La chambre de Sirius

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Devant elle, un elfe minuscule au visage si fripé que ses yeux avaient disparu sous les plis de sa peau.

La créature avançait difficilement sur ses jambes osseuses et trainait derrière lui un chiffon, surement pour nettoyer. Comme à chaque fois qu'elle croisait un elfe, plus particulièrement d'une apparence aussi misérable que celui-ci, Irina sentit son cœur se serrer. La vie de servitude des elfes de maisons, entre sévices et obligations, était difficile à accepter.

L'elfe baragouinait, à la volée, la jeune adolescente comprenait certains mots et elle était prête à réviser son jugement.

« Traitre à son sang » « Sang de bourbe » et autres ignominies sortaient de la bouche déformée du petit être, à l'image du tableau terrifiant dans l'escalier.

Arrivé à trois mètres d'elle, l'elfe se rendit compte de sa présence, il ne semblait pas avoir été alerté par les cris du tableau.

-           Qui êtes-vous, que faites-vous dans la digne demeure des Blacks ?

-           La fille de Sirius Black, la demeure m'a été léguée dans le testament de...

Comment nommer cet homme ? Mais l'elfe coupa court à ces pensées invasives par de petits hurlements de cochon presque incompréhensible.

-           Ohh noon. Kreattur ne veut pas appartenir à la batarde de Sirius Black ! Kreattur ne veut pas !

La créature se laissa tomber au sol et, comme parcourut de tics, triturait son pagne difforme d'une main. De ses petits poings abimés il frappait le sol en scandant ne pas vouloir appartenir à la fille d'un traitre, à une batarde... Irina sentit le rouge lui monter aux joues, si même cet elfe se permettait d'insulter son lignage et l'absence d'union entre ses parents... Les elfes de maison étaient pourtant discrets, agréables et serviles tandis que celui-ci apparaissait irascible, aigri et à demi fou, parcouru de tics incontrôlables.

Le malaise qui ne l'avait pas quitté depuis toute cette histoire s'intensifia.

Cet endroit ne lui plaisait pas, elle n'était pas chez elle en dépit de l'héritage, le miteux manoir Black n'était pas le sien. Une nausée, un impérieux besoin de sortir à l'air libre naissait dans ses entrailles tandis qu'elle rebroussait chemin vers l'entrée.

À pas vif elle regagna l'air frais et apprécia le soleil aveuglant sur son visage, ses yeux s'étaient entre temps habitués à l'obscurité des lieux.

Devant elle, les visages enthousiastes des mangemorts ; s'introduire dans le quartier général de l'ordre, un rêve pour eux.

-           Le maitre sera content. dit l'un des hommes qu'elle ne connaissait pas.

Encore une fois, les adultes encerclèrent la porte et lancèrent une série de sortilèges, surement pour faire tomber les barrières.

-           Fais-nous renter ! exigea Rabastan.

Irina le toisa avec tout le respect dont elle était capable malgré son agacement et ce malaise niché au creux de ses entrailles, son ton se fit plus dur qu'elle ne l'aurait voulu lorsqu'elle lui demanda la manière dont elle pouvait s'y prendre. Les adultes se lancèrent des regards, espérant déceler sur le visage de leurs compères une épiphanie, mais personne ne savait.


-           Mais comment peut-elle entrer ?

-           C'est son sang, dit Bellatrix. Le droit du sang à posséder ce lieu comme héritage est plus fort que le fidélitas. Le manoir Black est entouré de protections de sortilèges immémoriaux.

EndolorisOù les histoires vivent. Découvrez maintenant