La lumière du soleil transperçait difficilement les épais rideaux de velours turquoise, les quelques rayons épars venaient s'écraser faiblement sur le sol tapissé faisant ainsi miroiter la chambre d'une lueur douceâtre.
Comme tous les matins l'enfant regardait ce fascinant spectacle, son corps se détendait alors.
Le jour avait enfin reprit sa place à la nuit. Dans un éternel combat, le soleil gagnait toujours, chassant ainsi le temps d'une douzaine d'heure les terrifiantes ombres ornant si ordinairement les murs du manoir.
Doucement l'air autour d'elle se réchauffait, les tapisseries aux murs reprenaient leurs couleurs vertes originels, le plancher grinçait dans toute la maison signe évident de l'activité des elfes de maison. L'enfant repoussait alors les lourds draps dévoilant son corps chétif et malingre emprisonné dans une chemise de nuit blanche à dentelle.
Quelques timides tapotements se faisaient entendre à la portes suivit d'une minuscule voix.
- Mademoiselle il est l'heure de vous lever.
Et comme à l'accoutumée elle ouvrait la porte, adressait un timide regard suivit d'un sourire à son elfe de maison et toutes deux entraient dans la chambre.
- Avez-vous passé une bonne nuit mademoiselle ?
L'enfant répondait toujours la même chose, inlassablement, qu'importaient les nombreux tourments qui l'assaillait une fois la pénombre tombé.
-Oui, très bien je vous remercie Miss Couples.
L'elfe s inclinait alors, plus par jeu en replaçant sur sa tête le vieux morceau de tissus lui servant de coiffe.
Les lourds rideaux étaient alors tirés, le lit refait par les soins de l'elfe.
L'enfant fixait la devise de sa famille placardé, brodé, sculpté dans toute sa chambre et le manoir "Vis virtutem fovet" soit « La force favorise la morale ».
Presque solennellement, à demi-mot, elle murmurait les mots latins, tant de fois entendue de la bouche de son père lui reprochant son manque de rigueur.
Elle se devait de faire honneur à sa famille, du moins ce qu'il en restait.
Elle se devait d'être la digne fille de son père, à défaut de ne pas pouvoir porter et hériter fièrement du nom de famille tant convoité et respecté à travers le monde des sang pur.
Lestrange.
Cette prestigieuse famille, crainte et observé depuis des générations mais tombant lentement en désuétude depuis l'affiliation à « celui-dont-on-ne-doit-pas-prononcer-le-nom » de 2 de ces membres les plus illustre.
Bellatrix Black-Lestrange et Rodolphus Lestrange.
- Mademoiselle, Madame Malfoy ne vas pas tarder à arriver, il serait préférable que vous revêtiez une tenue correcte avant son arriver.
Madame Malfoy rendait visite à la famille Lestrange 2 fois par semaine, dans le but d'instruire la jeune fille, de lui apprendre l'étiquette, la bienséance et tout ce qu'une jeune fille de son rang devait connaitre.
Normalement la mère devait se charger seule de l'éducation de ses enfants, il était très déplacé de demander de l'aide à une quelconque personne que ce soit. Une femme ne pouvant gérer sa progéniture ne méritait tout bonnement pas le respect accordé généralement aux femmes de son rang.
Mais sa mère n'était pas là pour lui enseigner, ce rôle revenait donc à sa tutrice.
La sœur de la femme du frère ainé de son père, autant dire qu'il avait fallu chercher loin pour trouver une femme de sang pur disposé à enseigner à cet enfant.
Ce rôle serait normalement revenu à sa tante Bellatrix Lestrange mais celle-ci ayant été radiée de l'ordre des sorciers, ne pouvait se charger de la lourde tâche d'instruire sa jeune nièce de sang pur.
C'est pourquoi Narcissa Malefoy passait fréquemment le pas du manoir, plantait son regard sévère sur l'enfant et sèchement lu inculquait les bonnes manières.
L'enfant revêtit une robe à col rond, droite et se terminant sous les genoux.
Une robe digne de son rang.
Miss Couples arrangeait longuement ses longs cheveux bruns, les tressant sur toute la longueur et emprisonnait les quelques mèches rebelles avec des pinces.
- N'oubliez pas vos souliers de dance mademoiselle, ils ont été cirés par mes soins.
Non elle ne pouvait les oublier, comment l'aurait-elle put ?
Ils trônaient majestueusement sur un coussin de velours à l'entrée de sa chambre lui rappelant à chaque instant sa défaite face aux arts appliquée.
La danse, une des rares choses qu'elle n'arrivait pas à effectuer à la perfection, ses pieds s'emmêlaient, son corps perdait doucement mais surement le rythme et tous son être se courbait de manière disgracieuse.
Le silence du manoir fut troublé par le glas sinistre de l'arrivée de Mme Malfoy.
Elle était toujours à l'heure, ne paraissait jamais essoufflés et avait un port de tête impeccable.
Le parfait exemple d'une épouse de sang pur réussis, une stature droite et hautaine, un visage impassible et fier sans oublier des paroles mesuré.
L'enfant descendit les marches, une à une, essayant d'être élégante, gracieuse comme lui avait enseigné Mme Malefoy.
- Bonjour Madame le voyage ne vous a pas paru trop long ?
- Non rassure toi.
Les deux filles déjeunaient ensembles, l'une observant le port de la fourchette de l'autre, la droiture de sa nuque, son choix de couvert jusqu' à sa mastiquassions, qui se devait d'être inaudible.
