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Les vacances de Pâques passèrent. Irina se refusait à accoler un quelconque adjectif à ce constat.

Comme expérimenté depuis déjà quelques années, à chaque retour au manoir, Irina évitait Rabastan. Cette habitude ancrée dans le mode de fonctionnement du duo Lestrange faisait planer sur la bâtisse un silence pesant. Aucun bruit ne venait plus ébranler le manoir, il n'y avait même plus le remue-ménage réconfortant des elfes de maison.

Le visage de la jeune Lestrange était hideux, l'ecchymose jaunâtre sur son nez s'était désormais élargie à ses cernes faisant ressortir le bleu pâle de ses iris et lui donnant l'ai d'un panda malheureux. Sa lèvre fendue avait bien guéri, au bout d'une semaine, ne restait plus qu'un mince trait rougeâtre imperceptible. Malgré la laideur de son visage, Irina se surprenait à se regarder attentivement. Avec une ferveur nouvelle, elle se plongeait dans le bleu des iris de son reflet ; une nouvelle fierté montait en elle.

Elle a réussi à se défendre ; si après l'attaque son sentiment de victoire lui était apparu assez limité (en rapport avec les plaies et le sang coagulé sur le visage) ; il était indéniable que sans les cours de l'AD cela aurait été bien pire.

Jamais elle n'aurait pensé conjurer un sort de défense en situation critique ; lors des entrainements, à chaque fois que le stresse ou l'angoisse était monté en elle, elle avait perdu ses moyens ; mais sous une gerbe de sortilèges et d'insultes, elle était parvenue à se défendre.

Oui sa défense s'était faite assez limité. Un simple protego, soit le deuxième sort qu'ils avaient appris, mais elle était fière d'avoir su s'en sortir. Désormais, elle regardait ses plaies avec un brin de contentement, non plus comme la preuve de son échec, mais comme une promesse d'amélioration.

De plus, la mine ébahie de son père resterait gravée en elle, Rabastan n'avait pas envisagé qu'elle puisse parvenir à se défaire de son emprise et à lever sa baguette face à lui.

Et peut-être pour la première fois, il avait été impressionné par son talent.

Bien évidemment Irina ne recherchait plus désespérément cet éclat de fierté dans les yeux de son père, elle n'était plus l'enfant renfermée cherchant à tout prix à plaire ; mais savoir qu'elle s'était surpassée au-delà même de ce que son père envisageait était stimulant.

Sans qu'elle ne s'en rende compte, une barrière s'était abattue, désormais elle se savait capable de se défendre. Pour l'instant pas question d'attaquer, mais elle avait la puissance et surtout la capacité ; le savoir-faire et l'expérience viendraient. Enfant, elle avait toujours eu une peur irrationnelle de l'échec, après tout, dans son monde l'amour et la sympathie se méritaient.

Qui aurait bien pu l'aimer avec ses échecs ? La vie lui avait offert un cerveau bien fait ; ainsi Irina n'avait jamais eu à pâtir de lacunes scolaires, seule la pratique avait été son point faible depuis le premier jour à Poudlard. Et, les années avaient décoincé cette barrière qui était devenue mentale plus que technique. Parce qu'Irina Lestrange avait la capacité de réussir et même plus encore.







Rabastan n'avait pas menti, Irina était entièrement rétablie pour la rentrée scolaire.

Les jours avaient effacé les traces visibles de la violente attaque, le temps lisserait peut-être le traumatisme de s'être vu menacer par un parent.

Irina avait descendu sa valise dans le vestibule tout en prenant bien garde à ne pas paraitre trop enjoué. Pas question d'afficher une mine excitée ou épanouie, un air contrit était de circonstance si elle ne voulait pas retenter le diable tout de noir vêtu assis dans le salon. Si les sorts fusaient à nouveau, Rabastan gagnerait assurément, mais Irina ne pensait pas qu'il se risquerait à l'exercice à une si courte échéance de la rentrée ; il n'aurait alors plus aucun moyen de dissimuler son attaque.

EndolorisOù les histoires vivent. Découvrez maintenant