Le 31 au matin, tous les élèves de Poudlard et des autres écoles étaient rassemblés dans le hall à 8h.
Il semblait qu'aucun élève n'avait eu une panne de réveil malgré les veillées tardives auprès du feu bleu de la coupe.
D'un seul homme, les trois directeurs firent leur entrée, le professeur Dumbledore les remercia de leur ponctualité et entama son discours.
Fort heureusement, comme pressé par la foule, le directeur de Poudlard ne s'étendit pas comme à l'accoutumée et se dirigea vers la coupe.
Il passa le cercle d'une enjambée élégante.
- Ah tient il a plus de 17 ans ? nargua Catherine. Il ne les fait pas.
D'un souple mouvement du poignet il plaça sa paume au-dessus des flammes qui pourtant ne lui léchèrent pas la peau.
Une longue gerbe de lumière aveugla l'assemblée et un papier minuscule jaillit de la coupe pour atterrir dans la main ridée du directeur.
Lentement, il déplia le bout de parchemin, encore et encore...
- En combien de fois elle l'a plié son papier ! grinça des dents un garçon voisin d'Irina.
Et il avait bien raison, c'était une « elle ».
- Pour représenter l'école de sorcellerie de Beaubâtons, Fleur Delacour !
D'un geste théâtral il invita la jeune élue à ses côtés.
Le bruit assourdissant des applaudissements emplit la pièce alors que les regards cherchèrent la gagnante.
Une grande blonde mince et rouge d'émotion retraversa la limite magique pour serrer la main du directeur.
Elle reçut une caresse amicale de sa directrice sur l' épaule et rejoignit la salle des gagnants à l'arrière de la salle.
Le directeur attendit que le silence se fasse de nouveau dans l'assistance pour étendre ses doigts au-dessus de la coupe.
Cette fois encore un papier en jaillit et se logea directement entre la paume experte du sorcier.
Il mit moins longtemps à le défroisser et annonça haut et fort.
- L'école de Durmstrang a pour champion... Viktor Krum !
Les élèves aux capes de fourrure tapèrent en rythme du poing sur la table alors que le champion à l'air hirsute se dirigeait vers Dumbledore.
Krum s'avança d'un pas peu assuré vers le directeur de Poudlard, lui serra la main fermement et, après avoir échangé un discret sourire avec son directeur, rejoignit Fleur Delacour à l'arrière de la salle.
La tension monta encore d'un cran pour les élèves de Poudlard, à croire que la coupe préférait les faire languir le plus longtemps.
Encore une fois (et heureusement), un dernier papier s'extirpa de la coupe.
Le petit morceau de parchemin attirait toute l'attention, le nom inscrit dessus était l'avenir de Poudlard dans cette compétition millénaire. Dans quelques secondes, des dizaines d'espoirs seraient brisés.
- Le champion de Poudlard est... Cédric Diggory !
Un tonnerre d'applaudissements monta dans l'assemblée.
Contrairement aux autres écoles, les élèves de tous les niveaux de Poudlard étaient réunis gonflant les rangs des supporters de Cédric.
Les Poufsouffle étaient presque montés sur les tables à la mention du nom de leur champion.
Il était vrai que la maison du blaireau n'avait pas beaucoup eu l'occasion de se couvrir de gloire, de nature loyale et peu vantarde, les Poufsouffle avaient tout de même remporté la coupe de Quidditch l'an passé avec pour capitaine le même Cédric Diggory.
Le jeune homme sortit du rang acclamé par ses pairs, le visage rose d'excitation.
Comme les autres champions, il rejoignit le cercle et échangea avec Dumbledore un sourire avant de disparaitre dans la salle du fond.
L'euphorie quittait doucement les rangs des étudiants quand une lumière rouge illumina de nouveau le visage du directeur de Poudlard.
Alors que la main du Dumbledore attrapa machinalement un petit bout de papier expulsé de la coupe le silence s'étendit dans l'assemblée.
- Harry Potter...
Le vieux sorcier tonna pour la deuxième fois haut et fort.
- Harry Potter !
Sans trop comprendre ce qui se passait, le jeune homme brun sortit des rangs presque poussé par ses camarades.
Harry Potter s'avança prudemment jusqu' au directeur, ce dernier, sans un mot de plus lui montra d'un mouvement de la tête le fond de la salle où les différents élus s'étaient réunis après leur nomination.
Le directeur de Poudlard se pâra d'un magnifique sourire vu les circonstances, sourire non imité par les autres directeurs dont l'étonnement pouvait se lire aisément.
Avant que la stupeur ne quitte la foule d'élève, Dumbledore dissolu l'assemblée, leur souhaita à tous une bonne fin de matinée et laissa les autres professeurs prendre le relais de la foule.
Irina eut juste le temps d'apercevoir les trois directeurs s'engouffrer par la porte au fond de la salle avant d'être bousculée de toute part.
Catherine tourna un visage profondément choqué vers sa camarade.
- Qu'est-ce qu'il vient de se passer...