- C'est la fourchette qui doit aller à ta bouche et non l'inverse.
- Excusez-moi Madame...
- Ton dos.
L'enfant se redressait, arrondissait son coude ou bien demandait à son elfes de recouper sa viande selon les injonctions de son professeur.
Puis les heures de leçons défilaient, plus les injonctions fusaient.
Les pieds douloureux et le dos courbatu l'enfant s'assit quelques instant sur le sol, essoufflé.
Ses petits talons la faisaient horriblement souffrir.
Mme Malefoy se rua vers la petite fille.
- Ne t'assois pas par terre malheureuse !
Elle avait dut descendre des centaines de fois le long escalier, de lourds manuel sur la tête afin de s'assurer de sa parfaite droiture.
Elle n'avait réussis à arriver « indemne » en bas de l'escalier qu'une fois, à chaque fois les manuels glissaient du haut de son crâne et venait s'écraser lourdement sur le sol sous le regard autoritaire de son professeur.
- Excusez-moi Madame je... j'ai oublié...
- Qu'as-tu oublié mon enfant ? la dignité que tu te dois d'avoir, à moins que ce ne soit l'envie de décevoir ton père qui te pousse à « oublier »?
Les exercices reprirent, Mme Malfoy ne semblait se lasser, aucune émotions ne transparaissait dans son regard, contrairement à la petite fille qui peinait a rester impassible.
La douleur lui vrillait les talons et l'ennuie de ces leçons manquait à tous instants de lui arracher un sonore bâillement.
La lourde horloge qui dominait le salon se mit à sonner les coups de midi, signant par la même occasion sa presque liberté.
Mme Malfoy prenait toujours un thé avant de s'en aller, ainsi, confortablement installé dans le petit salon elles parlaient toutes deux de tout et de rien.
Miss Couples apportait toujours une théière de thé chinois à Madame et une tasse de lait chaud à sa maitresse.
L'enfant peinait toujours a lever sa tasse le petit doigt en l'air, sa main ainsi déséquilibré
ne parvenait pas à hisser convenablement la tasse a ses lèvres.
- Comment vas ton père ? Il rentre bientôt ?
- Père va bien, il travaille toujours beaucoup mais devrait rentrer au manoir d'ici quatre jours...Pour mon anniversaire...
Mme Malfoy reposa sa tasse, un long sourire accroché aux lèvres.
- Cela te fera quel âge ?
- 8 ans Madame.
- Tu pourras bientôt assister aux repas...il faudra redoubler d'effort !
Le sourire sur les lèvres de l'enfant se figea, l'année prochaine commencera sa venue dans le monde des grands même si elle le savait très bien, la réel reconnaissance sociale se faisait a 11 ans, une fois la répartition faites à Poudlard.
Si par malheur elle ne recevait pas de lettre, lui informant la présence de pouvoir magique, elle se verrait renié de la grande dynastie des Sang pur, où règne avant tout la suprématie du sang.
- Ton port de nuque, ta posture à table et ta lecture du latin laisse encore à désirer...il faudra travailler cela d'arrache-pied pour que l'on puisse te montrer.
L'enfant acquiesça tristement. « Impassible jeune fille ».
Madame Malefoy se leva gracieusement et dans un élan maternel embrassa tendrement la fillette sur le haut du crâne arrachant un sourire timide à l'enfant.
- Joyeux anniversaire.
L'elfe lui apporta son manteau de fourrure et son sac à main mais trébucha sur un tapis s'étalant de tout son long sur le sol.
Mme Malfoy regarda hautainement l'elfe.
- Si cet elfe ne peut plus faire son travail je demanderais à Rabastan de lui couper la tête.
Le professeur se dirigeait en direction de la porte lorsqu'une petite main s'accrocha à ses vêtements.
- Excusez-moi Madame...mais... avez-vous apportez les livres que vous m'aviez parlé ...avant-hier ?
- Les livres DONT je t'ai parlé, et ne t'ai pas déjà dit qu'il ne fallait pas quémander ?
- Si mais...
- Et concernait le fait de répondre aux adultes ?
La petite fille se tut, honteuse.
Mme Malfoy soupira, cela était un manque considérable de bienséance, et extirpa de son sac quelques livres d'enfants dont son fils ne se servait plus.
La petite fille sautilla de joie et prit précautionneusement les précieux ouvrages des mains de son professeur.
-Merci Madame ! je les lirais très rapidement !
La femme sourit doucement, cette enfant arrivait toujours à lui voler un sourire.
Elle était si obéissante, et si douce...
Viendra le jour où son innocence se verra terni, inévitablement.
La femme se retira, se dépêchant de quitter la demeure Lestrange, trop sombre à son gout.
Rabastan et avant lui Rodolphus, le mari de sa sœur, avait condamné la plupart des fenêtres, par paranoïa. La malédiction des Lestrange continuait de subsister...
Elle se surprit à pouffer, la voilà à penser comme ces commères !
Mme Malefoy regagna le manoir Malefoy, embrassa son fils sur la tête et salua son mari.
Cependant elle sentit son cœur se serrer à la pensée de l'enfant Lestrange, seule, enfermé dans la demeure sombre des Lestrange, avec à la main les anciens livres de Draco.
** C est un long premier chapitre, j' espère que ça ne vous a pas décourager pour autant ! Un petit commentaire, juste pour me dire votre ressentit serai le bienvenue ! Merci d avoir lu ma fic .