Lancer, ou ne pas lancer

106 15 3
                                    


-           Vas-y ! aboya Amycus, presque à son oreille.

Elle leva le bras, galvanisé par la peur de subir la morsure du Doloris en cas d'inaction.

Son cerveau tournait à plein régime et son corps, parcouru d'adrénaline, lui remémorait les souvenirs enfouis de son expérience infantile du sortilège. Comme s'il n'avait fallu que l'étincelle pour que tous les effacements reviennent dans les interlignes de sa mémoire. Alors qu'elle ne s'était souvenue d'aucune sensation, d'aucun souvenir exact de cette tragique nuit où son elfe était mort, décapité par la main furieuse de son père ; désormais, son corps fourmillait d'angoisse et de douleur.

Les poils de sa peau se hérissèrent et, par vagues, elle ressentit avec plus de vivacité que jamais les ravages du sortilège Doloris.

Derrière elle, sans les voir ; Irina ressentait l'impatience des Carrows, ils trépignaient, surement, leur sourire carnassier fané. Consciente qu'ils ne la laisseraient pas muette beaucoup plus longtemps sans intervenir manu militari, elle se fit violence et releva plus sa baguette.

Elle devait agir, sinon ils le feraient, assurément à Neville et possiblement à elle aussi.

Comme ayant capté ses pensées, Amycus fit claquer sa langue sur son palais d'énervement et fit tonner sa voix comminatoire :

« Irina, fais-le ; je n'attendrais pas éternellement ».

Tout amusement ou douceur envolée de sa voix. Surement trop aveuglé par la certitude du cadeau qu'ils lui avaient fait en lui laissant le loisir de torturer Neville ; ils n'avaient pas instants pensés que leur nièce puisse ne pas partager leur euphorie.

La voix rugueuse de son oncle fit courir un frisson sur son épine dorsale.

Elle était prête à agir, elle sentait la formule, là qui s'apprêtait a roulé sur sa langue.

Mais, elle croisa le regard de Neville.

Fier.

Faussement impassible.

Sa respiration saccadée évoquant de concert sa terreur.

Ses deux grands yeux, débordant de l'horreur la plus glacée.


Elle avait surement eu le même regard, écarquillé par l'appréhension, déchirée par la colère et la haine de son père lorsqu'il avait levé sa baguette pour lui lancer le même sort.

Et là, face à cette réflexion, elle sut qu'elle ne pourrait pas le faire.

Elle ne pourrait pas lancer ce sortilège impardonnable, ce concentré de douleur ; celui même qui avait rendu fous d'agonie les parents de Neville.

Elle abaissa le bras, consciente des conséquences de son refus.

Sans un mot Amycus lui lança le Doloris alors qu'elle était de dos.

Une explosion de douleur, un voile jaune et rouge jeté sur les yeux, sur son corps. Elle ne sentait plus rien, chaque membre comme explosé et réduit en miette. Il lui était impossible de cerner sa personne, les limites de son corps ou de son esprit. Tout était condensé en un agrégat immonde de la plus aiguë des douleurs.

Elle ne se rendit compte qu'elle avait arrêté de respirer qu'en pouvant reprendre une goulée d'air frais.

Amycus avait levé le sortilège.

Elle se trouvait par terre, sans avoir conscience d'être tombée. Aussi soudainement qu'elle était apparue, la douleur avait cessé, ne lui laissant que cette étrange impression d'électrification dans le corps et ce brusque retour à soi.

EndolorisOù les histoires vivent. Découvrez maintenant