Le professeur Rogue dût faire la grosse voix et utiliser son regard si particulièrement noir pour que les élèves de Poudlard acceptent de quitter la grande salle et de revenir à d'autres activités.
Activités qui consistaient à spéculer dans les couloirs en restant le plus près possible de la porte pour être aux premiers rangs dès le retour du directeur.
Les élèves de Durmstrang et Beaubâtons étaient attroupés en groupe homogène ne laissant entrer aucun tricheur dans leur cercle.
Pas besoin de parler français ou russe pour comprendre ce que les adolescents étrangers pensaient.
- On va tous passer pour des tricheurs... Dans le monde entier...
Irina était assise par terre aux côtés de ses amis, en rang d'oignons.
- Si ça se trouve c'est pas du tout ce qu'on croit.
- Bah on a quand même clairement vu un quatrième papier sortir de la coupe, avec le nom d'un deuxième élève de Poudlard. Je ne sais pas pour vous mais ça me paraît difficile à justifier, maugréa Catherine.
Cette dernière ne cessait de se tortiller pour couvrir son entrejambe, en effet les jupes des filles ne permettaient pas réellement de s'assoir confortablement en tailleur sans dévoiler leurs sous-vêtements.
Finalement, elle se résolut à mettre son sac de cours au centre de ses jambes, préservant ainsi sa pudeur.
- Qu'est-ce que j'aimerais porter un pantalon à la place de ces jupes pas pratiques.
- Je ne comprends pas, comment ça peut être possible, marmonna Irina.
- De quoi ? Porter des pantalons ?
- Non, quatre sorciers à la coupe des trois sorciers. Ça ne doit pas être permis.
Et malheureusement l'intuition de certain se réalisa le soir même lorsque Dumbledore annonça la candidature de Harry Potter comme deuxième champion de Poudlard et quatrième du champion des trois sorciers.
A la tête de Mme Maxime et de Mr Karkaroff, eux n'étaient pas très enthousiastes de cette nouvelle.
Bien qu'ils n'aient jamais paru très jouasses, l'air dur de leurs traits et leurs membres tendus et raides n'indiquaient pas une bonne disposition à la fête.
Alors que la table des Gryphondor semblait toute guillerette, la tablée la plus morose était indubitablement celle des Pouffsoufle.
Et on pouvait les comprendre, pour la première fois ils étaient mis sur le devant de la scène, pour une fois ils avaient la possibilité de briller parmi tous les élèves de Poudlard mais aussi dans l'entièreté du monde magique.
Et la triche leur enlevait loin d'eux ce rêve de gloire à peine effleurée.
Mais de manière globale, tous regardaient Harry Potter avec animosité, d'avoir triché, d'avoir réussi a tricher, d'avoir encore une fois attiré l'attention.
- Il est quand même spécial...marmonna Lucie en se réservant de la purée.
- Qui ça ?
- Harry Potter ! Il a vaincu Vous-savez-qui alors qu'il n'était qu'un bébé, il a battu le serpent géant dans les sous-sols de l'école et maintenant, il a réussi à déjouer le cercle magique d'âge de Dumbledore.
Pensive, Irina s'arrêta un instant.
- Tu as raison, il est vraiment spécial.
Malgré le tournoi des trois sorcier, Poudlard restait une école.
Et comme dans toutes les écoles, les cours et les leçons s'enchainant étaient la norme.
Une sorte de normalité reprit les rênes de Poudlard et, à part les tenues exotiques des élèves étrangers, rien ne tranchait sur le plat paysage écossais.
Les cours de troisième année n'étaient pas drastiquement plus difficiles que l'année précédente, les professeurs ne cessaient de leur pointer les futures buses de la quatrième année comme une montagne insurmontable. Ils leur restaient presque deux ans avant de se soucier sérieusement de ce genre d'évènements désagréable.
Le cours le plus intéressant était celui d'option, celui d'étude des runes.
Premièrement, la salle de spécialité était à demi remplie, de quoi créer une atmosphère plus intimiste entre enseignants et élèves.
Certes Irina et Catherine ne pouvaient donc pas passer leur temps à discuter, mais elles n'avaient aucune envie d'interrompre le professeur Babbling. Deuxièmement, cette femme était étonnante, elle savait manier d'une main de fer une classe d'adolescent forcément turbulent à cet âge, tout en administrant compliments et encouragements, sans oublier que son cours était construit et diversifié.
De quoi ravir Irina.
Et enfin, ils devaient beaucoup lire, l'étude des runes se basant sur des documents anciens et jaunis, vestiges d'une époque révolue, les jeunes élèves devaient parcourir de lourds ouvrages et de fraiches retranscriptions pour faire leurs devoirs.
Leur professeur n'était pas comme le professeur McGonagall, elle ne les enterrait pas sous des pages et des pages de dissertations, elle leur laissait même avancer sur leurs devoirs une fois leurs exercices finis, à condition d'être silencieux.
- Tu n'as pas encore fini ? chuchota Irina à son amie la voyant encore raturer son exercice de transcription.
- A ton avis ? tu sais bien que j'adore gaspiller mon encre sur mes feuilles pour le plaisir de refaire mes exercices !
