L'art de se rendre inintéressant

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Irina et Drago appréhendaient les fêtes de Noël. La jeune Lestrange aurait été enchantée, transportée si cette année encore, son père ne lui avait pas envoyé de courrier. Mais malheureusement pour elle, une lettre était arrivée, semblable à celle reçue par Drago, un courrier dans un écrin crème cacheté par le sceau Malefoy. Contrairement à la lettre de son cousin, ce n'était pas la fine écriture de Narcissa, mais celle anguleuse de son père. Ainsi Rabastan avait-il eu la présence d'esprit de ne pas faire envoyer de courrier à sa fille sous son propre sceau, mieux valait-il faire profil bas avec les recherches des aurors en ces temps troublés. Elle était donc invitée à une réunion, le soir même des vacances au manoir des Malefoy.



Le matin du départ, Irina embrassa ses amies et rejoignit le wagon de Drago. Il lui semblait plus judicieux de ne pas risquer d'être vu sur le quai de Kings Cross en compagnie de ses camarades au sang si peu respectable selon les préceptes racistes de ses aïeux.

Pour ce retour, ils n'étaient que deux dans la cabine. Peut-être ses camarades de Serpentard étaient-ils restés au château pour les fêtes à moins que Drago n'ait expressément demandé à être seul, accompagné de sa seule et silencieuse cousine. Ensemble, le jeune Malefoy n'avait pas besoin de faire le fier, de flirter avec Pansy ou de répondre aux blagues de ses amis ; il pouvait simplement perdre son regard dans l'horizon visible dernière la vitre du train et ne plus prononcer un mot.

Irina ne s'offusquait pas de ce mutisme, peut-être était-ce pour cela qu'il l'avait accepté à ses côtés ; elle ne l'embêtait jamais, ne se moquait pas et d'une certaine manière, ils partageaient un quotidien similaire. Cela les amenait à se comprendre sans un mot et à accepter les travers et exactions passés sans n'en garder aucune rancœur. Ainsi, Irina et Drago se contentèrent de quelques bribes échangées durant la collation ou à la vision d'un paysage particulièrement magnifique ; sans ne jamais parler de cette lettre et de cette réunion où ils avaient été conviés sans les autres enfants de mangemorts.



Sur le quai, la silhouette longiligne, toujours impeccablement vêtue de Narcissa Malefoy se découpait dans la foule de parents inquiets. À peine eut-elle aperçu son fils qu'un sourire soulagé détendit ses traits, la femme n'agita pas la main, mais ne détacha pas un instant ses yeux de Drago. Le jeune homme s'extirpa en premier du wagon, récupéra sa malle et rejoignit sa mère qui, pour le saluer, passa une main affectueuse sur le dos droit du jeune homme. La jeune Lestrange les rejoignit le plus rapidement possible, ne sachant pas si son père allait miraculeusement apparaitre au côté de Narcissa ou si elle ne le verrait pas de toutes les vacances. Mais, la clairvoyance de Narcissa n'étonnait plus Irina.

-         « Bonjour mon chéri et toi aussi Irina. » à l'adresse de sa nièce, elle dit :« Ton père n'est pas ici, il m'a chargé de vérifier que tu étais bien dans le train ; je te ramène avec nous au manoir. Et ce soir, vous rentrez chez vous après la réunion. »

Le jeune Malefoy transporta sa propre valise tandis qu'Irina peina un peu avec la sienne jusqu'à la file d'attente pour les cheminées.

En un éclair, ils furent tous au chaud, entre les quatre murs de marbre du manoir des Malefoy.

-         Irina, je te laisse attendre avec Drago jusqu'à la réunion de ce soir, je vous conseille de rester au premier étage près de sa chambre. Une seule consigne, ne montez pas au deuxième étage, pour ne pas déranger nos invités.

Bien que le doute subsistât sur les identités de ces convives, aucun doute quant à la dangerosité d'outrepasser cet ordre. Ainsi les adolescents restèrent strictement dans la chambre de Drago, angoissés et muets en attendant que les heures défilent. L'adolescent semblait ennuyé de partager son intimité et le temps de repos qu'il aurait pu passer avant la réunion avec sa cousine plutôt que seul, mais il avait la gentillesse de ne pas la mettre dehors exposée à tous les périls que représentaient les inconnus derrière les portes closes et les passants des corridors.

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