Une bataille de boule de neige

679 53 7
                                    

L'air frais de janvier rougissait les nez et obligeait filles et garçons à sortir emmitouflés sous d'épaisses écharpes en laine et de gant brodé.

Le réveil était particulièrement difficile, s'extraire des draps tiédis par le sommeil est toujours ardus lorsque le dehors est glacé.

Au moins ici les cheminées de tout l'étage contribuaient à réchauffer les dortoirs des écoliers.

Au manoir Lestranges les cheminées ne fonctionnaient pas toutes, et il y faisait bien plus froid durant l'hiver.

Le retard de Catherine se faisait tous les jours de plus en plus remarqué.

Elle manquait parfois le petit-déjeuner ; juste pour profiter d'une demi heure de sommeil en plus.

Ses camarades chapardaient alors quelques viennoiseries pour sustenter leur camarade qui, le ventre vide, n'était pas capable de suivre les cours.

Irina, dans sa chemise de nuit épaisse d'où apparaissait largement mollets et poignets, grelottait toute la nuit. Il n'y avait pas à dire, elle détestait l'hiver. Et pourtant elle ne profitait pas plus de la chaleur estivale, cloîtré dans sa maison en pierres humide la canicule était très supportable. Elle aimait les climats tempérée.

A par les cours, Irina partageait son temps entre les devoirs, les jeux de société au coin du feu et les sorties dans le parc du châteaux où se jouait parfois des batailles de boules de neige.

-Alors, vous venez ce soir à 20 heures? Devrait y avoir la plupart des 2ème années ! s'enquit une Serdaigle à Irina, Catherine et Lucie.

D'un seul regard, les trois filles s'accordèrent en un sourire malicieux.

Une autre bataille acharné allait se mener ce soir, au nez et à la barbe de Rusard et des professeurs.

Normalement la bataille n'atteignait pas l'intérieur du château mais les boules ensorcelés étaient parfois difficiles à diriger...

Irina n'aimait pas le froid, et détestait par dessus tout avoir de la neige fondu dans ses bottes ou sous son pull mais la perspective d'un moment amusant entre amies la déridait toujours.

Et un peu de froid valait bien l'adrénaline et les rires de se savoir sur un champ de bataille où la pire chose qui pouvait arriver était une boule de neige en pleine figure !

Le soir même, après le repas, discrètement, une partie des Serdaigles quittèrent leur salle commune.

Ils avaient tous dû attendre que les préfets aient le dos tourné, leur accoutrement ne laissait guère de doute sur leur dessein rendant encore plus périlleuse leur évasion.

Tous portaient deux pull, plusieurs bas et écharpes.

- T'aurais pas dû tant t'habiller ! Là tu tombes jamais tu te relèves ! La taquina Catherine en la poussant du coude.

Irina pouffa et admit qu'elle pouvait à peine plier les coudes mais au moins le froid ne l'atteignait pas.

Une fois à l'extérieur du château, l'immensité du parc de nuit s'offrit a eux.

L'air du soir avait une odeur particulière à moins que cela ne soit dût qu'au silence pénétrant.

Ils s'approchèrent tous du lac, seul bruit dans la nuit les légers bavardages et le crissement des bottes dans la neige encore intacte.

L'air glacé leur emplissait les poumons et des nuages de vapeur encadraient leur visage.

Catherine avait un drôle d'air ainsi éclairé par le seul astre lunaire, ses yeux paraissait agrandit et une joie toute malicieuse d'outre-passer les règles faisait scintiller ceux-ci.

EndolorisOù les histoires vivent. Découvrez maintenant