Endoloris

1 er octobre 1982

Irina ressortit de la bâtisse, silencieuse.

Elle s'était laissé le temps de sécher ses larmes et de se reconstituer un visage neutre avant de retrouver les adultes, toujours sur le parvis. Les mangemorts étaient agités, à la fois désireux d'entrer dans les lieux et angoissés de stationner en plein Londres alors qu'ils étaient recherchés par le ministère.

Malgré leurs sorts de protections, rester au même endroit était dangereux, ils devaient partir.

-           Je n'ai rien trouvé. Déclara Irina sans détour.

L'après-midi était bien entamé et le zénith avait fait place aux douces couleurs de l'été. Elle avait dû passer des heures allongées parmi les objets de Sirius.

-           On renverra la gamine chercher des preuves. Claqua Rodolphus en rajusta sa cape ; prêt à partir.

« Ne me demandez pas mon avis surtout !» pensa Irina en grinçant des dents. Elle n'était pas sûre de vouloir revenir, surtout sous la garde rapprochée des mangemorts avides de résultats.

Le petit groupe d'adultes échangea un regard sobre avant de disparaitre en un craquement à tour de rôle.

Seuls restaient Rabastan et sa fille sur le perron du 12 square Grimmaurd. L'homme attrapa avec lenteur son bras pour le glisser dans le sien à la manière du transplanage d'escorte.

-           Je te dépose chez les Malefoy.

-           Et notre marché ?! Vous m'aviez promis de me montrer des photos de ma mère !

Pas que son père soit un modèle de vertu, mais de là à imaginer qu'il ait pu la berner tout ce temps...

L'adolescente sentit le crève-cœur de la trahison et la colère monter en bouffée sur ses joues avant que Rabastan ne cède ; sans aucune difficulté. Peut-être avait-il simplement oublié la contrepartie de ce marché.

Les deux Lestrange disparurent et, sans aucune nausée, Irina réapparue sur le perron de chez elle. De sa maison.

Avec une joie exacerbée par cet été chaotique loin de chez elle, elle respira à plein poumon l'odeur du hall de son manoir. Avec ravissement elle redécouvrit chaque brique et plaque de carrelages de son entrée et les lambris du hall.

Bien que les deux manoirs de sangs purs Lestrange et Black partageaient des similitudes dans leur conception et choix de décoration, la ressemblance s'arrêtait là.

La maison Back tombait véritablement en lambeaux, elle pourrissait sur pied, probablement seulement debout grâce à une batterie de sorts. L'inoccupation des lieux pendant près d'une décennie avait incrusté l'odeur prenante de poussière dans chaque tapisserie ; à cela s'ajoutait l'âcre puanteur de moisissure dans les recoins sombres et humides des pièces de l'étage.

Irina suivait son père à distance respectable, Rabastan se dirigeait vers le couloir menant vers son bureau situé à côté de sa chambre à coucher.

La jeune fille n'avait jamais mis les pieds là où son père dormait et en de très rares occasions, toujours sur l'invitation de ce dernier, là où il travaillait.

Ainsi, ce fut avec cette pointe d'appréhension mêlée à de l'excitation qu'elle succéda à son père à travers l'embrasure de son bureau.

La pièce semblait grande ainsi vidé de ses meubles, résultat de la saisie d'huissier quelques années auparavant.

Au sol, sans structures pour les contenir, des boites de livres et de papiers, sans aucune valeur pécuniaire pour les rapaces du ministère.

L'homme se dirigea vers un pan de mur et sortit sa baguette, d'un geste vif et à voix basse il marmonna des paroles qui restèrent inaudibles à Irina.