Beaubâtons ce sera.

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Ses larmes semblaient avoir trouvé un vallon où s'écouler paisiblement et sans discontinuité, peut-être ces torrents allaient-ils creuser de profonds sillons entre l'arrête de son nez et l'arrondies de ses joues. En attendant que sa peau ne s'érode définitivement, l'oreiller sous sa tête était constamment trempé ; jour comme nuit.

Irina ne se leva pas le lendemain matin, ses amies avaient bien tenté de la faire quitter son lit, mais le monticule de couettes était resté immobile ; de simples gémissements s'extirpant des tréfonds du désespoir. Irina Lestrange ne manquait jamais un cours, jamais elle n'avait fait l'école buissonnière où s'était fait porter pâle pour profiter d'un peu de temps libre. C'est pour cela que Lucie apparut dans l'embrasure du dortoir la fin du premier cours écoulé, mais Irina resta muette.

Lorsque ses amies étaient dans les parages, elle tentait de réprimer ses sanglots, mais sitôt la porte fermée et le calme revenu dans sa chambre, elle laissait libre cours à toute la haine, la rage et le dégout de cette terrible situation.

À peine avait-il fallu à Aaron d'apercevoir sa vie pour s'enfuir aussi sec, elle ne pouvait même pas le blâmer ; si elle avait pu s'enfuir, elle l'aurait fait.

Mais si Aaron avait ce luxe, celui de rayer définitivement la jeune fille de sa vie et tout ce qui en découlait, Irina ne le pouvait pas. Elle ne pouvait pas plus se couper de sa famille gangrenée que s'arracher un membre avec les dents.

À midi Maggie supplia Irina d'aller à l'infirmerie, mais Irina se contenta d'un « Je suis juste un petit peu fatigué. » qui ne convainquit personne. La jeune Lestrange n'avait pas à cœur de manger, de lire ou de même quitter ses draps ; tout ce qu'il lui importait était de se fustiger pour cette histoire d'amour piteusement commencé et tragiquement fini.

Après le crève-cœur de l'abandon lui vinrent la colère et la haine ; une rage immense envers Drago et Goyle. Ces deux jeunes hommes qui avaient menacé son petit ami pour des raisons brumeuses. Elle ne pensait pas qu'ils puissent mettre à exécution ces menaces. Ce n'étaient que des adolescents, des garçons qui avaient fait les gros bras pour se donner de l'importance.

D'ailleurs, pourquoi Drago ferait-il ça ? Elle savait Drago familier à l'exercice, la tyrannie du jeune Malefoy envers les premières années en tant que préfet était connu, mais là il avait délibérément choisi d'associer à ses menaces le spectre des mangemorts. Surement pour donner plus d'empreintes à son récit.

Mais elle en voulait aussi énormément à Aaron, ce garçon qui malgré leur premier baiser échangé n'avait pas hésité à couper les ponts sans une once de remords.

Il l'avait si facilement répudié alors qu'elle avait tant de mal à laisser se faner ce futur phantasmé.

Et elle en voulait à Aaron de tout son être ; lui qui n'avait pas su la préférer à sa famille, qui après une menace perpétrée part des adolescents préférait lui intimer l'ordre de ne plus lui parler.

Une partie d'elle comprenait la décision d'Aaron, lui avait une famille aimante qu'il souhaitait préserver. Mais elle n'avait pas envie d'être conciliante, Irina exécrait la sympathie et répudiait l'amour tandis que ses larmes de désespoir se perdaient dans son édredon. Aaron avait rompu avec elle parce qu'elle n'en valait pas la peine, elle ne valait pas la peine qu'il risque sa famille. Par ailleurs, le risque était très limité, elle ne devait donc pas valoir grand-chose à ses yeux...

Encore une fois, une douleur sourde lui vrilla le cœur, Irina repartit en sanglot de plus belle.

Une petite voix mesquine ne cessait de proférer des paroles cruelles de vérité.

EndolorisOù les histoires vivent. Découvrez maintenant