Est-ce que j'en vaut la peine?

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Ce premier baiser échangé transportait le cœur de la jeune adolescente.

Ainsi, Irina se terra dans ses pensées toute la soirée, un sourire niais plaqué sur ses lèvres.

Objectivement, ce baiser n'avait pas suscité en elle ce qu'elle avait pu espérer. Dans les romans d'amour, les contacts y étaient décrits comme électriques, parcourus de la fureur de l'élan amoureux ; tandis qu'avec Aaron, cela avait plutôt été un maladroit bisou moite.

Mais ce n'était pas tant la qualité supposée de ce baiser qui la mettait en joie, mais le souvenir chérissable de l'adolescent rougissant. Tandis que ses amies jouaient aux échecs ou commençaient leurs devoirs, Irina rêvait.

Ce soir-là, ses paupières clause furent la scène de l'incroyable imagination qu'une jeune fille amoureuse de 14 ans possède. Des rêves doux et colorés s'infiltrèrent sous les cils d'Irina Lestrange et ils éloignèrent les si récurrents cauchemars. Le manoir Lestrange et les colères de Rabastan s'évanouir sous le tracé des traits de Aaron et des manières embarrassées du jeune adolescent. Les songes d'Irina furent le théâtre de scénarii rocambolesque où pour la première fois, Irina se voyait parée de l'attention amoureuse d'un garçon, cela importait peu que ce premier baiser n'ait rien provoqué ; l'imagination saurait parfaitement combler cette décevante première fois par un agglomérat de paillettes et de récits édulcorés.



Le lendemain matin, heureuse de pouvoir retrouver le garçon et de continuer l'histoire là où la brigade inquisitoriale l'avait arrêté, Irina arpenta le réfectoire, mais aucune trace du Poufsouffle.

Loin de l'alarmer, Irina connaissait une jeune fille qui avait elle aussi tendance à manquer le déjeuner pour gagner quelques dizaines de minutes de sommeil en plus. Les deux amoureux s'étaient donné rendez-vous la veille pendant la pause repas aux alentours de la bibliothèque. Irina le retrouverait là-bas, en attendant elle pouvait se délecter d'un bon petit déjeuner comme seul Poudlard offrait à ses étudiants.

Les cours de la matinée s'égrenèrent sans grands faits remarquables à part peut-être le manque flagrant d'attention de la jeune Lestrange. Elle qui était si vive et attentive en cours se trouvait les yeux dans le vague à la recherche de débris de songes romanesque.

Irina arriva donc en avance sur le lieu de rendez-vous, persuadé que Aaron ressentirait tout comme elle l'urgence de la revoir après ce baiser échangé. Cependant aucune trace du jeune homme.

Après un instant, des pas retentirent dans le couloir adjacent, pressée, Irina se releva et lissa sa jupe.

Mais ce ne fut pas Aaron qui apparut au coin du mur, Drago avançait à pas serein vers elle.

Sans un mot, il se posta à côté d'Irina et calla son dos contre le mur dans une posture indolente.

Les deux cousins ne s'étaient pas reparlés depuis les vacances de pâquee et l'incroyable irrespect de Drago après que Rabastan l'ait frappé. Au lieu de compatir, il s'était moqué et avait accusé ses fréquentations comme pour excuser sa délation auprès d'Ombrage ou la folie de son père.

Irina n'avait aucune envie de lui parler, et Drago n'amorça pas un geste, il semblait lui aussi attendre quelqu'un. Ce ne pouvait pas être un hasard que Drago apparaisse à cet exact moment dans ce couloir spécifiquement alors que Aaron se faisait remarquer de son retard.

-           Il ne viendra pas, tu sais.

Irina arqua un sourcil, il ne pouvait pas être au courant.

-           Je ne vois pas de quoi tu parles.

-           Bien sûr que tu sais de qui je parle, Aaron Miller, le sang-mêlé, il ne viendra plus.

EndolorisOù les histoires vivent. Découvrez maintenant