Lymerya Alley.
Rien que le nom était déjà des plus anormaux.
Alors si, en plus, elle voyait des évènements inexplicables et surnaturels autour d'elle depuis son enfance, on pouvait déjà s'imaginer que sa vie ne serait pas des plus communes.
Pourta...
- Bon, Lym, ça suffit, s'exclama Sofy, énervée, en la prenant par l'épaule. Je suis en train de rater mon DS, alors au moins, explique-moi pourquoi.
- Il y avait quelque chose dans les bois, fit enfin Lym en essayant d'en dire le moins possible pour ne pas passer pour une folle. Un ours, quelque chose d'énorme. J'ai pas pu le voir de près mais j'ai peut-être prit une photo... Il faut que je la regarde de plus près sur mon ordi.
- Si c'est un ours, siffla Sofy, l'air soudain curieux, il faut que tu le dises au commissariat... Il a dû s'échapper du zoo.
- Exact, c'est pour ça que je vais sécher.
C'était faux, bien sûr ; la griffe avec sa taille improbable n'était pas celle d'un ours, mais de quelque chose de plus grand, et il fallait qu'elle fasse quelques réglages sur le cliché qu'elle avait prit avec son téléphone pour voir clairement de quoi il s'agissait.
Peut-être qu'ensuite, Mar la croirait enfin au lieu de la prendre pour une folle...
- D'accord, approuva Sofy. Je sortirais une excuse bidon au prof.
- Merci, Sofy, t'es une vraie pote, lui sourit Lym.
Elle lui sourit en retour.
- Je te dois bien ça, tu nous as tellement fait rire en ridiculisant le Criquet, ce matin.
- On se voit demain ? s'enquit son amie.
- Demain.
Lym la salua puis sortit vite par la porte du lycée, arrivant devant le petit tas de compost et de déchets et arrachant à grande peine son vélo du buisson où elle l'avait jeté. Vite, elle grimpa dessus puis se mit à pédaler à toute vitesse, essayant de maintenir son sac sur son épaule.
Elle arriva devant la jolie maisonnette qu'habitaient les sœurs Alley et s'empressa d'aller toquer à la porte. Personne ne lui répondit. Sa grande sœur devait être au lycée, elle aussi : la cadette ouvrit la porte et entra dans le salon, prenant la griffe et son téléphone en jetant son sac dans un coin, avant de grimper quatre à quatre les escaliers qui craquaient sous ses pas. Les Alley habitaient une vieille maison, assez vaste mais ancienne, qu'elles avaient récupérée après leur abandon et la fuite de leur famille d'accueil ; la petite cuisine au sol de carrelage était visible au-dessus du buffet, le salon désorganisé (par sa faute, à vrai dire) était doté d'un canapé et d'une vieille télé qui captait mal, un tapis ne couvrait qu'en partie le parquet ; un escalier menait à l'étage, où se trouvaient les toilettes occupés par une famille d'araignées, et les deux chambres des sœurs Alley. L'une était bien rangée, coquette, avec des étagères pleines de miroirs, de livres de cours, de photos souvenirs, un lit toujours fait, des murs peints soigneusement d'un joli rose saumon. L'autre était constamment en vrac, le lit jamais fait, de la peinture tachant sur les murs vert mousse qui, de toute façon, étaient invisibles sous les milliers de bibliothèques pleines de livres d'aventure et les posters de ses films de fiction préférés. Pinceaux, boîtes d'aquarelles, livres et emballages chiffonnés traînaient au sol.
Lym monta les escaliers quatre à quatre et arriva devant la porte de sa chambre, couverte de posters, affiches et photos de ses idoles et acteurs préférés ; elle poussa la porte et entra dans sa chambre, enjambant les milliards de choses et d'objets divers qui traînaient par terre. Si elle était très méticuleuse et se hérissait dès qu'on touchait, pliait ou salissait l'un de ses livres ou de ses objets de collection, le reste de sa chambre était un véritable capharnaüm. Elle se laissa tomber sur sa chaise à roulettes, alluma son ordinateur et ouvrit Photoshop ; puis, après avoir passé à peu près une demi-heure à retrouver le câble qu'elle avait perdu (et qui se trouvait inexplicablement dans une boîte à biscuits), elle connecta son téléphone au PC et passa les photos récentes dans l'un de ses fichiers. Puis elle afficha la photographie qu'elle avait prise des buissons et commença à la modifier.
Elle zooma sur le lieu où se trouvait la chose qui avait fait trembler les buissons, augmenta le contraste et la clarté au maximum, puis regarda le cliché en silence avant de lâcher un petit rire nerveux.
Elle n'avait pas rêvé ; l'image était floue et sombre, mais elle pouvait très distinctement voir les contours du dos hérissé d'une crête, les yeux perçants à pupille fendue, le long cou et les ailes repliées. Un dragon.
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