Une nouvelle Serpentarde

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Après une visite dans un Préaulard dévasté et désert où ne survivait que les boutiques essentielles, Irina avait fait ses bagages et attendu mitiger le départ pour Kings Cross.
Contrairement aux autres années, ce n'était pas le Poudlard immuable, foyer réconfortant et inchangé qui lui ouvrirait ses bras : mais un tout nouvel établissement privé de son directeur et de surement bon nombre de ses élèves et professeurs aux statuts de sang troublé.

Cette perspective l'angoissait, le 1 er septembre avait toujours été la pierre angulaire de son été, le moment où son quotidien effaçait l'ennui et l'inconfort de sa vie au manoir aux côtés de son père.
Elle s'attendait au pire, à un château vide, froid, où ne brillait plus d'éclats de rire ni ne vibrait de cette énergie adolescente. De plus, elle ne savait pas dans quelle mesure Poudlard resterait en dehors de la mainmise des mangemorts ; ils n'auraient aucun intérêt à aller et venir entre les murs d'une école. Surement seraient-ils trop pris ailleurs, à réaliser leurs crimes et exactions pour briser Poudlard à leur image.
Cependant, Irina n'imaginait pas un Poudlard sans aucune présence des partisans de Voldemort, premièrement l'établissement ne pouvait rester insensible à la crise politique secouant la société en dehors de ses murs de pierres, puis il aurait été stupide pour le seigneur des ténèbres de ne pas investir un peu de son temps pour façonner les esprits des jeunes futurs mangemorts.

Une question encore en suspens n'avait pas trouvé de réponse dans la presse; qui obtiendrait le titre de nouveau directeur de Poudlard ?
Il semblait fortement improbable à Irina que cette décision se fasse sans aucune influence des sbires du mage noir, il possédait une armée conséquente et de nombreux membres influents de la société ; telle une araignée venimeuse qui étendait sa toile le plus loin possible pour augmenter ses chances d'attraper ses proies. Voldemort était partout.
Malgré ce constat bien triste, Irina souhaitait tout de même quitter le manoir et son père.
Depuis leur discussion, Irina se sentait étonnement apaisé, bien sûr, ses doutes, ses angoisses n'avaient pas disparu, mais elle pouvait maintenant respirer plus facilement.
Par ailleurs, cela lui avait permis de tourner un regard moins dur vers Rabastan, il était un criminel, un homme aux idées arriérés et délétères, mais sous cette crasse subsistait encore un minimum de sens moral et ; au moins à un moment de sa vie, même imparfaitement, son cœur avait battu pour quelqu'un.

Et Irina le pensait, quelqu'un qui pouvait aimer n'était jamais totalement perdu.


Elle n'aurait su l'expliquer ni mettre des mots sur ce changement en son sein, mais quand elle fermait les yeux elle parvenait à visualiser cette chaleur, cette boule de fou brulante qui répandait par vagues successives une chaleur apaisante. Son ventre n'était plus dur, vide et froid ; cette flamme embrasait désormais tout son corps et venait lécher de ses langues de feu de joie sa tristesse. Un espoir nouveau avait repris possession de son être et une conviction enfantine s'imposait parfois à elle quand la lassitude ou la langueur s'imposait à elle ; tout irait bien, tout irait mieux un jour.

Cette année, elle n'avait même pas demandé à Rabastan de l'emmener. Elle n'était pas sûre que sa position de criminel à demi-recherché soit suffisante pour le protéger des aurors, mais ce dont elle était persuadée était son désintérêt total de partager cet évènement avec lui.

Alors, à 9h du matin, bien avant l'heure du train, elle quitta les lieux ; après avoir tout de même veillé à laisser un message manuscrit sur la table du salon informant son père de son départ pour Poudlard.
Sa malle lourde et encombrante à sa suite ; elle rejoignit la route et appela le magicobus qui comme elle l'avait imaginé, arriva bondé. Tout comme elle, de nombreux étudiants accompagnés de leurs malles et parfois, d'un adulte avaient opté pour les transports en commun pour rejoindre le Poudlard express. En un rien de temps, ils furent à Kings Cross et le bus se vida comme un seul homme.
Il restait plus d'une heure à Irina pour flâner dans la gare, heure qu'elle passa sur la place de la gare sur un banc à observer le balai des passants moldu pressé. Avec tristesse elle se fit la réflexion que tous ces gens, du côté moldu de la gare ne se rendait pas compte de ce qui se tramait de l'autre côté du mur entre les quais 9 et 10.

EndolorisOù les histoires vivent. Découvrez maintenant