367-Arc Ashfeld : Acte LXXXIV Lumière Rouge

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Le feu crépitait, lui semblait-elle. Le silence des ombres farceurs, dansantes, leur spectacle dans cette pièce qui sentait le renfermé, et où le noir était souverain en apparence. Kali entendait l'orchestre de la nuit en pleine impulsion rythmique. Le regard levé, au moins un sens en éveil, elle contestait sa propre existence.

- Bois.

Il y avait une silhouette. Ou peut-être deux. Non, sûrement trois. Elles étaient rigoureuses dans la posture, puis se fondirent entre elles pour ne représenter qu'une image unitaire. Kali aperçut nettement une main rigide et marquée lui tendre une chope de rhum. Et Kali reconnut immédiatement à qui cette main-là appartenait. À la pression qu'elle dégageait, à cette peau blanchâtre qui portait du rouge, du bleu, du gris, du marron. À la rigidité des ces doigts de fer qui pourrait tordre le cou d'un homme en une et unique prise prise.

- Pourquoi a-t-il fallu mourir pour te voir. La vie est tellement injuste...

- Tu n'es pas morte. Bois.

Lagherta approcha le rhum du buste de Kali. Elle remarquait bien les interrogations naissantes de la jeune tigresse mais jugeait plus importante de la rassasier. Et le rhum était le meilleur remède à l'incompréhension d'après elle.

- Si je ne suis pas morte... Alors comment suis-je arrivée ici? (Kali jeta un bref coup d'œil aux alentours) Tu vis ici, dans ce taudis. (Un rat passa rapidement à côté de l'infirme. Elle voulut bouger sa jambe pour l'atteindre. ) Je ne peux plus bouger mes jambes. Quelle chute pour la grande Kali. Et dire que la très petite reine des Valkryies me fait l'honneur de sa présence. Je ne peux même plus lui faire mordre la poussière.

- Je. T'ai. Dit. De. Boire, répondit la louve en appliquant une légère pression à la gorge de la Nisa et une fois la gorge de celle-ci entièrement ouverte, Lagherta lui fit boire l'intégralité de la chope.

Kali toussa par quatre fois. Elle avait cru mourir.

- Je n'ai pas pris soin de toi pour t'entendre geindre comme une mourante. Je t'aurais cru plus combative, maudite tigresse.

- Et toi moins imbécile, maudite louve.

- À quand remonte tes derniers souvenirs?

- Je.. Je ne sais pas... J'étais dans une grotte... Je combattais la pierre... Ayya est arrivée... Et... Je ne sais plus..

- Regarde l'état de tes jambes.

- Mes jambes...?

Elle obéit et constata la tâche verte maussade qui recouvrait une grande partie de ses pattes.

- Quand Hilda t'avait ramenée, tu avais déjà ces marques mais elles étaient minimes. En une vingtaine de semaines, elles sont devenues plus importantes.

- Tu as dit vingt semaines?... Je suis là depuis vingt semaines? (Elle se frappa le visage) Comment ai-je pu dormir si longtemps? Sérieusement...

Hilda... Elle a bien dit, Hilda?... Cette petite garce... m'aurait sauvée...

Le froid gagna rapidement la tigresse et ses doutes. Ce froid, comme celui de cette fois-là mais moins intense. Elle se revit impuissante, les yeux mi-clos et sentant une masse entrain de trainer son corps dans la neige. Kali n'arrivait pas à distinguer cette silhouette. Elle était si faible que la vue ne suivait plus. Ni l'odorat, ni l'ouïe, ni le goût de sa propre douleur. Elle sentait uniquement qu'on la déplaçait. Et la personne à l'origine de ça, Hilda en apparence, avait du soulever des montagnes et des marées pour gagner Ashfeld, une destination si lointaine.

Kali explosa alors de rire. Lagherta, soucieuse, lui demanda ceci :

- Est-ce une habitude de rigoler quand on souffre?

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⏰ Dernière mise à jour : Dec 22, 2019 ⏰

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