Le testament

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Le manoir Malefoy semblait bien froid et sans âme ainsi sens dessus dessous.

Chaque couloir, pièce, boudoir et placard à balais avait été fouillé, mis à sac par les agents du ministère.

On pouvait voir des objets brisés et des meubles entourés d'une protection magique empêchant les habitants des lieux de pouvoir y toucher. Sous ces investigations, le resplendissant manoir Malfoy avait perdu de sa superbe, exposé par la truffe fouineuse des chiens du ministère ; les secrets de la famille avaient été éventés et répandus à même le sol. Irina marchait avec appréhension entre les débris des secrets de Lucius, le mangemort semblait garder chez lui une impressionnante collection d'artéfacts de magie noire.

La porte du bureau de du patriarche avait été arraché, surement a coup de sortilèges, et tout avait été fouillé. La jeune fille vit même le mur opposé de l'imposant cabinet d'ébène, éventré. À l'intérieur, des débris de plâtre et de bois, mais aussi, des étagères, désormais vides qui avaient dû accueillir des objets ou documents d'importances.

Irina ne voulait pas savoir ce que son oncle pouvait bien avoir caché jusque dans les entrailles de sa maison. L'avoir vu attaquer farouchement Harry Potter et ses amis lui avait suffi pour réviser son opinion de l'homme. Être un mangemort, meurtrier d'enfant impliquait des activités délictueuses et dangereuses qui avaient valu à Lucius un aller pour Azkaban, elle ne voulait pas en savoir plus.




Irina se sentait déconnecté, immunisé contre toutes ces tragédies. Loin de ses émotions et de toutes ces tribulations internes qui avaient fait palpiter son cœur.

Comme un trop plein qui a finalement débordé, la jeune fille se retrouvait comme un vase vide et inutile.

Elle avait trop pleuré cette injustice, ce père qui n'en était pas vraiment un. Ces pères qui n'avaient jamais eu de place dans sa vie pourtant si vide d'amour. Ni Rabastan ni Sirius Black n'avaient pu remplir le pathétique trou dans sa poitrine, pas plus que Hélène Carrow.

Mais pire que ça. Elle se sentait trahie, salie par le crime de Rabastan.

Elle se l'imaginait monstrueux, avec un visage aussi haineux et excité que lors de l'attaque au ministère de la magie. Elle visualisait la haute stature de son père, caché sous ses sempiternelles frusques larges et sombres ; son austère baguette fusionnée à son poing alors qu'il menaçait et exécutait une femme sans visage, tenant dans ses bras un nourrisson qui n'était qu'un tas de couettes ; elle.

Hélène n'avait pas de face, parfois l'esprit d'Irina accolait à la silhouette mouvante de la femme son propre visage, mais rien de certain. Parce que cette femme, cette Hélène Carrow, devait bien lui ressembler. Au moins un petit peu, comme Catherine ressemblait à sa mère ou Drago à ses parents.

Avec application, Irina était parvenue à empêcher le visage, surpris devant la mort, de Sirius Black de s'imposer à son esprit pour en comparer les similitudes. La face choquée et marquée par 12 années d'Azkaban de l'homme n'avait pas été assez ravagée par l'injustice de sa vie pour qu'elle, sa fille, ne se retrouve pas dans ces yeux écarquillés d'étonnement.



La haine avait consumé son cœur de longues heures durant, puis la tristesse avait tout englouti ; noyé sous les larmes lasses d'une enfant qui ne pouvait que pleurer ces actions passées et à jamais hors d'atteinte.

Et maintenant.

Ne lui restait rien.

Plus rien ne semblait animer son cœur mort dans sa poitrine. Depuis son arrivée au manoir Malefoy et sa crise de larmes carabinée dans les bras de Narcissa, les yeux d'Irina étaient restés étonnement sec, même la colère avait déserté son corps ; comme enfoui sous une chape de lassitude.

EndolorisOù les histoires vivent. Découvrez maintenant