger ?
- J'ai pas faim, merci...
- Tu es fâchée ?
- Je ne suis pas folle, lâcha Lym.
- Je sais, sœurette. Ce psy... Je sais pas qui l'avait appelé. C'était pas moi, je te jure. J'ai promis que c'était fini, les psys, depuis l'incident.
Lym avala une gorgée de sa boisson ultra-acidulée, en silence. Mar n'aurait donc pas appelé le psy ?
- Ouvre la porte, Merry...
- Mar ! M'appelle pas comme ça !
Sa sœur avait tiré ce surnom de son vrai nom, Lymerya. Il voulait dire « joyeux », et elle l'avait bien aimé, autrefois. Puis elle s'en était lassée lorsque Sofy l'avait surnommée Lym... De même, elle avait appelé Elymara Ellie, à une époque. Comme elle, elle s'en était vite départie pour se surnommer Mar.
- Lym, pardon. Tu peux ouvrir ?
- J'ai pas faim, Mar. Vraiment. Merci quand même.
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DRAGOMIR 🍀 PART1
ParanormalLymerya Alley. Rien que le nom était déjà des plus anormaux. Alors si, en plus, elle voyait des évènements inexplicables et surnaturels autour d'elle depuis son enfance, on pouvait déjà s'imaginer que sa vie ne serait pas des plus communes. Pourta...
✨~[I/3]~✨
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