Le bal

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Le soir même, Irina retourna chez les Malefoy.

Elle avait subtilisé discrètement une photo de sa mère, celle où la jeune femme tenait fermement dans ses bras un poupon grisâtre, mais où un sourire éclatant apportait un peu de joie à son visage devenu blafard par la fatigue et le manque de soleil.

Irina n'était pas persuadée que son père ne l'a pas vu glisser précipitamment le cliché dans la poche de son gilet, les lieux étaient trop exigus et Irina trop inexpérimentée dans le vol ou la dissimulation.

À son retour dans le hall de marbre des Malefoy, Narcissa ne lui demanda rien.

Malgré l'heure tardive, la femme proposa à son invité une collation pour pallier son repas manqué. Irina refusa poliment et s'enferma dans sa chambre.

Trop d'émotions et d'angoisse avaient parcouru son corps dans les dernières 24h et elle devait dormir ; longtemps.



Ni Rabastan ni aucun autre mangemorts ne vinrent l'embêter durant le mois de juillet, Irina put ainsi naviguer dans le foyer éclaté de Narcissa et de son cousin. En l'absence de Lucius, Drago semblait se complaire dans un rôle de patriarche stéréotypé malgré son jeune âge.

Il déambulait avec une stature nouvelle et parlait aux elfes avec plus d'autorités et un ton sec dont le jeune adolescent blond n'était pas coutumier. Irina aurait surement trouvé cette transformation risible si elle n'avait pas vu dans les yeux bleus de son cousin une détresse prégnante ; Drago faisait de son mieux pour supporter la situation et sa méthode était la pantomime simiesque qu'il pensait être le rôle d'un homme.

À l'égard de Narcissa, le mince jeune homme se comportait avec plus de douceur, de gentillesse ; comme s'il manipulait une enveloppe fragile. Mais la mère Malefoy n'était pas de ce bois, l'absence de son mari la chamboulait assurément, mais pas au point de faire d'elle une pauvre femme esseulée.

Alors, lorsque Drago se montrait d'une prévenance bien supérieure a tout adolescent égoïste de 16 ans envers sa mère, Narcissa le remerciait et lui conseillait de retourner à ses activités.

La femme ne voulait priver son fils des derniers vestiges de son enfance en le chargeant du dur rôle de père de famille d'autant plus que les évènements se profilant à l'horizon n'annonçaient pas le retour des moments candides.

Autour d'une tasse de thé, lors d'une des nombreuses et récurrentes sorties de Drago, Narcissa confia à Irina qu'elle était terrifiée pour son fils.

Pas que ce discours fut très nouveau, Narcissa était un peu mère poule sur les bords et avait toujours craint pour son fils que cela se fit par l'intermédiaire de mauvaises fréquentations ou des accidents magique au sein de Poudlard.

Mais cette fois-ci, Narcissa tremblait sous le coup d'un autre type de menace, elle craignait de voir s'abattre sur la tête blonde de son unique enfant le courroux du seigneur des ténèbres en représailles du lamentable échec de Lucius.

Pour ne rien arranger à l'angoisse de sa mère, Drago découchait parfois ; Narcissa arpentait alors les couloirs du manoir en espérant que chaque bruissement du vent annonçait le retour de son fils.

Irina entendait alors à travers le battant de sa porte à coucher les pérégrinations incessantes de sa tante dans toute sa demeure jusqu'à des heures tardives.

Mais Drago réapparaissait toujours dès le lendemain matin, et personne à table lors du déjeuner n'affrontait les conversations fâcheuses.

« Où disparaissait donc Drago ? »

EndolorisOù les histoires vivent. Découvrez maintenant