Le manoir Black

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Après ces explications Irina devait honorer sa part du contrat. Trop abasourdit pour répliquer, le mot suicide tournait sans cesse dans son esprit, se superposant avec ce qu'elle connaissait de l'obscure notion de s'enlever la vie, c'est-à-dire pas grand-chose.

Il lui fallait des preuves de ce que son père avançait sans sourciller, l'homme avait paru peiné, affecté de lui raconter ce passé dont elle ne gardait aucun souvenir.

Si sa voix avait peu tremblé, le regard de Rabastan avait été fuyant, comme plongé vers ces brumeux souvenirs qu'il avait tenté d'enterrer.

-           Avez-vous des photos de ma mère ? demanda Irina en se dirigeant vers la porte à la suite de la stature imposante de Rabastan.

Le sorcier hocha favorablement de tête.

-           Pourquoi ne me les avez-vous jamais montrées ?

- Elle ne le mérite pas... Si elle avait voulu que tu saches qui elle était, elle n'avait qu'à ne pas nous abandonner.

L'adolescente tiqua sur ces paroles, le suicide et l'abandon n'étaient pas identiques.

Elle imaginait plutôt le suicide comme le dernier rempart à une situation désespérée, la dernière solution à une terrible vie dont il n'existait aucun abandon possible...

Mais elle n'allait pas tenter de discourir avec son père, il avait toujours des idées tranchées et implacables sur tous les sujets et elle n'avait pas la sottise d'une péronnelle pouvant s'imaginer faire changer d'avis les adultes désillusionnées.

Surtout qu'il ne s'agissait pas de savoir si oui ou non Hélène méritait que sa fille la connaisse, mais que la jeune fille en aurait eu besoin. L'enfant qu'elle avait été n'aurait peut-être pas ployé sous le fardeau de s'imaginer tueuse de sa propre mère...

-           Je veux voir les photos après... Après le square Grimmaurd.

Alors que Rabastan la faisait sortir par la grande porte du manoir, Irina tentait de se convaincre que ce à quoi elle consentait en le suivant n'était pas une mission de mangemort.

Non elle ne le faisait pas pour son père, pas pour cette stupide cause qui l'avait déjà tant fait souffrir elle et ses amis ; elle ne suivait pas vraiment les ordres du seigneur des ténèbres ; ce « maitre » terrifiant qui régnant sur tous ses serviteurs. Non, elle le faisait pour son besoin viscéral et égoïste d'enfin connaitre cette mère qui l'avait porté et bercé pendant 9 mois puis élever pendant 1 an.

Rabastan agitait la contrepartie de son aide apportée aux desseins du tyran ressuscité. La jeune fille toisait à la dérobé ce père intransigeant et immuable qui pourtant semblait affecté par ces secrets révélés, il paraissait vieux.





Un peu à l'écart du grillage ouvragé des Malefoy, Rabastan transplana avec sa fille pour atterrir sur le parvis d'une vieille maison coincé entre des bâtiments aussi vieux et à l'apparence impropre.

À quelques pas de là ; Irina reconnut Bellatrix Lestrange et Rodolphus, son oncle.

Elle se reprit vivement, irritée. Cet homme, ces gens n'étaient pas de sa famille de sang, pas plus qu'ils n'appartenaient à celle de cœur. Avec un soulagement bien dérisoire, Irina se dit qu'elle pouvait les détester sans mettre à mal cette obligation filiale si durement apprise dans l'enfance par son père et Narcissa.

Derrières les deux mangemorts, deux hommes qu'Irina ne connaissait pas, vêtu de cape noire passe-partout, ils ne saluèrent pas les nouveaux arrivants. L'un roula même des yeux, un air excédé sur le visage.

EndolorisOù les histoires vivent. Découvrez maintenant