Irina déplaça latéralement sa copie vers son amie, feuille qu'elle repoussa doucement.
- Je vais m'en sortir, je te dis si j'ai besoin.
Irina rangea son exercice pour se replonger dans le devoir de la semaine prochaine.
- Pourquoi tu n'as pas pris l'étude des moldus ? s'enquit Irina. Tu connais déjà tout, ça aurait été facile pour toi.
Catherine sourit à pleines dents.
- Mais voyons ma chère ! cela n'aurait pas été amusant ! Avoir un 20 sans travailler que de facilité, cela n'aurait été en aucun cas instructif ou satisfaisant.
Catherine reprit un air plus sérieux, et ricana.
« Imagine le pire, si je n'avais pas eu 20, ça aurait été honteux !».
Si l'intérêt d'une matière résidait en la difficulté de celle-ci, la matière la plus morne devait être celle de métamorphose. Or Irina passait de longues heures à relire les manuels conseillés par le professeur McGonagall.
Mordu d'une fièvre de connaissance comme aucune autre matière n'avait suscité. Elle s'était déjà avancée pour presque finir le programme de troisième année. Dans l'été, elle avait facilement réalisé les innombrables devoirs de vacances de son enseignante, elle avait dû se restreindre pour ne pas avoir fini de lire ses manuels avant même le début des cours.
La bibliothécaire n'en pouvait plus de voir la bouille de la jeune Lestrange, elle ramenait ses livres à une telle fréquence que Mme Pince semblait persuadée qu'elle ne les lisait pas vraiment.
Mais Irina les lisait bien, elle consignait même les faits marquants et essais dans un petit carnet séparé du cours du professeur McGonagall, de quoi garder traces et surtout pouvoir réutiliser ses connaissances et exemples.
Malheureusement, les métamorphoses les plus saisissantes n'arriveraient qu'en cinquième année et plus. La métamorphose animale était bien en dehors de la portée des apprentissages en solitaire de la jeune fille.
À la fin d'un cours où tous avaient tenté de transfigurer une pile de grimoires en un seul et même ouvrage, Irina prit son courage à deux mains et attendit de pouvoir discuter avec le professeur McGonagall.
Le visage habituellement sévère de la femme se détendit un peu en voyant la jeune fille s'avancer.
- Puis-je vous aider miss Lestrange ?
- Euh...Je pense oui, j'ai fini de lire la plupart des ouvrages de métamorphoses de la bibliothèque, j'ai fini tous ceux que vous avez conseillés en début d'année.
Un sourire indulgent fendit les lèvres de l'enseignante.
- Tous ? Cela m'étonnerait, il y en a pour des centaines de pages.
Irina sortit alors de son sac son petit carnet bleu.
- Peut-être pas tous, mais j'ai consigné toutes les informations que je considérais importantes.
Intrigué, le professeur McGonagall tendit une main et parcourut l'ensemble de pages couvert de l'écriture soignée de son élève. Elle s'arrêta même sur un schéma très complet et dont la finesse du trait lui fit arquer un sourcil admiratif.
- Je... Auriez-vous d'autres ouvrages ? Ou des conseils pour que je puisse continuer d'approfondir mes connaissances de mon côté ? Je sais que la métamorphose animale arrivera bien après celle des végétaux, mais je n'ai trouvé que «Eumycètes,Astéracées, Euphorbiacées de l'approche à la transformation» à la bibliothèque.
- C'est parce que plus on avance dans la métamorphose plus les connaissances requises en anatomie et structures sont fondamentales. Vous n'avez pas encore réellement raté des métamorphoses, mais ce danger bien réel devient de plus en plus prégnant lorsque l'on commence à travailler avec le vivant.
Irina reprit son carnet des mains noueuses de son professeur, passa quelques pages et lui montra la section réservée à des pages et des pages de dessins de végétaux et de croquis de champignons sous tous les angles. L'enseignante lâcha une onomatopée admirative devant le sérieux de la jeune fille. Pendant un instant elle oublia presque avoir devant elle une élève de 13 ans, elle voyait l'implication d'une passionnée, le feu de la découverte brillant dans ses yeux bleus.
La femme se rapprocha de son bureau et tira un long parchemin dont elle griffonna rapidement une partie. Le bout de papier s'éleva dans les airs en un coup sec de baguette pour atterrir dans les mains de la jeune Lestrange.
- Votre implication est sans failles, la plupart des ouvrages de métamorphose intermédiaires et avancés se trouvent dans la réserve. Les aspics de métamorphoses restent très générales et la métamorphose animale n'est pas réellement approfondie dans mon cours. Donnez cette autorisation à Mme Pince, elle vous amènera les documents renseignés.
Les joues rouges du compliment de son enseignante, Irina se fendit d'un sourire et se dirigea à pas rapide vers la porte.
- Miss Lestrange, ces livres sont pour étayer vos connaissances, ne vous y essayer pas seule. Revenez me voir quand vous aurez fini ces ouvrages, ensemble nous pourrons voir quoi faire.
- Merci professeur ! Je ferais très attention, merci.