Le dortoir de Salazar Serpentard

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Médusée, mais très calme, Irina se laissa guider par les Carrow vers les rangs alignés des jeunes drapés d'émeraude.

Au loin, elle chercha ses camarades de chambre, enfin sa dernière camarade, Maggie, mais cette dernière avait disparu. Peut-être l'attendrait-elle une partie de la nuit en se demandant où elle avait bien pu passer, leurs dortoirs vides de trois lits sur quatre lui sembleraient surement gelés.

Mais, l'esprit de la jeune Lestrange avait bien de mal à se concentrer sur la pénible situation de son amie, car son propre cas n'était pas encore résolu. Sur sa nuque, elle sentait les regards pleins d'animosités des Serpentard. Son oncle et sa tante avaient plaidé sa cause et son nouveau statut aux deux préfets qui n'avait eu d'autre choix que d'accepter. Si le directeur Rogue était dans la confidence, leur mécontentement avait bien peu de poids.

Désormais, le professeur Slughorn, directeur de la maison Serpentard, argumentait avec véhémence auprès des Carrow tout en lançant des regards gênés à Irina qui restait de marbre. Défait, il s'entretint longtemps avec les préfets de sa maison.

En retrait, Irina attendait qu'ils l'emmènent, elle ne savait pas où se trouvait le dortoir des Serpentard ni comment on y accédait ; et tandis qu'elle patientait, l'angoisse au ventre, les élèves lui lançaient toutes sortes de regards peu amicaux. Finalement, la préfète l'invita d'un mouvement de la tête à la suivre. Drago aurait dû pouvoir l'accompagner, mais Irina n'avait pas vu son insigne de préfet contrairement aux années précédentes, c'était un autre garçon qui avait obtenu ce rôle.

Quasiment seules dans les couloirs, les deux retardataires se dirigèrent vers les salles de cours de potions dans les sous-sols du château. Une Serpentarde et une Serdaigle vers les dortoirs du grand Salazar. Daphnée Greengrass, comme se présenta la préfète, sembla hésiter un instant devant un mur d'apparence vide. La jeune femme se mordit la lèvre, en proie à un doute dont Irina se doutait d'être la raison. Jamais un élève d'une autre maison n'avait passé le seuil de la salle commune des Serpentard et Daphnée se trouvait obligé de transgresser cette règle tacite.

- Voici l'entrée de la salle commune de Salazar Serpentard... Commença la préfète d'une voix calme et mesurée. Pour y entrer, tu dois prononcer le mot de passe, cette année c'est « grandeur ».

Aussitôt, le mur de pierres grises faiblement éclairé se mit à onduler, à vibrer ; sa surface lisse se métamorphosa en des écailles de serpent d'un gris soutenu et presque brillant par endroit. Le corps du reptile de pierre s'écarta pour laisser paraitre une porte immense de trois mètres de haut en bois lustré.

Et pendant un instant, aucune des deux jeunes filles ne bougea. Finalement, Irina avança la main vers le battant qui la séparait de l'antre des Serpentard.

Elle s'était attendue à une obscurité digne de la salle de cours de potions de Rogue, peut-être à une atmosphère chargée de fumée et d'humidité d'où la seule source de chaleur et de lumière proviendrait de feux de cheminée. Une petite partie d'elle-même imaginait la salle commune des Serpentard semblable à la tanière d'un serpent et surement aussi au sinistre que lui inspirait le seigneur des ténèbres. Elle savait ces raccourcies entre les élèves de Serpentard et Voldemort néfastes et stéréotypés, mais une part d'elle-même avait établi ces connexions malgré son esprit critique.

Cependant, ce qui la frappa ne fut pas l'odeur de moisie mais une agréable chaleur et une odeur entêtante de feux de cheminée. Devant ses yeux, elle découvrit un lieu purement grandiose.

Au-dessus de sa tête une verrière complète de cristal ouvragé qui même en cette soirée illuminait doucement la pièce de l'opalescence de la lune à travers l'eau verdâtre du lac.

EndolorisOù les histoires vivent. Découvrez maintenant