Un bébé imaginaire

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Déboussolée, la jeune fille se redressa, prête à passer le pas de la porte et s'en aller, mais, elle ne pouvait pas.

Un dernier regard à cette intimité ravagé la conduisit, presque inconsciemment à attraper les objets.

Un à un, elle les replaça dans des boites, qu'elle poussa sous le lit.

Elle prit délicatement les vêtements éparpillés et les replia du mieux qu'elle put avant de les remettre dans l'armoire éventrée.

Elle referma les couvercles, replaça les cartons dans les armoires et ferma tous les tiroirs ; pour plus de netteté. Du plat de la main, elle lissa les rideaux et aligna les quelques livres présents sur la table de chevet et le bureau. À l'intérieur d'un petit tiroir du guéridon, elle remarqua de petites boites dont une au couvercle bombé criblé d'argent aux arabesques complexe, après avoir hésité un instant, elle le claqua. Sirius ne méritait pas qu'elle se mette a tout fouiller, elle avait déjà largement outrepassé les limites de la bienséance. Elle ne garantissait pas qu'un jour elle ne cèderait pas la tentation, celle de s'engluer dans les artefacts et souvenirs de ce père inconnu, mais là, au vu de la complexité de sa vie ; elle ne pouvait se permettre cette fantaisie inutile.

Quand elle serait prête, elle continuerait sa quête, tout en gardant ce cordon de sécurité entre elle et Sirius Black ; jamais elle ne le connaitrait et ce n'étaient pas quelques boites en argent rutilantes ni quelques feuilles de papier qui changerait ce constat : il était mort.

Irina rabattit les couvertures sur le lit à baldaquin qui resterait à jamais froid et jeta un œil satisfait à son travail. Une chambre rangée approximativement, mais qui au moins ne dégueulait pas ses trésors et mystères aux yeux du premier venu, ou du seul en l'occurrence, elle-même.

Apaisée, elle referma le battant de la porte.



La curiosité mêlée à l'ennui de retourner au manoir Malefoy l'a poussa à s'égarer un peu plus profondément dans la bâtisse grinçante.

Privé de toute vie, et même de l'acariâtre présence de Kreattur, le manoir Black semblait assoupi.

La jeune fille passa un doigt sur le dessus du soubassement aux abords de la chambre de Sirius et dégagea un petit tas grisâtre de poussière. La saleté commençait a s'accumuler sur tous les supports, finalement peut être que l'elfe de maison n'était pas si inutile après tout. Un peu plus loin, une porte d'un noir de jais entretenue placardé des lettres RAB attira son attention. En même temps qu'elle enclenchait la poignée, elle sortit sa baguette de sa poche ; mieux valait toujours se méfier dans les vieilles maisons de sangs purs, particulièrement celles où la pratique de la magie noire était encouragée. Si l'Ordre du Phénix était au moins aussi motivé que les troupes du Seigneur des ténèbres, il fallait s'attendre au pire.

Mais la porte ne s'ouvrit pas, elle était verrouillée. Irina rangea sa baguette et partit à l'assaut des autres pièces. Au fur et à mesure de ses visites elle apprenait à connaitre les lieux, elle comprenait désormais l'enchevêtrement étonnant des pièces.

Mais le 12 square Grimmaurd n'était pas que le QG de l'Ordre, à ses yeux c'était ce mélange de peur et de honte, mais aussi cette soif de cet héritage perdu et inavouable.

Le trajet retour en Magicobus se passa sans heurt, les photos dans le creux de sa main, enfoncé dans son sac en bandoulière ; Irina caressait les clichées à l'insu de tous. Au fond de sa besace, des visages souriaient inconscients de leurs morts à venir.





La routine d'Irina à la veille du 1 er septembre était désormais bien rodé, bien qu'elle se trouvât au manoir Lestrange et non pas chez elle ; les habitudes étaient les mêmes.

EndolorisOù les histoires vivent. Découvrez maintenant